Au Canada, la « justice réparatrice » repose sur la médiation entre victime et offenseur. Le droit réparateur place la victime au centre de ses préoccupations, il se réfère au préjudice causé plus qu’au délit, fait appel à la responsabilité des personnes dans le cadre d’un « Etat responsabilisant » et vise la réparation, l’annulation des torts. L’auteure, religieuse, victime secondaire de l’assassinat d’une jeune membre de sa communauté, s’est engagée dans ce mouvement. Elle décrit longuement le programme Rencontre Détenus Victimes (RDV), qui repose sur la confrontation entre un petit groupe d’offenseurs et un petit groupe de victimes de crimes identiques. Conduites, sous le sceau de la confidentialité, entre volontaires qui ont déjà pris un peu conscience de leurs actes ou de leurs blessures, ces rencontres permettent de mieux se comprendre, de redonner aux personnes leur dignité humaine. Ce livre très fort leur donne largement la parole. Remarquons cependant qu’un tel programme s’adosse à une justice traditionnelle et il est difficile de savoir à quel point il pourrait s’y substituer. C’est pourtant l’objectif de certains, dans le cadre d’une déjudiciarisation ou de mesures alternatives à l’incarcération. Les enjeux et les difficultés ressemblent en un sens à ceux des Commissions Vérité Réconciliation pour des crimes politiques.