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Dossier : Comment mesurer le bien vivre ?

Que nous apprend le « bonheur national brut » du Bhoutan ?

Festival de Jakar tshechu, Bjhoutan, 2013 © Arian Zwegers/Flickr
Festival de Jakar tshechu, Bjhoutan, 2013 © Arian Zwegers/Flickr
Si le bonheur national brut, propre au Bhoutan, n’est pas un indicateur parfait, il interroge tout de même notre manière de définir la richesse d’un pays. Qu’est-ce que l’on compte et comment ?

Parler du Bhoutan n’est pas chose simple. Ce pays soulève des passions contradictoires : certains s’émerveillent devant la priorité donnée au « bonheur », aux humains et à la nature, d’autres critiquent son système monarchique (même parlementaire) et le traitement réservé aux minorités1. En octobre 2015, avec le CCFD-Terre solidaire, nous avons réalisé un voyage d’études au Bhoutan en ayant conscience de ces critiques2. Invités par la School for Wellbeing (Thaïlande) et le Centre for Bhutan Studies (Bhoutan), à l’occasion de la 6e conférence internationale sur le « bonheur national brut » (BNB), notre objectif n’était pas de réaliser une étude socio-politique sur le pays, mais de nous laisser interpeller par cette réalité et par l’indicateur du bonheur national brut (BNB)3.

Le Bhoutan, entre deux géants

Le Bhoutan est un pays de la chaîne himalayenne plus petit que la Suisse, niché entre deux géants : l’Inde et la Chine. C’est un pays très peu peuplé (environ 800 000 habitants), jeune (la moitié de la population a moins de 24 ans), qui vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage, avec une surface forestière importante. Le niveau de vie est rudimentaire (environ 10 % de la population vit sous le seuil de pauvreté), mais si la moitié des foyers n’est pas raccordée à l’électricité, plus de 90 % de la population a accès à l’eau potable, tandis que les systèmes de santé et d’éducation sont gratuits et accessibles à tous (près de 90 % des enfants sont scolarisés).

Le Bhoutan est devenu une monarchie parlementaire depuis 2008, sous l’impulsion et la volonté du roi. Le chef de l’État est toujours le roi, mais il doit abdiquer à 60 ans et peut être destitué par un vote réunissant deux tiers des parlementaires. La séparation entre pouvoir religieux et pouvoir politique est consacrée dans la Constitution. Le roi en est le garant et le protecteur de toutes les religions. Cependant, la religion bouddhiste conserve un poids important, héritage spirituel mais aussi ciment de l’organisation sociale.

Longtemps isolé, à l’ombre de son voisin indien avec lequel il est très lié sur le plan politique et économique, le Bhoutan a su conserver son identité et ses traditions. Il tente aujourd’hui le pari de l’ouverture, de l’équilibre entre modernité et préservation de son environnement naturel et de sa culture.

Vers le « bonheur tous ensemble »

En dzongkha, la langue du Bhoutan, le BNB se nomme « bonheur tous ensemble ». Avant d’être un indicateur, il s’agit d’une vision de la société ancrée dans les traditions, les valeurs et la culture du pays. En d’autres termes, le BNB est une systématisation de la manière de vivre des Bhoutanais. Il donne une lisibilité à une philosophie de vie4.

À la fin des années 1990, ce concept empirique a été transformé en indicateur pour en faire un outil de planification de l’action du gouvernement. Dasho Karma Ura est le directeur du Centre for Bhutan Studies, chargé de sa mise en œuvre. Selon lui, « l’objectif est de donner une direction aux politiques, en cohérence avec les valeurs définies dans le BNB ». L’indicateur permet aussi au Bhoutan de défendre sa vision sur la scène internationale dans un langage qui peut être compris par ses interlocuteurs. Et il trouve, de fait, un certain écho face à la crise du modèle croissantiste5. Conçu dans l’objectif de ne pas sacrifier un système de valeurs, une souveraineté et un environnement, le BNB suffira-t-il face à l’ouverture internationale ? Entre modernité technologique (et son cortège de conséquences : déchets, industrialisation de l’alimentation…) et héritage culturel, entre croissance et soutenabilité environnementale forte, les tensions sont palpables.

Transposer tout ou partie du BNB n’aurait aucun sens, tant il est spécifique au pays. Mais par le système de valeurs qu’il dessine, il nous interroge : à quels points essentiels prêter attention quand on parle d’indicateurs de richesse et de modèles de développement ?

Bonheur individuel et collectif

La question du bonheur comme affaire politique ne date pas d’hier. Aristote explique ainsi, dans La métaphysique, que « tous les hommes cherchent à être heureux, et qu’un bon gouvernement est […] celui qui permettra de donner aux citoyens cette possibilité6 ». La Constitution française du 24 juin 1793, inspirée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, énonce comme but à la société « le bonheur commun » (art. 1). Aujourd’hui, les indicateurs de « bien-être » montent en puissance. Mais comment penser une société qui garantisse le bien-être de tous ? Au-delà de l’empreinte du bouddhisme7, l’approche proposée par le BNB et sa déclinaison en termes d’action publique peut nous inspirer.

