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Dossier : Le numérique, une chance pour l’école ?

Numérique : « On a encore plus besoin du professeur »

Michel Serres à la librairie Dialogues à Brest, Finistère, le 30 octobre 2014 / CC Briand
Michel Serres à la librairie Dialogues à Brest, Finistère, le 30 octobre 2014 / CC Briand
Entretien - Le philosophe Michel Serres voit dans le numérique une révolution comparable à l’apparition de l’écriture et de l’imprimerie. Un séisme dans la relation entre les êtres, le rapport à la connaissance, à l’espace et au temps, qui ébranle nos institutions (dont l’école) et invalide leur schéma pyramidal. Les réponses viendront du terrain.

En quoi la révolution numérique vous amène-t-elle à parler d’un « nouvel humain » ?

Michel Serres – Le diagnostic est clair et largement admis : depuis les années 1980, le numérique bouleverse toute la société, les commerces, l’industrie, la banque, les hôpitaux et l’école en particulier. Dans cette bascule des civilisations, comparable à l’apparition de l’écriture et à celle de l’imprimerie, le nouvel humain, que j’ai baptisé « Petite Poucette », n’est pas un remake de ses parents ou de ses grands-parents. Elle a son ordinateur, son portable… Autant pour des gens comme moi, aussi adaptés que l’on soit, ces engins demeurent des outils, comme la voiture, autant elle vit dans le monde impliqué par ces technologies. Elle est dans l’ordinateur, j’y suis extérieur. Voilà pourquoi je parle de nouvel humain.

Petite Poucette, porteuse de ces évolutions, n’a plus les mêmes relations avec les personnes, elle n’habite plus le même espace, elle est davantage dans le virtuel que dans le réel. Quand « Grand-Papa Ronchon » prend le métro, il critique l’attitude de ces jeunes qui ne sont pas avec nous, pendus à leur portable. Mais c’est lui qui est isolé dans le métro : ces jeunes sont en relation, ils communiquent avec leur copine du lycée, leur petit ami en province, leur amie du Québec. Ils ne se situent plus dans un espace métrique défini par des distances, mais dans un espace topologique. Dès lors que le rapport à l’espace et au temps changent, ce n’est plus la même personne.

Vous comparez Petite Poucette dans l’univers numérique à saint Denis portant sa tête. En externalisant ainsi notre mémoire et jusqu’à nos facultés de pensée, ne court-on pas le risque d’une dépendance aux machines ? Et comment s’approprier les savoirs, les unifier, les hiérarchiser ?

« Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine », disait Montaigne. Contemporain ou proche successeur de l’imprimerie, il a connu ses prédécesseurs, contraints d’apprendre par cœur Hérodote, Thucydide, Tacite, etc. Dès lors qu’il disposait de leurs écrits sur son étagère, la tête en était libérée. Il s’est inscrit dans un mouvement multimillénaire d’objectivation des savoirs. Nous en sommes simplement au troisième grand moment, après l’écriture et l’imprimerie. Fallait-il à la même époque s’inquiéter, à l’instar de Cervantès ? Et déjà Socrate ne s’était-il pas alarmé de l’apparition de l’écriture, dont il ne voulait pas (la parole seule étant vivante) ?

Nous avons à notre portée de multiples sources. Encore faut-il savoir les synthétiser, les coordonner…

Platon posait déjà cette question, l’idée de cercle qui synthétise des milliers de ronds. En a-t-on vraiment besoin maintenant ? Socrate s’interrogeait : ai-je besoin de l’idée de beauté, dès lors que je peux faire défiler tant de belles femmes, de belles cavales ? Je dirais presque l’inverse aujourd’hui. Dès lors que je peux consulter autant d’exemples que je le veux, aussi souvent que je le veux, l’abstrait, la synthèse, la coordination ne sont peut-être pas complètement la question aujourd’hui. Les philosophes adorent la lumière. Mais jusqu’à présent nous avons toujours privilégié la clarté, qui n’est que l’une des deux dimensions de la lumière, en oubliant la vitesse. Mais c’est fini. Aujourd’hui les informations défilent à toute vitesse. Votre question est peut-être déjà d’un autre temps.

Qu’en est-il de l’unité du moi ?

