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La ségrégation scolaire

Pierre Merle La Découverte, « Repères », 2012, 128 p., 10 €

Dans leur souci d’offrir les mêmes possibilités à tous les jeunes, les politiques scolaires depuis les années 1970 n’ont apparemment pas trouvé la solution ! La discrimination se renforce, vers le haut, ou vers le bas. En 1975, la loi Haby prône l’égalité des chances en créant le collège unique : une même classe d’âge doit suivre le même enseignement. Auparavant le cursus scolaire était lié au milieu social et aux capacités de chacun : certificat d’études, brevet, baccalauréat pour les plus fortunés ou les meilleurs de l’école de la méritocratie républicaine. La qualité du diplôme engendrait un emploi avec le salaire correspondant. De 1973 à1979, sur fond de crise économique, de banalisation du baccalauréat et de l’ouverture des universités se profile un déclassement à l’embauche : salaire et emploi ne sont plus autant en adéquation. La création du collège unique massifie l’enseignement. La ségrégation urbaine se confond avec la ségrégation scolaire et laisse finalement bon nombre d’enfants au bord de la route. Les stratégies d’évitement se multiplient, notamment par le choix des options qui permettent d’entrer dans un collège de meilleur niveau en contournant la carte scolaire. Face aux taux d’échec (élèves décrocheurs ou médiocrité des résultats), les mesures s’enchaînent : zones d’éducation prioritaire, collèges ambition-réussite, internats d’excellence, établissements pour élèves violents, etc. Le collège pour tous devient le collège pour chacun. Quelle que soit l’amélioration des conditions matérielles, les résultats sont décevants : concentrer les problèmes dans un établissement favorise la fuite des bons élèves vers d’autres établissements. Le processus de ségrégation se reproduit. L’enseignement privé en tire bénéfice car les critères de recrutement sont différents. Plus sélectifs, ils contribuent à une ghettoïsation vers le haut. Avec des exemples précis, Pierre Merle nous démontre que la ségrégation scolaire, facilitée par le détricotage du collège unique, ne sera résolue que par une réelle mixité sociale, impliquant des plans d’urbanisme bien pensés. Mais le problème est sans doute plus complexe : que dire de réformes qui n’englobent ni les méthodes pédagogiques ni les programmes ? Mais c’est un autre débat.

Annie da Lage
26 octobre 2012
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