Dans la tradition bouddhiste, le bonheur est pensé non pas comme le cumul de bonheurs éphémères, mais comme « un état de plénitude durable », une recherche intérieure personnelle. L’enjeu politique sous-jacent à cette approche est celui des conditions nécessaires pour que chacun puisse « cheminer vers le bonheur ». C’est sur cette question que se construit le BNB. Au-delà de toute question spirituelle, le BNB pose la question des conditions d’une vie digne, base indispensable pour envisager l’épanouissement de chacun et de tous, et objectif principal de toute action publique. Pour cela, à l’inverse de la course effrénée au toujours plus, il définit, pour chaque variable, un « seuil de suffisance » : « Qu’est-ce qui est suffisant pour être heureux ? »

« Qu’est-ce qui est suffisant pour être heureux ? »

Un regard transversal et holistique

Le BNB couvre neuf grands domaines, identifiant les diverses composantes nécessaires au bien-être du peuple bhoutanais : bien-être psychologique, santé, utilisation du temps, éducation, niveau de vie, diversité écologique et résilience, diversité culturelle et résilience, bonne gouvernance, vitalité de la communauté. Sans tenter ici une analyse approfondie des 33 indicateurs et 124 variables qui déclinent ces neuf domaines8, relevons quelques points qui nous interpellent.

La référence au bien-être psychologique soulève souvent de vives critiques dans nos pays occidentaux, qui la jugent fortement imprégnée de spiritualité bouddhiste. Mais le Dr Kharma Ura s’en défend : une seule variable porte sur la spiritualité et elle ne présuppose pas une spiritualité liée à une religion, voire à une religion spécifique9. Et la question du bien-être psychologique mérite aussi d’être posée dans nos sociétés : comment le prendre en compte ?

Par ailleurs, le cadre dessiné par les neuf domaines du BNB concerne les humains et leur qualité de vie, leurs relations entre eux et avec la nature. L’humain et la nature sont placés au centre, là où nos propres indicateurs regardent d’abord la performance économique, supposant que celle-ci se déclinera en qualité de vie. Le bonheur national brut met l’économie à sa juste place, celle des activités nécessaires à la vie humaine dans de bonnes conditions, dans le respect de la nature. Toute politique ou activité économique passée au crible du BNB sera analysée et évaluée à cette aune.

Le BNB met l’économie à sa juste place, celle des activités nécessaires à la vie humaine dans de bonnes conditions, dans le respect de la nature.

La nature est considérée à travers le prisme de l’effet de l’action humaine (problèmes urbains, conscience écologique et responsabilité envers l’environnement, problèmes environnementaux). Cette approche interroge explicitement le rôle de l’humain dans la préservation et le soin à la nature. À l’inverse d’une vision centrée sur l’homme, qui fait de la nature notre « environnement » et la met à notre service, la science devant nous permettre de « nous [en] rendre comme maîtres et possesseurs » (Descartes)10, le bouddhisme, comme la philosophie amérindienne du buen vivir, offre une vision du monde où l’homme est partie intégrante de la nature, de la « Terre mère », sans en être le centre. Cette relation est source d’une forme d’humilité (humus = terre), où l’homme ne se considère pas comme tout-puissant, mais prend conscience de sa condition et de sa responsabilité écologique.

Enfin, en ce qui concerne sa mise en œuvre concrète, le BNB propose un regard transversal sur chaque action et politique publique : chaque projet est passé au crible de toutes les dimensions du BNB et pas uniquement celles du domaine directement concerné par l’action analysée. Pour cela, le BNB est complété par les « GNH screening tools », des outils de projection, de sélection et de suivi des politiques permettant d’évaluer leur impact suivant chacune des branches de l’indice. L’expérience du Bhoutan nous invite à dépasser nos visions segmentées par domaine d’action, pour adopter un regard transversal et holistique. Ainsi, l’évaluation préalable de l’impact environnemental et social d’une politique de développement économique devrait permettre d’y renoncer si cet impact est négatif.

Priorité aux plus fragiles

Le BNB est déterminé au moyen d’une enquête auprès de la population. Chaque domaine est évalué par rapport à un seuil de suffisance, l’enquête visant à mettre en évidence ceux dans lesquels il y a des manques, de façon à mieux orienter les politiques11. Dans un premier temps, on s’intéresse à la proportion de la population « non encore heureuse », celle pour qui le seuil de suffisance est atteint dans moins de six domaines sur neuf. Ce pourcentage est noté X12. On regarde ensuite l’ampleur des insuffisances, c’est-à-dire le pourcentage de domaines en insuffisance dans cette population. Ce pourcentage est noté Y. La valeur du BNB est alors égale à [100 % - (X x Y)]. Autrement dit, pour augmenter l’indice, il faut diminuer X et Y, c’est-à-dire réduire les insuffisances en ciblant l’action en priorité sur les « non encore heureux ».

