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Dossier : Monde cherche citoyens

La cité grecque et le monde

© Athens mix / fdecomite/Flickr
© Athens mix / fdecomite/Flickr
Il y a plus de 3000 ans, l’Agora grecque résonnait déjà des débats entre les citoyens, posant les jalons de notre culture politique, mesurant combien la citoyenneté est exigeante. Et combien une démocratie ouverte sur le monde est fragile...

« Homme, tu es citoyen de cette grande cité [le monde]. » Marc Aurèle, Pensées, IV, 23 et XII, 36

Interroger les liens de compatibilité des notions de citoyenneté et de mondialisation1 convoque nécessairement au tribunal de l’Histoire. En particulier celui de l’histoire grecque antique, terre d’élection de la citoyenneté athénienne au VIe siècle avant notre ère, sous la forme de l’isonomie : l’égalité de tous les citoyens devant la loi et leur égale participation aux affaires publiques ; puis de la démocratie comme souveraineté du peuple, du corps des citoyens s’auto légiférant2. Une histoire lointaine et proche à la fois, qui joue le rôle d’un legs de transmission vivante, source d’initiation à la culture politique moderne de l’Occident.

Actes de naissance

Le Grec de Sparte ou d’Athènes, fier d’appartenir au peuple hellène, peu à peu hissé au statut de citoyen doté de droits et de devoirs envers l’État, devient l’artisan à part entière de son développement politique, juridique, éthique, religieux, militaire, dans le cadre étroit et spatialement borné de la cité. Jouissant d’un droit souverain, le citoyen décide de la vie intérieure et extérieure de sa patrie – régime constitutionnel, armée, marine, finances, traités et alliances, paix et guerre, etc. – soit directement à l’Assemblée et aux tribunaux, soit indirectement par le Conseil3 et les magistrats qu’il a élus. Il se découvre partie prenante d’un corps dont il est l’un des membres interchangeables et à qui, pour toutes les affaires de la cité, il est très étroitement lié politiquement, religieusement et moralement. Le statut engendre un exercice actif, dont le nouvel élu est comptable auprès de ses pairs – ce que tous ne sont certes pas.

Le nombre de purs citoyens ne dépasse pas quelques dizaines de milliers. Dans l’idéal grec classique, le citoyen se définit par le service rendu à la cité et à ses dieux. Il ne s’appartient pas à lui-même, voué par essence à la chose publique et aux responsabilités qu’elle implique. Il n’a pas d’initiative individuelle et peut être sévèrement blâmé lorsqu’il dépasse ses prérogatives. Ainsi, les honneurs de la guerre ne lui sont pas rendus4 lors de faits d’armes, même éclatants de courage, si ces actes sont initiés par lui seul. Le citoyen n’est pas un individu. Il doit, avant tout, obéissance au cadre légal et social. Sans doute faut-il réserver à « individu » la seule acception biologique : la propriété de son corps indivisible5.

À chacun selon son mérite

Les « non citoyens » de l’Antiquité – femmes, esclaves, métèques6 – sont exclus des droits nouvellement conquis sur une monarchie de facture plus ou moins tyrannique. Le dedans et le dehors se dessinent selon les lois de l’harmonie et de la relation d’ordre, hiérarchique, par essence. L’ordre civique de la jeune démocratie naissante, d’inspiration aristocratique – l’aristeia désigne avant tout l’excellence morale – obéit aux lois de la proportion, fondée sur le mérite de la naissance ou de la vertu : il s’agit d’une égalité géométrique. À l’heure des fondations, au VIe avant notre ère, elle est l’exact contraire de l’égalité arithmétique, perçue comme une forme de nivellement par le bas.

Le peuple est fatigué d’innover au plan des institutions et préfère la loi du faire ce qui plaît, au gré d’un plaisir sans entrave.

Deux siècles plus tard, l’égalité de nivellement a supplanté la première, la démocratie est en déclin. Les « à chacun ses besoins » ou « à chacun son plaisir ou son désir » ont remplacé le « à chacun son mérite ». Plus personne ne veut gouverner, ni être gouverné et chacun souhaite faire ce que bon lui semble. Le peuple est fatigué d’innover au plan des institutions et préfère la loi du faire ce qui plaît, au gré d’un plaisir sans entrave. La guerre fratricide d’Athènes contre Sparte a laissé celle-ci exsangue en -404. L’inversion des valeurs, le refus délibéré des hiérarchies et la démystification progressive des dieux de l’Attique [la région qui entoure Athènes, NDLR] entraîneront peu à peu la fin d’un âge marqué par la conquête de la citoyenneté. On aspirera de nouveau au règne d’un seul, roi ou tyran. Par lâcheté et paresse. Une décadence que Platon décrit avec beaucoup d’acuité et dont on revisite aujourd’hui toute l’actualité.

