L’année 2009 a marqué un tournant dans l’affirmation des ambitions mondiales de la Chine : Pékin a clairement signifié, notamment lors du G20 de Londres et du sommet de Copenhague, que son aval était désormais indispensable sur les grands dossiers internationaux. L’ouvrage de Jean-Pierre Cabestan est donc particulièrement bienvenu, car il décrypte avec précision l’évolution de la politique étrangère chinoise depuis Tienanmen et en dégage les principaux ressorts. Le sous-titre résume la tension dialectique qui écartèle le positionnement international de la Chine entre une logique d’intégration et une logique de puissance, d’où d’apparentes contradictions et des revirements dont on ne sait s’ils répondent à des impératifs tactiques ou stratégiques. La clarté du plan offre au lecteur de solides repères dans le temps et dans l’espace : la première partie retrace les grandes étapes de la nouvelle politique étrangère et de sécurité qui a permis à la Chine de sortir de son isolement, la seconde analyse les relations de Pékin avec ses principaux partenaires. L’un des grands mérites du livre est de privilégier les sources chinoises – discours officiels et études de chercheurs chinois –, ce qui n’exclut pas l’éclairage des meilleurs spécialistes étrangers, américains pour la plupart. Au terme de cette exploration très fouillée, reste la question essentielle : la montée en puissance de la Chine représente-t-elle un facteur de stabilisation ou au contraire d’instabilité internationale ? > Pour l’auteur, la question reste ouverte, d’autant que « le gouvernement chinois continue d’avancer en grande partie masqué ».