Ainsi, l’indicateur est construit pour donner la priorité aux plus fragiles et aux plus démunis. En revanche, le BNB ne permet pas de visualiser les inégalités par le haut : si les personnes déjà très « heureuses » le deviennent plus encore, cela n’apparaît pas. À nous de poser cette question, dans nos sociétés de plus en plus inégalitaires ! C’est ce que propose un indicateur comme l’indice de santé sociale, qui compare les niveaux de revenu entre le décile des plus pauvres et celui des plus riches.

Et la démocratie dans tout ça ?

Le BNB est un indicateur construit sous l’impulsion du roi et du gouvernement. « Le roi et l’actuel Premier ministre ont mené des discussions régulières, dans de nombreux villages, afin d’écouter les doléances des habitants et entendre ce qui était essentiel à leurs yeux. Après ces consultations populaires, le gouvernement a mis en place une assemblée pour institutionnaliser le processus délibératif qui a abouti au BNB dans sa forme actuelle.13 ». Le processus reste cependant très vertical, ce qui soulève une question centrale : qui est légitime pour définir ce qui « compte le plus » ? Cette question prend toute son ampleur quand il s’agit de transformer nos modèles pour une meilleure répartition des richesses, l’accès de tous aux droits fondamentaux et la protection de nos biens communs.

Qui est légitime pour définir ce qui « compte le plus » ?

Le BNB, dans sa construction, sa teneur et son utilisation, pose les questions essentielles du sens et de la direction. Il rappelle qu’un indicateur n’est pas une donnée en soi, mais une lecture possible de la réalité14 : il fournit une information pour analyser une situation ou une problématique, mais il ne montre que ce que nous lui demandons de montrer. C’est le cadre de référence sous-jacent qui détermine le choix de l’indicateur, qui dit la direction vers laquelle la lumière (les indicateurs) doit éclairer.

Délibérément, le BNB est organisé à partir du système de valeurs de la culture bhoutanaise. Le produit intérieur brut (PIB), lui, porte une vision de la richesse ancrée sur la richesse monétaire, mais ce choix est rarement explicité. Comme s’il était le seul choix possible. En 1968, Robert Kennedy concluait ainsi un discours : « En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. » Les inégalités sociales et la crise écologique demandent un changement de cadre de référence, de toute urgence.



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1 Pour une analyse approfondie, voir l’ouvrage très complet de Thierry Mathou, Le Bhoutan, royaume du bonheur national brut. Entre mythe et réalité, L’Harmattan, 2013. Il développe en particulier une lecture fine sur la place et les politiques envers les minorités dans le contexte global du pays.

2 Ce texte prend racine sur les analyses et le récit de ce voyage.

3 Cet article prend le pari de l’interpellation, c’est-à-dire de « passer par l’autre pour se redécouvrir », comme le proposaient les philosophes des Lumières. Cette posture n’exclut pas un regard critique sur le pays et l’indicateur mais n’en fait pas son objet principal.

4 En 2008, il est repris dans la Constitution : « L’État doit s’efforcer de promouvoir les conditions pour la poursuite du bonheur national brut. Il doit […] assurer une bonne qualité de vie pour le peuple du Bhoutan dans un pays progressiste et prospère attaché à la paix et l’amitié dans le monde. »

5 Cf., par exemple, la conférence de presse du Premier ministre du Bhoutan lors de la Réunion de haut niveau des Nations unies : « Le bonheur et le bien-être : définir un nouveau paradigme économique ».

6 Cité par Dominique Méda dans sa préface à Isabelle Cassiers (dir.), Redéfinir la prospérité, L’Aube, 2013.

7 Le Bhoutan revendique les valeurs portées par le BNB comme directement inspirées du bouddhisme. Si la Constitution du Bhoutan consacre la séparation entre pouvoir religieux et pouvoir politique, le bouddhisme reste présenté comme « l’héritage spirituel du Bhoutan ».

8 Ils sont très liés au contexte bhoutanais. Pour plus de détails, cf. Karma Ura et al., A short guide to Gross National Happiness Index, The Centre for Bhutan Studies, 2012.

9 Entretien avec Dasho Karma Ura, « GNH concept and measurement does not require anybody to belong to any specific religion », Business Bhutan, 21/11/2015, p. 8.

10 René Descartes, Discours de la méthode, VIe partie, Flammarion, 2016 [1637].

11 La lecture fine des résultats permet une analyse selon la catégorie sociale, le sexe, la région géographique, ce qui donne une tout autre information qu’un raisonnement par les moyennes.

12 Je reprends ici la présentation très stimulante d’Isabelle Cassiers lors d’une conférence à l’Académie royale de Belgique (13/03/2014), où elle présente de manière pédagogique le raisonnement qui sous-tend la construction du BNB.

13 Cf. Hans et Wallapa van Willenswaard, « Bhoutan : c’est quand le bonheur ? », Revue Projet, n° 331, décembre 2012.

14 Hélène Combe, « Il n’y a pas d’indicateur sans vision » in « La richesse autrement », Alternatives économiques, hors-série, n° 48, mars 2011).


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