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Dossier : Qui décide de ce qui compte ?

Bhoutan : c’est quand le bonheur ?

©Michael Foley/Flickr
©Michael Foley/Flickr
Pour résister au modèle économique occidental, le Bhoutan a inventé le « bonheur national brut » (BNB). Mais peut-on mesurer le bonheur ? Le roi peut-il en décider seul ? Que change concrètement cet indicateur ? Pourquoi est-il à la mode ? A-t-il vocation à remplacer le Pib (produit intérieur brut) ? Entre les promoteurs thaïlandais du BNB et le philosophe Patrick Viveret, le débat est vif.

Qu’est-ce que le « bonheur national brut » ?

Hans et Wallapa van Willenswaard – Le bonheur national brut [BNB, Gross National Happiness en anglais] est un indicateur né au Bhoutan. Ce pays, situé au nord de l’Inde et au sud du Tibet, grand comme la Suisse, compte moins d’un million d’âmes. L’expression est bien sûr un pied-de-nez au produit intérieur brut (Pib). On a traduit par « bonheur », mais « bien-être » serait peut-être plus juste. L’idée s’inscrit dans le prolongement des analyses d’Ernst F. Schumacher1 et du Club de Rome. Elle fut formulée par le roi du Bhoutan en 1972, en réponse aux pressions des agences de développement visant à l’ouverture économique du pays. Mais c’est seulement en 1998 que l’actuel Premier ministre, Jigmi Y. Thinley, a donné un contenu au BNB, autour de quatre piliers : la protection de l’environnement (de nombreux parcs nationaux visent à protéger l’écosystème, mais sans chasser leurs habitants), la promotion culturelle (participation aux décisions, spiritualité, force du sentiment d’identité…), la bonne gouvernance (sécurité sociale, lutte contre la corruption…) et le développement économique équitable. Depuis, l’indicateur s’est enrichi (voir encadré). Le BNB est surtout une façon d’attirer l’attention des responsables politiques sur certaines questions : l’égalité hommes-femmes, l’exode rural, les inégalités régionales…

41 % des Bhoutanais seraient « heureux »
L’indicateur du « bonheur national brut » est construit à partir d’enquêtes de terrain réalisées sur des échantillons représentatifs de la population des différentes régions du Bhoutan. Le bonheur y est envisagé à la fois dans sa dimension collective et personnelle. Le but est de créer les conditions d’un bien-être national, en améliorant la situation des moins bien lotis. Ces derniers, selon l’indicateur, ont dans les régions rurales de faibles niveaux d’éducation, de confort et de temps libre. En ville, ce sont le bien-être psychologique, culturel, ou encore la « vitalité » qui font défaut. Neuf critères (bien-être psychologique, utilisation et équilibre du temps, vitalité communautaire, diversité culturelle, résilience écologique, niveau de vie, santé, éducation, bonne gouvernance) décomposés en multiples variables sont pris en compte, car le bien-être n’est pas considéré comme uniforme. Les variables les plus objectives pèsent davantage. Pour chacun des critères, un seuil est défini. En 2010, 41 % de la population est considérée comme « heureuse », car elle a dépassé le seuil de bonheur pour six critères sur neuf. Les « malheureux » sont moins de 11 % : ils n’atteignent pas ce seuil dans la moitié des critères. Le BNB est l’objet de critiques tenant notamment à la mainmise de l’ethnie Bhotia sur le pouvoir, qui s’est traduite par l’exil forcé de plus de 80 000 Lhotsampa, d’origine népalaise, dans les années 1990.

Le bonheur national brut additionne-t-il les bonheurs individuels ?

H. et W. van Willenswaard – Au contraire, il situe le bonheur sur un plan collectif. C’est pourquoi le processus démocratique, en tant que liant social, est décisif. Dans le bouddhisme, l’ego est une notion problématique. On ne peut pas parler du bonheur d’un individu isolé. En réalité, l’être en tant qu’individu est l’expression du collectif.

