Voici un livre écrit du point de vue des parents connaissant la grande pauvreté et qui sont l’objet d’une intervention publique quand la société juge leurs enfants en danger. Ils ont bien du mal habituellement à se faire comprendre, à défendre leur droit de vivre en famille. A partir d’une longue expérience au sein du mouvement ATD Quart Monde, en relation aussi bien avec des familles marquées par des mesures de placement ou d’assistance éducative qu’avec des professionnels (juges et travailleurs sociaux), l’auteur fait écho à un nombre impressionnant de situations plus ou moins conflictuelles et présente les lectures qu’en font les protagonistes. L’enjeu est précisément de parvenir à « réussir la protection de l’enfance », et d’abord de créer ou de rétablir une confiance mutuelle entre familles et intervenants : en améliorant la connaissance de leurs potentialités respectives, en réfléchissant ensemble à la meilleure façon de faire face aux difficultés rencontrées et de répondre aux besoins de l’enfant. « Comment faire pour que les mesures prises rejoignent les aspirations des enfants à grandir dans leur famille et les aspirations des parents à leur assurer un avenir? Comment respecter les liens fondamentaux qui unissent enfants et parents sans rester dans un statu quo qui accroît les précarités morales, matérielles, affectives ? » (p. 140). La seconde partie de l’ouvrage envisage des perspectives innovantes, susceptibles de répondre positivement à ces interrogations. Plusieurs initiatives pionnières les illustrent. Il est vraiment possible de s’y prendre autrement, pour peu que se conjuguent une connaissance et une compréhension des réalités vécues par les parents et le parti pris de soutenir la réalisation de leurs projets familiaux. Le message de l’ouvrage est clair : le respect de « l’intérêt » de l’enfant passe par la prise en compte du devenir et de la promotion de son groupe familial.