Naissance de l’individu

Petit à petit, les Empires macédonien puis romain vont dessiner autrement la figure du monde grec, engendrer d’autres interrogations, forger des « mutants7 » – les individus – et bouleverser les cadres mentaux autant que les cadres sociaux. L’identité citoyenne ne peut pas ne pas se transformer, voire se dissoudre, lorsque les limites géopolitiques explosent et l’élèvent à la dimension cosmopolitique. Comme si la singularité politique et éthique de tel ou tel lieu géographique rencontrait la voracité d’un gigantisme qui la met soudain en pièces, ou la limite au mieux à une existence réduite, de cité vassale, ou d’un simple relais administratif. Comment l’homme peut-il encore se sentir citoyen, et citoyen de qui ou de quoi, dans ce nouvel espace, global et non local ?

Le citoyen du monde l’est devenu uniquement parce que le cadre civique s’est vu devenir lointain, inexistant, étranger aux nouvelles expansions territoriales. L’Hellène et le Barbare – le civilisé et le non-civilisé - ne se distinguent même plus. L’Athénien est aussi bien chez lui à Antioche, Alexandrie ou Pergame. L’espace civique ne connaît plus de bornes. Tout se mélange : les territoires, les hommes, les dieux, les cultures, les langues et les conditions. L’homme fort est divinisé. Les rois, les empereurs sont honorés comme des divinités, des sauveurs (Sôtères), des bienfaiteurs (Evergetai), des dieux visibles (Epiphanéis). Universels, indépendants de tout cadre civique, ils ont un avantage par rapport aux vieilles divinités : ils ne sont pas usés. Séduction et fantasmes pérennes de la nouveauté !

Il est vrai que même dans le strict cadre de la cité, à l’âge classique, la notion de citoyenneté avait connu des aléas, des modifications de sens et de réalité. Parfois combinés, le droit du sang – la stricte loi de la filiation biologique – et le droit du sol – la résidence pendant dix années, par exemple, sous Clisthène8 – en marquaient les composants essentiels. Lors du passage à l’État-monde contemporain de la monarchie macédonienne, et plus particulièrement celle d’Alexandre au IVe siècle avant J.-C., deux types d’homme coexistent. Le « citoyen du monde » prône la fusion avec le grand Tout cosmique. « L’individu » semble perdu et désorienté dans cette extension soudaine de l’espace politique, ouvert à l’immensité d’autres continents – l’Afrique, l’Asie, l’Inde - et confronté à des angoisses ou des divinités nouvelles, sans commune mesure avec la cité d’autrefois.

L’agonie de la démocratie

L’ère hellénistique s’ouvre à la mort d’Alexandre (-323) et se ferme à la fin du paganisme au IIe siècle après Jésus-Christ9. Dès la victoire de Philippe de Macédoine à Chéronée en -338, cette longue période est marquée par la perte d’indépendance, la destruction progressive de la cité et, bien sûr, d’un type de citoyenneté. Placées sous la tutelle d’un fonctionnaire macédonien qui contrôle les séances de l’Assemblée, les cités se désintéressent peu à peu de la politique, sentant qu’elle leur échappe. La démocratie, pourtant encore jeune – deux siècles à peine – est fatiguée, presque moribonde.

Car être citoyen implique des exigences que les hommes peinent à honorer, refusant même de s’y soumettre. Une préséance sans faille de l’intérêt public sur l’intérêt privé est attendue. Rien n’est plus difficile à maintenir que le cap de cette exigence éthique et politique. Est-ce à dire que l’être citoyen renvoie en priorité au genre éthique insufflant le politique ? Si l’on faillit à la règle du primat à accorder en tout au bien public, la détérioration du régime est rapide et inéluctable, selon un déterminisme maintes fois attesté par l’histoire.

La démocratie malade prépare, selon une loi d’airain, le retour de la tyrannie ou du despotisme.

