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Le goût de l’avenir

Jean-Claude Guillebaud Seuil, 2003, 366 p., 21,50 €

Nous sommes en train de vivre, estime Jean-Claude Guillebaud, une rupture historique et anthropologique d’une profondeur vertigineuse signifiée par les révolutions économique, numérique et génétique contemporaines. Or nous n’avons pas vraiment pris conscience de cette rupture. La plupart de nos analyses, de nos discours et de nos querelles se réfèrent à un passé révolu. C’est pourquoi nous sommes inquiets, nous sentant de moins en moins capables d’agir sur le cours des choses. Au plus profond de ce malaise, il y a un aveuglement au mal, dont le déchaînement fait peur et qu’on attribue aux autres sans se remettre soi-même en question. Face aux défis qui nous assaillent, la tentation est grande de nous laisser aller. L’auteur propose de les regarder en face et d’examiner les six oppositions sur lesquels lui paraît buter le désarroi contemporain : entre limite et transgression, entre autonomie et lien, entre transparence et intériorité, entre innocence et culpabilité, entre corps et esprit, entre savoir et croyance. En s’essayant à trouver un passage entre ces oppositions, on s’apercevra qu’il s’agit de contradictions fondatrices qu’il faut donc traiter comme telles. Contre la prétendue “fin de l’histoire” et contre la soumission désenchantée aux processus techno-scientifiques et financiers, il faut reconstruire notre rapport au temps, repenser le présent en y introduisant l’avenir. Il s’agit en somme de mettre en pratique le principe espérance, formulé par Ernst Bloch et dont la source première est dans la révélation judéo-chrétienne. Il s’agit de retrouver un goût de l’avenir qui nous engage.

Jean Weydert
6 décembre 2003
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