P. Viveret – On voit ici que le BNB n’est pas un modèle universalisable. Cette conception holiste n’est pas partagée par l’ensemble de la planète. Penser un individu lié, passer de l’ego à la conscience, de l’individualisme à l’individuation2, est un travail d’émancipation complexe pour nos sociétés.

H. et W. van Willenswaard – La formule « expression du collectif » n’est peut-être pas bien choisie parce qu’on tend à l’associer à une conscience tribale où à un régime politique qui ne laisse pas d’espace à l’individu. La notion bouddhiste est plutôt celle d’« inter-dépendance » ou, comme le dit le moine Thich Nhat Hanh, « interbeing ». L’Est et l’Ouest peuvent trouver un terrain d’entente à propos de l’individuation. La quête ultime nous guide vers le moi comme intermédiaire entre le grand tout cosmique et l’étincelle divine intérieure ou, dans le bouddhisme, la vacuité. Les principes du BNB ne prétendent pas influencer directement le bonheur individuel, mais poussent à lui créer des conditions collectives propices.

Peut-on mesurer le bonheur ?

Patrick Viveret – Je ne pense pas. Plus on va vers l’essentiel, moins l’essentiel est quantifiable. Des faisceaux de présomption peuvent certes permettre de tendre vers une probabilité de bonheur (ou de malheur). Mais la quantification doit être au service de la qualification, et non l’inverse. Aussi bien, l’adoption d’un indicateur est directement liée au processus démocratique et à la délibération sur des choix et des valeurs. Notre société croit que lorsqu’elle produit des chiffres, monétaires en particulier, elle est dans le réel, alors que ces chiffres en sont déconnectés. Nos systèmes comptables ne s’intéressent plus à la nature des bénéfices au sens premier du terme : les activités bénéfiques, les bienfaits. Ils se concentrent sur la distinction entre flux monétaires positifs et négatifs, masquant ainsi des données fondamentales, puisque des activités nuisibles peuvent générer des flux monétaires positifs et des activités bénéfiques être invisibles dans les comptabilités monétaires. Cette déconnexion du réel tient aussi au poids de la sphère spéculative dans l’économie. Selon Bernard Lietaer, l’un des anciens responsables de la Banque centrale de Belgique, seules 3% des transactions quotidiennes sont liées à des activités réelles. Le reste est de la spéculation. Finalement, la culture de la mesure mène à la démesure.

H. et W. van Willenswaard – Il serait certes vain de tenter de mesurer l’essentiel. Mais les indicateurs sont comme le doigt qui montre la lune : ils indiquent une direction, une ligne à suivre. Il ne faut pas les confondre avec l’objectif lui-même. Le Pib est un indicateur important, mais clairement incomplet. Le BNB permet de combler en partie ce manque, mais il ne peut mesurer non plus l’essentiel.

P. Viveret – Si je reprends votre métaphore du doigt et de la lune, je vous rejoins sur ce point essentiel : le chiffrage est un outil au service de la façon dont on appréhende le réel. Mais il peut y avoir plusieurs doigts qui pointent vers la lune, depuis des endroits différents. D’où la nécessité d’une délibération démocratique afin de choisir quel doigt suivre. Sans délibération démocratique, nous courons le risque qu’un technocrate décide de l’indicateur à adopter. Nous avons ainsi deux opérations à effectuer : organiser un audit des richesses réelles et entrer dans une phase délibérative sur la valeur réelle des transactions.

Vous insistez sur l’approche délibérative pour définir la valeur des choses. Or le Bhoutan est une monarchie. Est-ce au roi de décider de ce qui fait le bonheur ?

P. Viveret – L’initiative du Bhoutan est intéressante dans le cadre de la déconstruction de la représentation dominante de la mesure de la richesse, c’est-à-dire le Pib. Mais à l’idée de bonheur, je préfère celle du bien-vivre, telle que formulée par le Forum social mondial de Belem. En tout cas, ce sont des notions collectives et toutes les voies pour les installer dans le débat public sont bonnes. D’autres initiatives sont à suivre de près, comme celle du « produit intérieur doux », un concept né des mouvements sociaux et défendu par le Collectif pour un Québec sans pauvreté, qui parvient à éviter le travers d’une imposition verticale.