La démocratie malade prépare, selon une loi d’airain, le retour de la tyrannie ou du despotisme. Les philosophes antiques l’ont diagnostiqué à l’aune des événements et des faits légués par l’histoire. Les Modernes ne les démentent pas. Ainsi Platon semble inspirer directement Montesquieu lorsque celui-ci se met à l’écoute des causes de la ruine des régimes démocratiques ou républicains de l’Antiquité (Athènes, Rome). N’est-ce pas la décadence démocratique qui a conduit le peuple des citoyens à voter la mort de Socrate, peuple devenu aveugle, renégat de sa propre histoire, las de la liberté réglée par la loi commune, fatigué de ses innovations politiques, incapable même de les assumer ?

Socrate, citoyen d’Athènes

Il nous faut pour y répondre revenir à la citoyenneté antique, qui est autant politique que morale et religieuse. C’est même la spécificité de l’eunomie sous Solon10, de l’isonomie sous Clisthène et de la démocratie pendant et après le règne de Périclès. Aux temps de Socrate, les fondements sont identiques. Mais l’époque est troublée et fragilisée par la guerre du Péloponnèse (-431 à -404) entre Athènes et Sparte victorieuse, ouvrant la voie à l’alternance de l’oligarchie et de la démocratie.

L’année -399 est une date-clef pour comprendre ce que « citoyen » veut dire, implique, exige et promet dans l’histoire individuelle d’un homme et d’une cité. Par le récit de la mort de son maître, Platon nous offre un document de première importance sur l’identité culturelle, religieuse et sociale du citoyen grec, en l’occurrence Socrate. Ce dernier vient de recevoir l’ordre de mourir du tribunal démocratique d’Athènes.

Les disciples de Socrate ne peuvent accepter le verdict, injuste et faux : Socrate est accusé de corrompre la jeunesse, d’impiété et d’athéisme. Criton, le plus fortuné d’entre eux, propose à Socrate l’exil. Le philosophe refuse, en raison de sa qualité native de citoyen athénien, redevable envers sa cité pour la vie et la mort. Les lois elles-mêmes redoublent les arguments socratiques11. Le citoyen est, par essence et naissance, l’esclave des lois de sa patrie, fussent-elles injustes. Le devoir est donc d’exécuter – quoi qu’il en coûte – ce qu’elles promulguent. « Crois en ces lois qui t’ont fait ce que tu es 12 ». La dette ne se morcelle pas, ne se discute pas. Ce n’est pas négociable.

Le citoyen est, par essence et naissance, l’esclave des lois de sa patrie, fussent-elles injustes. Le devoir est d’exécuter – quoi qu’il en coûte – ce qu’elles promulguent.

Socrate ne rendra pas le mal pour le mal. Il n’ajoutera pas l’injustice à l’injustice. Il mourra en citoyen athénien, soumis à la législation humaine, comme aux dieux de la cité, même si « un dieu » intérieur et personnel l’a habité et guidé depuis longtemps : son daimôn. Ce dernier, d’ailleurs, se tait. Le silence du dieu signifie l’heure de l’acceptation pleine et entière d’un destin auquel le philosophe consent sans révolte ni récrimination. Citoyen pleinement libre, il se soumet aux injonctions de sa cité, par le canal du tribunal populaire. Il ne fait qu’un avec Athènes, dans une relation d’adhésion filiale. La démocratie est déclinante et fragile, gangrenée par des conflits internes et externes. Peu importe. Le verdict qui en émane se réfère encore à un âge d’or – celui des commencements – où l’appartenance à la cité est censée régler en totalité le comportement politique, moral, social, religieux de l’homme-citoyen.

Platon dévoile ici, à l’évidence, un idéal-type de la citoyenneté, loin des faits. Déjà sous Périclès, au Ve siècle avant notre ère, des signes d’affaiblissement dans la participation civique se manifestaient au point de décider de rétribuer certaines fonctions pour pallier l’apathie politique et les tentations individualistes des uns ou des autres. Des compensations financières récompensaient l’activité des héliastes (les juges du tribunal populaire), puis celle des stratèges et enfin la simple participation des citoyens aux affaires publiques. Elles avaient vocation à redonner une impulsion à la vie civique. Sans salaire, pas de déplacement pour un vote ! La politique se transformait peu à peu en métier, ce que ne manque pas de dénoncer Platon qui, voué par la naissance à participer activement aux affaires de l’État, choisira l’écriture philosophique et la transmission de la mémoire de Socrate, et non l’action politique. Le post socratisme est né. Il prendra plusieurs visages philosophiques jusqu’à l’Antiquité tardive d’Augustin, au Ve siècle de l’ère chrétienne.

