Le mythe de la sécurité pour tous, pour aujourd’hui et pour les générations futures, a engendré l’idée de « développement durable », idée thématisée dans le rapport Brundtland en 1989 et mis en scène lors du sommet de Rio en 1992. Le flou de la notion et les contradictions qu’elle renferme sont désormais patents ; d’où l’idée d’un « après développement durable ». Une armée d’universitaires et de chercheurs de divers pays d’Europe (France, Pologne, Grèce) et des Amériques (Canada et Brésil) présentent ici leurs travaux sur ce qui se vit en matière de rapport au monde ouvert sur l’avenir. Sont visités des sites de moyenne montagne, des forêts, des paysages, des parcs nationaux, des friches pétrolières, des îles menacées par le changement climatique, des villes ruinées par les ouragans, des productions artisanales protégées par des labels, des jardins familiaux, des logiques urbaines, des parcs d’activités, des pollutions urbaines, des zones touristiques, sans parler de sujets plus spécifiques comme les réticences aux implantations d’éoliennes ou les champignons entomopathogènes qui recèlent peut-être l’une des clefs naturelles de la résistance humaine à la dégradation de l’environnement écologique. Le lecteur ne trouvera dans cet ouvrage aucune des grandes et belles synthèses qui faisaient jadis la gloire de l’idéologie universitaire ; il y découvrira en revanche des études ciblées, suggestives car judicieusement choisies par le Comité édito rial, et qui fournissent de quoi nourrir la ré flexion sur les contradictions politiques d’un rêve de qualité totale, technique, écologique et sociale, reflet lointain du programme des Lumières qui voulait croire à la fin de l’Histoire – si tant est que « les peuples heureux n’aient pas d’Histoire », ce qui est douteux.