Il s’agit certes d’un ouvrage de théologie, au style parfois universitaire, mais particulièrement éclairant et tout en nuances, j’oserais dire tout en tendresse, sur la situation de l’homme dans son rapport avec le mariage. Philippe Bordeyne fait état des tensions intérieures qui traversent l’histoire du mariage, son rapport avec le temps et la société, pour en dénoncer les failles et présenter des ouvertures. Le mariage a pour lui le risque d’être idéalisé, d’être le lieu de toutes les attentes, alors qu’il y a, en son sein, des ombres et des lumières. Comme la sexualité est lieu d’attente, mais aussi parfois de violence et de non-dit. Le sous-titre : « La vocation sociale de l’amour » ouvre des pistes pastorales, souvent peu visitées. En quoi le couple, dans son choix d’un mariage-institution a un rôle fondateur, structurant dans la société ? N’insistons-nous pas trop sur l’accueil d’une démarche individuelle en oubliant d’éveiller à l’enjeu institutionnel de l’alliance d’un homme et d’une femme ? La conclusion prolonge les questions sur la place faite aux célibataires involontaires, aux divorcés et à ceux laissés sur le côté du chemin. Un livre d’une grande densité. L’ampleur des références ouvre d’importantes pistes de recherche.