De la cité aux empires-monde

Une loi de l’histoire se dégage peu à peu. Plus le monde se fait vaste et complexe, plus la tentation du repli sur soi est impérieuse. En -306, l’épicurisme antique le comprend au point de préconiser et fonder la culture du jardin individuel, contre ou à côté des stoïciens valorisant la citoyenneté cosmique. Épicure, au IVe siècle avant J.C., et Marc Aurèle, au IIe siècle après, donnent à voir deux avatars de la citoyenneté, aux deux bouts de la chaîne des âges hellénistiques. Le premier exhorte à la sagesse ascétique de l’autarcie, le second invite à ne jamais se prendre pour un centre, mais à se fondre dans le logos du monde, sens et fin de tout. Le « citoyen », issu de la cité ou de l’État-monde, se définit par des droits et des devoirs envers sa patrie d’ancrage, quelles que soient ses dimensions. Être « fils de la cité » ou « fils du logos universel » suppose une participation de nature différente aux lois sociales, politiques et religieuses.

Le propre de ce découpage entre deux types d’hommes, l’un se référant au local, l’autre au global, est de mettre au jour deux dominations du monde : celle des Macédoniens, puis celle des Romains dès -148. La république, puis l’empire-monde de Rome, se substituent à l’État monarchique d’Alexandre et de ses généraux – les diadoques – responsables du dépècement progressif de son Empire après -323.

Plus le monde se fait vaste et complexe, plus la tentation du repli sur soi est impérieuse.

Alexandre détruit les barrières qui séparaient les peuples en œuvrant, par ses conquêtes, à l’ouverture de l’Occident à l’Orient, opérant un brassage des peuples sans précédent. La culture et la langue grecque se répandent au point de devenir « mondiales ». Plus de soixante-dix cités sont fondées, qui portent le nom d’Alexandrie, dans l’immense Empire nouvellement dessiné. En une quinzaine d’années de règne, Alexandre, le roi de Macédoine, est proclamé pharaon d’Égypte à Memphis en -331, vainqueur à Babylone et à Persépolis. À la mort de Darius en -330, descendant du grand roi des peuples d’Asie mineure, Alexandre se donne comme objectifs la conquête du Nord-Ouest de l’Inde et la pacification de l’Asie centrale (l’actuel Afghanistan). Mais sa volonté de fusion des Grecs, Macédoniens et Asiatiques se heurte aux limites physiques et morales de ses soldats, désireux de rentrer dans leur patrie d’origine pour y retrouver les leurs ! Leur vie privée a tout à coup la préséance sur les intérêts de l’État se mondialisant.

Naissance d’une citoyenneté spirituelle

La clôture civique s’est morcelée de part en part : la « globalisation du monde » lui a donné un coup fatal. Les âges du cosmopolitisme romain ne restaureront jamais l’idéal de la cité démocratique grecque, pas plus que l’idéal républicain porté par le populus de Rome pendant six siècles. Au mieux, les peuples chercheront d’autres modes de clôture sur eux-mêmes – religieux, gnostiques ou spirituels. Comme s’il était à tout prix besoin de se trouver des enceintes de respiration dans un monde trop vaste où nul ne parvient à trouver une vraie place ni un site propre, avec sa marque distinctive.

Se trouver des enceintes de respiration dans un monde trop vaste où nul ne parvient à trouver une vraie place.

Les âges hellénistiques, théâtres des grands bouleversements, sont des âges d’angoisse et d’insécurité matérielle et morale13. Est-ce un hasard si le christianisme a pu prospérer dans l’Empire de Rome, prônant à la fois la sacralité, l’unicité de la personne humaine et la citoyenneté spirituelle universelle ? Par un déplacement de type spirituel, saint Paul pourra en effet affirmer qu’il n’y a plus, désormais, de Juif ni de Grec, plus d’esclave ni d’homme libre, d’homme ni de femme. Tous font un dans le nouveau dieu du christianisme ! Le terrain était propice à l’affirmation révolutionnaire et destructrice des ordres anciens, hiérarchiques, générateurs de domination et de subordination. Le peuple attendait un ou des dieux nouveaux et universels. Comme si les cultes d’Asclepios et d’Hypsistos14 avaient ouvert la voie à l’avènement de Jésus ! Comme si les révoltes d’esclaves à répétition, les armées de misérables qu’engendrait la grandeur illimitée de l’Empire, préparaient inéluctablement le chemin des premiers adeptes de l’Évangile, la sortie du royaume terrestre pour entrer dans une royauté et une citoyenneté d’un tout autre ordre.

