Le rédacteur en chef du Monde diplomatique et le philosophe musulman Tariq Ramadan répondent ici aux questions que leur pose une journaliste spécialiste du Moyen-Orient. Entre Alain Gresh, Français né en Egypte et Tariq Ramadan, Egyptien d’origine, né en Suisse et petit fils du fondateur des Frères musulmans, un débat animé s’instaure. Leurs points de vue se rapprochent quand ils parlent du conflit israélo-palestinien, du rôle des Etats-Unis, de la mondialisation. Ce qui les sépare apparaît quand ils évoquent le rôle de Nasser (chef de file du tiers mondisme pour l’un, allié objectif de l’occident pour l’autre) ou leur conception des rapports entre religion et modernité. Tariq Ramadan veut manifestement donner l’image d’un islam sûr de lui-même, critique à l’égard de la modernité occidentale, mais capable de trouver sa place dans la société européenne. Il estime, par exemple, qu’il n’y a pas de contradiction entre la logique des droits donnés à l’individu et la lecture de l’islam qui insiste sur ses responsabilités et ses devoirs. Et il souhaite une action commune contre l’injustice et contre l’exclusion, où qu’elles se produisent.