Juger que la démocratie est inapte à traiter les problèmes du XXIe siècle est aujourd’hui une tendance lourde, portée par le nouveau capitalisme dominé par une sphère financière ultra spéculative. Pour répondre aux nouveaux défis, il faut envisager le long-terme, alors que les marchés financiers et le capitalisme actionnarial ne réfléchissent que dans le court-terme. Ce courant du nouveau capitalisme, alimenté par les néoconservateurs (Samuel Huntington, Thomas Friedman) est fasciné par le modèle économique et politique chinois. Je ne doute pas de la sincérité des penseurs bhoutanais, mais leur oubli de la démocratie me laisse dubitatif.

H. et W. van Willenswaard – La monarchie est devenue une monarchie constitutionnelle en 2008. Les premières élections démocratiques ont alors eu lieu au Bhoutan. Depuis, le pays a connu un vent de réforme. Le bouddhisme est la religion officielle, mais la liberté de culte est complète. Dans les médias, il n’y a plus de censure. Là où il n’y avait qu’un journal d’État paraissent à présent sept ou huit journaux libres. En outre, avant que le BNB ne soit présenté pour la première fois au plan international par le Bhoutan, lors du Sommet du Millénaire Asie-Pacifique de 1998, le roi et l’actuel Premier ministre ont mené des discussions régulières, dans de nombreux villages, afin d’écouter les doléances des habitants et entendre ce qui était essentiel à leurs yeux. Après ces consultations populaires, le gouvernement a mis en place une assemblée pour institutionnaliser le processus délibératif qui a abouti au BNB dans sa forme actuelle. On peut critiquer la verticalité du processus, mais, au Bhoutan, les ONG sont très peu nombreuses, car l’équilibre des pouvoirs s’opère entre autorités civiles et religieuses. Et le système démocratique formel aussi a des limites. La relative centralisation politique a servi à protéger le pays de la mondialisation, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, d’un style de vie uniformisé. Pendant des siècles, le Bhoutan a dû défendre son indépendance contre ses grands frères, l’Inde et la Chine.

Quelle incidence concrète le BNB a-t-il sur la population ? Permet-il une meilleure prise en compte de la question écologique ?

H. et W. van Willenswaard – Il faut faire la distinction entre l’indice BNB et la démarche qui le fonde. Il est prématuré de dresser un bilan de l’indicateur, récent et difficile à évaluer. La mesure du changement demande des dizaines d’années. Des études ont lieu tous les deux ou trois ans auprès d’un panel représentatif constitué par le bureau des statistiques. La première étude, en 2008, ne couvrait que 700 personnes, celle de 2011 en a touché 7 000. Ces enquêtes sont longues : les enquêteurs, employés par une agence indépendante, se rendent dans des régions très isolées et les entretiens durent parfois plus d’une journée.

Même si la pauvreté diminue, elle reste endémique. Mais quelques avancées sont liées au BNB. La mesure des besoins des populations a mis en évidence des différences structurelles entre monde rural et monde urbain qui, couplées à l’exode rural, ont conduit le gouvernement à entreprendre des politiques de modernisation de la société. Or celles-ci ont des conséquences fâcheuses sur le mode de vie traditionnel. En 2010, 92,9 % de la population vivait de l’agriculture3 : la plus forte proportion au monde ! Au Bhoutan, les agriculteurs ne se sentent pas pauvres : ils ont de grandes maisons et peuvent vivre dignement. Mais ils se heurtent à de nouveaux défis. Les produits chimiques permettent une meilleure rentabilité agricole, mais ils ont des répercussions écologiques désastreuses. Aujourd’hui, l’Indienne Vandana Shiva4 aide le gouvernement du Bhoutan à opérer la transition agricole vers le 100 % biologique.

À la lumière du BNB, le gouvernement a aussi choisi de ne pas développer l’industrie minière et de ne pas adhérer à l’Organisation mondiale du commerce. Il a décidé de limiter la possession de terres à 100 m2, afin de réduire les risques de concentration foncière et de redistribuer des terres pour compenser les inégalités. L’accès à l’éducation et le droit à la santé constituent une autre réforme phare : désormais, l’ensemble de la population a accès gratuitement aux hôpitaux et à l’école publique. Pour autant, l’examen du BNB a mis en évidence que le modèle d’enseignement, calqué sur celui du voisin indien – donc sur le modèle anglais – aboutissait à ce que l’histoire locale soit négligée au profit de l’histoire internationale. Une nouvelle fois, modernité et tradition s’entrechoquent.

Quant aux questions écologiques, le parlement y est particulièrement vigilant. Il a fait de la défense des bois précieux l’un de ses chevaux de bataille. De nombreuses zones ont été protégées en octroyant des permis de construire aux seuls citoyens bhoutanais et uniquement pour de l’habitat. Une vision à court-terme se serait traduite par l’exploitation du bois en montagne, mais le souci de l’avenir et de la biodiversité l’a emporté.

Le BNB est-il exportable, étant donnée la spécificité de l’économie du Bhoutan, qui repose entre autres sur le tourisme haut de gamme ?

H. et W. van Willenswaard – Le BNB n’est pas applicable tel quel ailleurs, compte tenu de la culture et de la structure sociale du Bhoutan. Mais le tourisme n’a pas un poids si considérable dans l’économie du pays, par rapport à la Thaïlande par exemple. Et il est très contrôlé, avec des guides qui orientent les visites vers le tourisme vert ou le tourisme culturel. Moins de 30 000 touristes se sont rendus au Bhoutan en 2010, mais il est vrai que ces chiffres augmentent très vite5.

L’énergie hydroélectrique représente une part beaucoup plus importante de l’économie du pays. Pendant des années, le Bhoutan a reçu, à contre-cœur, de l’aide extérieure, notamment de l’Inde et de la Banque mondiale. Pour s’émanciper de la tutelle financière internationale, le gouvernement s’est tourné vers la production d’électricité, vendue aux pays limitrophes, en minimisant les dommages sociaux et environnementaux. D’une certaine manière, l’hydroélectricité représente une voie médiane entre le capitalisme globalisé et une économie alternative. Grâce à cet argent, les pouvoirs publics peuvent construire un système concurrent, avec le BNB pour emblème. Le changement de paradigme passe largement par une refonte de la structure des entreprises et du modèle d’activité économique.

Pour le Bhoutan, le BNB est aussi une manière de trouver sa place sur la scène internationale, en contrepoids aux géants asiatiques, convertis à un capitalisme débridé. En Thaïlande, nous avons tenté de faciliter un dialogue, sur un pied d’égalité, avec le secteur commercial et la société civile. Le gouvernement thaïlandais a paru intéressé, mais il s’estime contraint de poursuivre une croissance effrénée pour rembourser la dette.

Pourquoi cette volonté de faire école au plan international ?

H. et W. van Willenswaard – Le BNB, conçu pour le Bhoutan, un pays qui était fermé et dont la forêt occupe l’essentiel du territoire, n’est pas transposable en l’état. Et les dirigeants se concentrent sur sa mise en œuvre dans leur pays. Mais depuis quelques années, ils ont clairement fait le choix de partager leur expérience pour construire une alternative à un niveau global, en dialogue avec d’autres mouvements, comme les initiateurs du « produit intérieur doux ». Le dialogue interculturel, que Patrick Viveret appelle de ses vœux, est au centre des conférences internationales sur le BNB, qui ont rassemblé des musulmans, des sages karens, des prêtres catholiques. Les débats et les critiques ont d’ailleurs porté sur la manière de mettre en place ce dispositif plus que sur le concept en lui-même. Car il est beaucoup plus compliqué de proposer un indicateur alternatif dans des pays peuplés. Il existe aussi une question d’adéquation culturelle. Dans les pays du Nord, l’économie est fondée sur la consommation. Dès lors, comment parvenir à un mode de vie viable ? Pour qu’un mode de vie plus simple s’impose, les paradigmes doivent changer : nous aurons besoin de périodes de transition, de marchés de transition, de villes en transition…

Il ne s’agit pas, pour le Bhoutan, de promouvoir le BNB comme norme internationale, mais d’aboutir à la création d’une plateforme mondiale de discussion sous l’égide de l’Onu. Aucun pays ou groupe ne peut le faire seul. Depuis 1944 et les accords de Bretton Woods, le Pib est devenu la norme. On en connaît les limites, mais au plan international, aucun lieu n’existe pour en débattre. Heureusement, la préoccupation gagne du terrain6. De là à espérer, après le consensus de Washington, un consensus de l’Himalaya ?

P. Viveret – À mes yeux, certains acteurs tentent d’instrumentaliser la démarche du Bhoutan et de l’imposer. C’est parce qu’il est issu du despotisme éclairé que le BNB rencontre un tel écho auprès de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], de la Banque mondiale et dans les conférences de l’Onu. Dans la logique des grandes organisations internationales, le capitalisme est le seul système économique viable et il n’est pas adapté à la démocratie. Beaucoup font l’apologie du modèle chinois. L’OCDE et d’autres organisations internationales non démocratiques ont choisi des indicateurs où le critère démocratique n’est qu’un faire-valoir. Les multinationales elles aussi s’intéressent au BNB, dans l’unique but de se donner une image éthique. De surcroît, le BNB permet de faire remonter la partie culturelle et environnementale, sans vraiment bouleverser la partie économique et en laissant de côté la question des inégalités.

H. et W. van Willenswaard – La critique est bienvenue, mais elle est excessive. Le mouvement du BNB n’est pas homogène : le débat est ouvert aux différents points de vue, dans le but, justement, d’accoucher d’une nouvelle vision de l’économie. La question des inégalités est prise en compte dans le BNB : une réflexion est entamée au plan international afin de comparer le BNB à d’autres indicateurs et d’aboutir à une solution convenable.

Tout ce qui participe d’un dialogue de civilisation, ouvert et exigeant, autour du bien-vivre, du bonheur, d’indicateurs alternatifs au Pib, nous paraît très positif mais doit se traduire en une vraie transformation. Il s’agit de faire se rencontrer les traditions et la modernité, afin de garder le meilleur de chacun (le lien avec la nature et le lien social d’un côté, la liberté de conscience de l’autre). Défendre le droit des femmes, par exemple, ne revient pas à défendre toutes les facettes de la modernité.

Ces processus sont un premier pas vers un débat démocratique mondial. Pour éviter que le dialogue ne devienne dogmatique ou qu’il ne soit récupéré, les questions démocratiques doivent demeurer centrales. Il faut lier la dimension économique à celle de la justice sociale. En adoptant cette posture de vigilance, nous pouvons critiquer le modèle dominant et éviter que les nouveaux indicateurs internationaux promus par certaines institutions ne fassent l’apologie du « capitalisme d’État » à la chinoise, ou celle du capitalisme libéral défendu par les États occidentaux.

Propos recueillis par Jean Merckaert à Lyon le 7 juillet 2012



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1 Small is Beautiful. Une société à la mesure de l’homme (D. et W. Day et M.-C. Florentin, trad.), Contretemps/Le Seuil, 1978 [version anglaise : 1973].

2 Édouard Glissant, poète et essayiste français, utilise dans ses écrits sur la créolisation la notion d’individuation, qui correspond au processus de réalisation de l’individu en tant qu’homme, de prise de conscience de son individualité profonde. En ce sens, É. Glissant reprend les définitions de Carl Jung et Gilbert Simondon qui ont été les premiers à théoriser ce concept, d’abord en psychologie puis en philosophie.

3 Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2010-11 », FAO.

4 Militante écologiste, physicienne et écrivaine, Vandana Shiva a reçu le Prix nobel alternatif en 1993.

5 Le Bureau national de la statistique du Bhoutan recense plus de 64 000 visiteurs pour l’année 2011, contre 27 000 en 2010, NDLR.

6 Interpellé durant la campagne par le Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR), François Hollande a ainsi souligné que les indicateurs n’étaient pas neutres et qu’il était nécessaire de les repenser.


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