La globalisation du monde façonne les esprits, génère d’autres attentes, d’autres réponses aux questions existentielles, d’autres fraternités, d’autres chaînes de solidarité. L’être citoyen, au local comme au global, ne suffit plus. L’individu, seul, se sent perdu, isolé, étiolé, dans l’immense texture du monde. Il lui faut s’agréger à des entités rassurantes, signifiantes pour la vie et sa destinée. L’animalité politique qui est en lui le conduit graduellement, par des voies inattendues, à promouvoir d’autres réseaux de communication de nature plus spirituelle, au dessein universel. Le monde ne peut-il être habité que signifié, qu’orienté par une finalité religieuse ? Un monde de frères plus qu’un monde de citoyens ou d’individus ? La globalisation ouvre les portes aux communautarismes de toute facture, hier comme aujourd’hui, les uns pacifiques, les autres meurtriers.



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1 Au sens de globalisation : l’extension à l’échelle mondiale d’enjeux auparavant limités à des régions, des nations, des cités.

2 Anne Baudart, Qu’est-ce que la démocratie ?, Vrin, 2015 [2005], pp. 11-16.

3 Le Conseil athénien, Boulè, compte 500 membres (50 par tribu), âgés de plus de trente ans et tirés au sort annuellement. C’est l’organe essentiel de la démocratie athénienne à venir. L’Assemblée (Ekklèsia) est composée, sous Périclès, d’environ 40000 citoyens âgés de 18 ans. Boulè et Ekklèsia forment le pouvoir législatif de la démocratie athénienne. Voir Anne Baudart, op. cit., pp. 18-20.

4 Pendant les guerres Médiques (Athènes et Sparte contre les Mèdes et les Perses), le Spartiate Aristodèmos déploie une bravoure sans limite à la bataille de Platées en – 479. Mais il se voit refuser les honneurs funèbres ainsi que l’aristeia, pour avoir cédé à la lussa, la rage, la fureur individuelle ! Cf. Hérodote, L’Enquête, IX, 71.

5 Au sens où Platon, décrivant la cité idéale communisante, dans la République V, 464d, le souligne : « Ils n’ont rien à eux que leur corps (to sôma) et tout le reste leur est commun (alla koina). »

6 Métèque : homme libre, mais d’origine étrangère, domicilié à Athènes et soumis à la taxe de résidence (meteikon), à quelques liturgies et à certains impôts.

7 La notion d'individu rompt radicalement avec la notion de citoyen, tout entier rattaché à la cité commune.

8 À la fin du VIe siècle av. J.-C., Clisthène établit les fondements de la démocratie athénienne [NDLR].

9 Cf. André-Jean Festugière, L’enfant d’Agrigente, Les éditions du Cerf, 2006.

10 Eunomie, déesse mineure, est aussi un nom commun qui renvoie à l’ordre bien réglé, la bonne législation, la justice, l’équité. Associée à la stabilité interne d’un État, elle est l’opposé de la dysnomie (l’anarchie). Au VIe siècle avant J.-C., Solon mène d’importantes réformes économiques et politiques à Athènes, avec notamment l’édition d’un nouveau code de lois [NDLR].

11 En personnifiant les lois et en les faisant dialoguer, Platon a recours à la prosopopée [50a – 54d]. Criton, Platon [NDLR].

12Criton, [53b], Platon.

13 E.R. Dodds, Païens et chrétiens dans un âge d’angoisse. Aspects de l’expérience religieuse de Marc-Aurèle à Constantin, traduction française par H.D. Saffrey, La Pensée sauvage, 1979.

14 À l’âge récurrent des guerres civiles dans l’Empire romain et des révoltes d’esclaves (notamment à la fin du second siècle avant notre ère), le besoin se fait sentir de dieux sauveurs, universels, indépendants de tout cadre civique : Asclepios remplit ces rôles. Il guérit et console des maux de la vie et fait des miracles. Hypsistos le Très Haut, à la fois dieu grec, anatolien, sémitique – il désigne Yahvé dans la traduction des Septante – est vu comme le garant suprême de la Justice.


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