La fin de la guerre froide laissait espérer que les relations internationales pourraient être davantage guidées par l’autorité de la loi et les pratiques de la démocratie. C’est dans ce contexte nouveau qu’un groupe de chercheurs a développé le principe de la « démocratie cosmopolitique » dont un des pères intellectuels est Emmanuel Kant. L’auteur de ce petit livre est membre d’un collectif d’intellectuels soucieux de réfléchir à une démocratisation du système mondial. Il note que la progression ne peut se faire qu’à petits pas. Les objections à ce projet viennent aussi bien d’économistes libéraux, de marxistes, de souverainistes… Une nouvelle conscience et une société civile mondiale grandissent cependant, le nombre de démocraties progresse, l’Union européenne se présente comme une avant-garde précieuse, de nouvelles régulations mondiales ont été mises en place par des organismes spécialisés, comme l’OMC. Mais les démocraties jettent parfois aux orties les valeurs qu’elles affichent à l’intérieur lorsqu’elles réagissent en politique extérieure. (cf. les États-Unis et le Royaume-Uni au moment de la guerre d’Irak). Quand des forces nouvelles comme le terrorisme s’infiltrent dans les sanctuaires nationaux, les États autoritaires s’arc-boutent sur la défense de leurs intérêts propres. Ce livre plaide pour la mondialisation de la démocratie et énumère les obstacles qui entravent ce processus aux cinq niveaux de gouvernance (local, étatique, interétatique, régional et mondial) Le projet d’une démocratie cosmopolitique voudrait, selon l’auteur, faire passer la politique internationale du domaine de l’ « antagonisme » à celui de l’ « agonique ». Il faudra de la douleur, du temps et des opportunités pour y parvenir. La conception d’un « monde commun » ne peut échapper pour toujours à la pensée politique. Le plus difficile reste de faire advenir « un sens des responsabilités qui exige non seulement l’action des citoyens du monde, mais aussi pour le monde ».