Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

La société du mérite. Idéologie méritocratique et violence néolibérale

Le Bord de l'eau, 2011, 225 p., 20 €

Valeur accordée non pas à la naissance mais aux compétences et aux efforts, le mérite semble inséparable des principes d’égalité et de justice sociale, pleinement cohérent avec l’idéal démocratique et la valorisation moderne du travail, de l’individu et de la raison. Il est devenu un lieu commun. On constate pourtant une augmentation du sentiment d’injustice, voire des réactions de violence. Prenant appui sur le travail d’Hannah Arendt, l’auteur observe que le mérite est devenu une idéologie et qu’il est désormais comme une autre face de l’utilitarisme, aussi ambivalente. Seuls ont véritablement droit de cité les utiles et les méritants. Il n’y a plus d’inconditionnalité, de générosité ou de gratuité; l’esprit du don est totalement perdu. « On n’a rien sans rien » et cela contribue à légitimer une incroyable explosion des inégalités. Le mérite d’aujourd’hui est par ailleurs lié à la notion de maîtrise : il s’agit de « maîtriser sa carrière », sa vie, comme si une valeur objective pouvait s’imposer d’elle-même, sans aléa, sans coopération et sans interdépendance. Le mérite procure alors une fausse reconnaissance par les autres et détourne l’aspiration à la réalisation de soi dans une mise en concurrence universelle des individus. Il confère à la violence néolibérale l’apparence de la légitimité et engendre une société du mépris et de la cruauté indifférente.

Camille Renouard
5 octobre 2011
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules