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Judaïsme et franc-maçonnerie ; Histoire d’une fraternité

Luc Nefontaine et Jean-Philippe Schreiber

Les historiens ont depuis longtemps souligné l’ostracisme des loges maçonniques allemandes envers les Juifs. En revanche, les loges anglaises, belges et françaises se firent plus accueillantes. L’apparence est celle d’une guerre de religions : la maçonnerie fut à plusieurs reprises condamnée par la papauté qui y voyait, sous couvert de tolérance religieuse, le cheval de Troie d’un protestantisme libéral. D’autant plus que, chez les enfants de la veuve, le syncrétisme et la confusion guettaient. Le rituel maçonnique empruntait en effet autant aux mythes bibliques qu’aux références chrétiennes. De cette profusion de symboles judéo-chrétiens, Luc Néfontaine et Jean-Philippe Schreiber tirent une spiritualité sur fond de respect des autres et de soi-même, de liberté de conscience, et de tolérance envers… tout ce qui n’est pas catho et dogmatique. Cet ouvrage de la collection « spiritualités » chez Albin-Michel n’aurait guère sa place dans la revue Projet s’il ne laissait transparaître une réalité socio-politique conforme à l’histoire des faits économiques. La franc-maçonnerie moderne, née de la conjonction des Lumières écossaises et de l’impérialisme britannique, a chevauché d’abord l’expansion de l’empire avant de se présenter comme l’aile marchante du libéralisme économique, moral et politique. Bref, ce fut l’avant-garde de la société libérale moderne. C’est donc avec juste raison que les Juifs mis à l’écart de la société civile ont vu dans la maçonnerie le vecteur efficace de leur reconnaissance sociale. D’où le fantasme d’un complot « judéo-maçonnique » bien explicité par les auteurs, dans un contexte de luttes religieuses mieux fait pour illustrer l’histoire des faits sociaux que l’histoire de la spiritualité.

Yann Galenna
4 juin 2012
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