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La manifestation de soi, éléments d'une critique philosophique de l'utilitarisme

Jacques Dewitte La Découverte, 2010, 298 p., 25 €

Un livre tout à fait étonnant et dont on ne saurait trop recommander la lecture. Il s’inscrit à la fois dans l’horizon de la sociologie et de la philosophie, dans la meilleure tradition du Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales (Mauss) conduit en particulier par Alain Caillé. Deux propositions fondamentales ordonnent la cohérence des dix essais réunis ici. Premièrement : l’être se redouble originairement en paraître, l’être est manifestation de soi ; deuxièmement : qu’il s’agisse des végétaux, des animaux ou des phénomènes sociaux, il ne fallait pas qu’il y ait des tigres, des papillons multicolores ou des Eskimos vivant dans des contrées impossibles, mais il est si heureux qu’il en aille ainsi ! À la fausse sagesse des herméneutiques du soupçon (vous croyez que vous vivez ? que vous aimez ? que vous croyez ? En réalité vous êtes déjà morts car vous ne faites qu’exercer vos pouvoirs mesquins qui d’ailleurs vous astreignent et votre foi s’est laissée piéger par toutes sortes d’illusions) s’oppose ici une herméneutique de la confiance fondée sur une phénoménologie de la gratitude. L’inspiration vient de Merleau-Ponty, du zoologiste suisse Adolf Portmann (1897-1982) et d’une méditation sur l’architecture des villes. Les essais sont très divers mais tous intéressants, décapants, libérants. S’il fallait indiquer une préférence, elle irait à « L’élément ludique de la culture. À propos de Homo ludens de Johan Huizinga », qu’on lit en se promettant qu’on le relira afin de retrouver une pensée forte et une manière de commenter les textes exemplaire.

Alain Cugno
12 décembre 2010
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