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Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi. Entretiens sur la construction de l’individu moderne

Robert Castel et Claudine Haroche

Ce dialogue a pour objet une réflexion sur ce qui permet à l’individu moderne de se déterminer lui-même, d’accéder à l’autonomie de la volonté. Contrairement aux libéraux, pour qui il suffit de supprimer les contraintes extérieures, Robert Castel et Claudine Haroche s’appliquent à montrer que l’individu a besoin de supports. Ceux-ci ont changé au cours de l’histoire. Au début du xixe siècle, il fallait être propriétaire de biens pour être vraiment propriétaire de soi. Ceux qui n’avaient rien n’étaient rien. Peu à peu cependant s’est constitué ce que Robert Castel appelle une « propriété sociale » faite de garanties et de droits beaucoup plus largement distribués. C’est ce qui a permis à la majorité des salariés de devenir individus et citoyens à part entière. Mais aujourd’hui, dans une société de plus en plus mobile, ces supports s’affaiblissent et perdent de leur efficacité. C’est de lui-même que l’individu doit tirer ses ressources pour faire face à la mobilité. Celui qui y parvient est un « individu par excès », fort de sa réussite, indifférent à la société, mais pas nécessairement heureux, car guetté par la « fatigue de soi ». Celui qui n’y parvient pas connaît le triste sort de l’« individu par défaut » condamné à l’exclusion. La nécessité de nouveaux supports est ainsi mise en lumière. Mais quels peuvent-ils être ? Robert Castell déplore l’affaiblissement des supports anciens, mais ne pousse pas assez loin la recherche de ce que pourraient être les nouveaux, à l’âge de la mobilité.

Jean Weydert
4 juillet 2001
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