Sacrées familles! Changements familiaux, changements religieux
Martine Gross, Séverine Mathieu et Sophie Nizard Érès, 2011, 264 p., 23,50 €Un recueil de contributions orienté vers « la déconstruction d’un ordre naturel dans les domaines de l’alliance, de la filiation, du genre et de la sexualité ». Bref, à l’éclatement actuel des situations familiales s’attaque la variété des disciplines, ici essentiellement la sociologie, mâtinée d’histoire et d’anthropologie culturelle. Son marteau-piqueur pointe à l’envi ce qui est institutionnel et religieux. À qui dépasse les agacements ainsi provoqués, les apports monographiques de l’ouvrage donnent à voir. Pour le christianisme, l’inculturation du mariage monogamique indissoluble dans la société gréco-romaine, le débat sur l’homosexualité dans les pays anglo-saxons et dans l’Église catholique, le mariage laïc en France, la doctrine de Jean Paul II. Pour le judaïsme, le poids de la transmission des identités, la fécondation in vitro en Israël. En terre d’islam, l’attraction de fêtes de l’intimité, et chez les occidentaux celle de l’islam. Et, en bouquet final, les propositions libertariennes pour déconstruire toute base d’une « morale d’État », comme celle qui sous-tend les lois françaises de bioéthique, à savoir : la dignité humaine, le consentement des personnes, le refus de la marchandisation des corps. Ces regards sociopolitiques laissent peu apparaître – sauf pour le judaïsme – les violences et souffrances humaines dans la sexualité et dans la génération, que l’institution familiale, d’hier à aujourd’hui, a toujours visé à combattre, dans une quête de sens toujours à reprendre. Sacrée déconstruction !
25 juin 2012