C’est bien la question qui est posée. Le séisme que nous vivons va très loin, aux racines de la gnoséologie. Il invite à une nouvelle philosophie de la connaissance (question sur laquelle je prépare un livre : « Le gaucher boîteux », à paraître en mai 2015).

De nombreux enseignants craignent que les élèves perdent leur capacité d’attention, de concentration…

On se focalise sur l’état actuel de l’abstraction… Mais la faculté de connaissance la mieux adaptée, n’est-ce pas celle qui connaît la multiplicité ? Autrefois, quand vous preniez un traité d’anatomie, la hanche faisait l’objet d’un schéma, une figure géométrique. Aujourd’hui on vous présente 14 IRM de la hanche, à différents stades de la vie humaine : on part des exemples. Au fond, on sort de Platon pour s’approcher d’Aristote. J’étais d’ailleurs moi-même platonicien avant de devenir aristotélicien : on s’approche aujourd’hui du réel, du singulier.

De plus, j’aime bien le verbe « perdre ». Autrefois, on avançait à quatre pattes, et puis on s’est mis debout. Les membres antérieurs ont perdu leur fonction de support. Se porte-t-on plus mal, avec l’apparition de ces mains universelles qui permettent de taper, de bricoler, de caresser ? Lorsqu’on était à quatre pattes, on avait la gueule en avant pour pouvoir se nourrir. Mais la bouche a évolué et le langage est apparu. Dès lors, faut-il craindre une perte de capacité à l’abstraction ? Par ailleurs, attendons quelques décennies, il y a sans doute des invariants… et les mathématiciens veilleront à entretenir l’abstraction !

La manipulation des machines et la multiplication des connexions suffisent-elles à se rendre maître des univers numériques, à développer les habiletés permettant d’y être créatif ?

J’appelle mon petit-fils quand j’ai un pépin : peut-être la maîtrise est-elle une question de générations. Au XVIIe siècle, Leibniz, alors bibliothécaire du Duc de Hanovre, se demandait si « cette horrible masse de livres », dont on ne serait jamais maître, n’allait pas apporter la barbarie plutôt que la culture. Certes, la masse de connaissance est impressionnante. Mais avez-vous lu toute la Bibliothèque nationale ? Nous n’étions pas maîtres, pourquoi le deviendrions-nous ?

L’empreinte écologique du numérique semble peu soutenable. Ne court-on pas un risque en y transférant tout le savoir ?

Les trois quarts des savoirs de l’Antiquité ont disparu avec l’incendie qui a ravagé la Bibliothèque d’Alexandrie. Épicure avait écrit 160 livres, aucun ne nous a été transmis. Ne dit-on pas aussi que, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ? Les supports sont effectivement fragiles, peut-être le numérique l’est-il davantage…

Selon vous, quel est l’avenir du livre ?

Je ne suis pas Madame Soleil ! Quand on a inventé l’écriture, on n’a pas arrêté de parler. Quand est apparue l’imprimerie, on n’a pas cessé d’écrire. Avec la révolution numérique, on n’arrêtera pas d’imprimer ! On a même une imprimante chez soi ! L’attention se porte toujours sur l’innovation, mais souvenons-nous qu’à Stalingrad, connue comme la bataille des chars d’assaut [juillet 1942-février 1943], des centaines de milliers de chevaux sont morts ! À mon sens, la technologie du numérique n’est pas encore née. Nous sommes toujours dans la reproduction du livre : on ouvre sa page, on essaie de faire des livres numériques…

La technologie du numérique n’est pas encore née. Nous sommes toujours dans la reproduction du livre : on ouvre sa page, on essaie de faire des livres numériques…

Par ailleurs, nous voyons toujours le livre comme le creuset des savoirs et Gutenberg comme un type formidable, car le premier livre qu’il a imprimé était la Bible. Mais combien de livres cochons a-t-on ensuite publiés ? On oublie toujours les saloperies ! Sur internet, on trouve certes la violence, la pornographie, la manipulation, mais tout ceci était déjà là !

Quelle est la source de votre optimisme ?

Une fois que l’on prend conscience de la profondeur historique, des précédentes grandes transformations, avec l’écriture puis avec l’imprimerie, il suffit d’admettre que nous vivons un troisième bouleversement. En présence d’une telle nouveauté, ou bien vous êtes avec vos élèves, vos petits-enfants, avec le souci d’analyser lucidement ces changements, ou bien vous êtes contre et vous ronchonnez, ce qui ne sert à rien. J’ai choisi d’aider ces jeunes dans le monde nouveau. On ne les aidera pas en disant que c’est de la « merde » ! Ma posture n’est pas de l’optimisme, mais une lucidité de combat.

Que devient le rôle de l’adulte et, singulièrement, celui de l’enseignant ?

Autrefois, quand j’allais voir mon médecin, celui-ci portait sur moi une présomption d’incompétence. Aujourd’hui, huit patients sur dix ont tapé « pet de travers » sur Wikipédia avant la consultation ! Une forme de nouvel équilibre s’opère dans les relations humaines. Lorsque j’arrive en amphi, la plupart des étudiants ont pris connaissance de mon cours la veille…

Cependant, sur Wikipédia, il n’y a pas de connaissances : il y a de l’information. Si l’on tape « mécanique quantique », on tombe sur un mur d’équations auquel on ne comprend rien ! On a encore plus besoin du professeur. Son rôle est de faire passer de l’information à la connaissance : transformer ce que savent les élèves en une connaissance réelle. Ce rôle n’est pas nouveau, mais voilà le professeur allégé de la transmission d’information.

Vous dites que « Pour le temps d’écoute et de vision, la séduction et l’importance, les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement. Les enseignants sont devenus les moins entendus de ces instituteurs »…

Nous autres, enseignants, avions le monopole des savoirs. Nous avons effectivement perdu cette bataille. Et vous savez comment fonctionnent les médias : par goût du débat, ils convoquent toujours l’académicien des sciences et le bateleur. Le second n’y connaît vraiment rien, mais le public accorde aux deux paroles le même crédit. Il revient à l’enseignant de bien distinguer, aux yeux des élèves, informations et savoirs.

Les enseignants sont-ils formés, sont-ils prêts à jouer le rôle que vous décrivez ?

J’ai eu l’occasion d’exposer mes boniments sur les nouvelles technologies au ministre de l’Éducation nationale (je tairai son nom). Il a levé les yeux au ciel : « Il va falloir former tous ces professeurs, cela coûtera une fortune ! » J’ai éclaté de rire : ce sont les élèves qui enseigneront au prof ! Si le prof a une nouvelle fonction, c’est celle d’écouter. Lors d’un congrès d’oncologie, un professeur américain a reconnu qu’il avait beaucoup plus appris sur le cancer du sein en lisant les tweets de ses patientes qu’à l’université. De même, les gardiens de parcs nationaux dans les Pyrénées ou dans les Alpes envoient des informations au Muséum d’histoire naturelle sur les chamois ou les isards : leur observation quotidienne est riche d’enseignement. Un professeur de maths ne trouvait pas de solution à son problème : il l’a mis sur la toile et a reçu trois solutions. Cette remontée d’informations est très intéressante. Nous assistons à un renversement de la Tour Eiffel (un enseignant, beaucoup d’étudiants ; un patron, beaucoup d’employés) : un nouveau savoir émerge de cette horizontalité.

Nous assistons à un renversement de la Tour Eiffel (un enseignant, beaucoup d’étudiants) : un nouveau savoir émerge de cette horizontalité.

Le diagnostic est clair, mais le pronostic est impossible, d’autant que l’usage des technologies dans trois ou cinq ans demeure inconnu. Dès lors, comment faudra-t-il faire en classe de géographie, de mathématiques ou de philo ? Je n’en sais rien. Il va falloir expérimenter sur le terrain.

Comment imaginez-vous une école où Petite Poucette serait heureuse ?

Je n’ai jamais dit que Petite Poucette était malheureuse à l’école. Ce sont les bourgeois qui s’ennuient à l’école ! Des décennies d’affrontements seront cependant nécessaires pour que l’école réponde à cette révolution. L’institution scolaire, déjà en difficulté avant le numérique, est aujourd’hui désuète. L’université, elle, est morte, de même que la plupart de nos institutions (voyez les politiques !), qui sont décalées par rapport à ce qu’est devenue Petite Poucette.

Je me suis beaucoup investi, récemment, autour de la reconstruction de l’université du Mirail, à Toulouse. Nous avons imaginé, avec des architectes, comment introduire le numérique dans cette reconfiguration. Nous proposions de structurer l’université autour de l’idée d’arbre des connaissances : en mettant en commun les connaissances, on fait apparaître un savoir collectif, tel un tronc que l’on peut visualiser, puis des branches. Une salle permettait de savoir en temps réel ce qui se faisait dans chaque cours. Les représentants de l’État ont balayé toutes ces innovations !

Ces grandes métamorphoses n’en restent pas moins une formidable occasion de repenser la pédagogie. La pédagogie ne s’est jamais autant transformée qu’avec l’apparition de l’imprimerie. Le terme même de paidagogia est apparu en Grèce avec l’écriture, et avec elle la monnaie, les religions du livre… Que toutes les institutions soient pareillement en crise aujourd’hui n’a rien de surprenant. Peut-être la transformation actuelle est-elle plus rapide. Les précédentes phases de formalisation de la connaissance ont été si longues qu’elles ne sont pas achevées : il existe, encore aujourd’hui, davantage de langues sans écriture que de langues écrites.

La révolution numérique peut-elle être une chance pour les décrocheurs ?

La révolution numérique décrochera des gens, c’est certain, mais ce sera inattendu, ce ne sera pas du Bourdieu. Dans l’expérience que nous, enseignants, avons du numérique, on voit, notamment en sciences, de nouvelles hiérarchies se créer, dans l’habileté à se servir du numérique.

Le côté ludique du numérique, qui fait son succès, peut intéresser un grand nombre. Au Bangladesh, des foules d’enfants des rues n’allaient pas à l’école. J’ai suggéré de ramasser les vieux ordinateurs. En six mois, grâce à l’informatique, ces gosses ont appris à lire… dans la rue ! Dans un village des Andes, il y a une vingtaine d’années, je suis entré dans un café internet : les touches étaient tellement utilisées que l’on ne voyait plus les lettres. Tandis que les gens du coin tapaient à toute allure sur le clavier, j’ignorais s’il s’agissait d’un « azerty » ou d’un « qwerty »… J’étais l’analphabète !

Au regard des transformations passées, quelles erreurs éviter, à quels défis s’attaquer en priorité ?

L’histoire peut nous aider à poser un diagnostic, elle ne permet aucun pronostic. On commettra toutes les conneries qu’il faudra – on a d’ailleurs commencé. Et tant mieux ! C’est grâce à elles qu’on progressera. L’erreur est humaine, elle est même le propre de l’homme : les animaux ne font pas d’erreurs. Je ferai d’autant moins de recommandations que le pilotage par le haut est condamné à l’échec : la révolution a lieu sur le terrain. Le schéma de la Tour Eiffel est ringard, l’idée que l’on puisse tout piloter depuis la « rue Machin » me semble comique. Pour qui se prennent-ils ? C’est une nouvelle démocratie qui est en germe. Grâce à Petite Poucette, j’ai compris le sens du mot « maintenant » : c’est le temps présent, mais aussi ce qu’elle tient à la main, toutes les informations, avec Wikipédia, tous les lieux, avec Google Earth, le monde entier ! On calcule désormais le nombre d’intermédiaires nécessaires pour contacter n’importe quelle autre personne sur terre. Il suffit aujourd’hui de quatre à cinq coups de fil ! Personne n’a jamais tenu ainsi le monde entre ses mains ! Dans ce nouveau monde, nos institutions sont désuètes. C’est du professeur de Villeneuve-sur-Lot, de Laval ou de Montreuil que viendra une véritable percée dans le mode d’enseignement. C’est à lui d’expérimenter, de trouver les réponses. C’est à lui que je fais confiance.

Propos recueillis par Jean Caron et Jean Merckaert le 5 mars 2015.



En référence au fait qu’elle se sert de ses deux pouces pour envoyer des SMS. Cf. M. Serres, Petite Poucette, Le Pommier, 2012 [NDLR].

Théorie de la connaissance [NDLR].

Michel Serres met ici en tension une pensée (de type « platonicien ») qui fait de l’unité, de l’universel, le fondement du réel (d’où la théorie des Idées) et une pensée (de type « aristotélicien ») qui met l’accent sur l’individuel et le singulier, seuls réels [NDLR].

M. Serres, « Éduquer au XXIe siècle », LeMonde.fr, 05/03/2011.

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