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Penser la décroissance. Politiques de l’Anthropocène

Agnès Sinaï Les presses de Sciences Po, 2013, 224 p., 14 €

« Comment organiser la transition vers un monde post-croissant, postfossile et modifié par le climat ? » La question est au fondement de l’institut Momentum, dont les auteurs de cet ouvrage collectif sont membres. Tous postulent la nécessité de la décroissance. Ils partagent la conviction que la gravité de la situation actuelle appelle une reprise en main politique, de l’échelle locale à l’échelle globale (le problème de leur articulation n’est pas réellement abordé). Dans un contexte de ressources énergétiques mais aussi métalliques limitées et, à terme, déclinantes, les solutions techniques généralement avancées ne sont qu’un pis-aller, et les concepts passe-partout de développement durable (Dennis Meadows revient sur son fameux rapport de 1972 et la faillite de cette notion) ou de résilience (mise en perspective par l’ingénieur Hugo Carton) inopérants. C’est l’ensemble de l’organisation sociétale qui devrait être revue : valeurs, système de consommation, rapport au travail, etc. Mais ces énoncés restent relativement généraux, hormis dans quelques chapitres qui détaillent des pratiques allant dans ce sens : formes de rationnement de l’énergie, politiques locales de décroissance à travers l’exemple de Totnes, petite ville du sud-ouest du Royaume-Uni à l’origine du mouvement des « villes en transition », gouvernance des biens communs. Au final, l’ensemble est assez peu cohérent. Enfin, certaines assertions (« une société moins matérialiste sera plus heureuse », la dichotomie homme/machine, etc.) manquent singulièrement d’étayage. Pour des enjeux aussi cruciaux, l’effort d’analyse et l’approche empirique doivent pourtant prévaloir.

Jean Vettraino
28 mai 2013
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