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Dossier : Sauvés par la révolution numérique ?

Reconsidérons l’idée de progrès

Démo du robot Nao, Université Jaume, Espagne, 2011 (CC Kai Schreiber).
Démo du robot Nao, Université Jaume, Espagne, 2011 (CC Kai Schreiber).
Fruit d’un long mûrissement à travers l’histoire, l’idée de progrès a basculé au XXe siècle et se trouve aujourd’hui confrontée à ses conséquences extrêmes sur notre environnement et inquiétantes quant à l’avenir de la robotique. Pouvons-nous encore la réinventer, la réorienter, pour une humanité réconciliée avec sa finitude ?

Le XVIIe siècle, en Occident, confère au progrès une finalité salvatrice et l’enracine dans les sciences. Or l’Europe va peu à peu s’apercevoir d’une contradiction inhérente au progrès : entre ses buts et ses moyens. Le but affirmé est la pacification de l’existence, l’harmonisation de la condition humaine, l’absence d’adversités (maladies, échecs, mort), la complémentarité de la nature pour combler les besoins, l’effacement de toute souffrance, de tout dysfonctionnement ou altération. Mais les moyens sont, au contraire, une succession de ruptures, de remises en question du passé et du présent, une ouverture à l’autrement, à l’ailleurs – jusqu’au numérique, qui n’est pas une amélioration de l’analogique. Et ces ruptures sont souvent tragiques pour les hommes : l’époque de l’invention de la machine à vapeur est celle de la première révolution industrielle mais aussi de son cortège d’exode rural et de misère urbaine, même si par ailleurs l’industrie et les chemins de fer s’avèrent très utiles. Aujourd’hui, les moyens altérants du progrès sont tellement contraires à ses buts intégrants que l’avenir même de la planète est en danger.

Naissance de la culture « occidentale »

La mise en œuvre du progrès s’est faite par la symbiose, dans l’histoire européenne, de la culture judéo-chrétienne et de la culture gréco-latine. Que nous apporte la première ? S’agissant de l’origine du progrès, la Bible bouleverse la conception humaine spontanée du temps : « La vision biblique et chrétienne du temps et de l’histoire n’est pas cyclique mais linéaire : c’est un chemin qui va vers l’accomplissement »1. Le temps cyclique semblait la vision naturelle et universelle : le rythme jour/nuit, le rythme des saisons, celui de l’astronomie, donnent l’évidence d’un éternel retour du même. Par le progrès au contraire, l’homme envisage demain, non comme le retour à hier, mais comme autre et meilleur qu’aujourd’hui. La Bible et son économie du salut développent une histoire qui progresse des prophètes à Jésus. Et Dieu prend une dimension historique en s’incarnant dans l’humanité. Bref, l’image du temps n’est plus le cercle mais le vecteur qui, à partir de son passé, se projette vers un avenir différent, vers une altérité historique plus épanouissante. Dès la Genèse est indiqué le sens du temps linéaire : « Prospérez, multipliez-vous et dominez la création » (Genèse 1, 28), en prenant soin d’entretenir le jardin d’Éden (Genèse 2, 15).

Toutes les cultures certes engendrent des progrès. Les Grecs ne connaissent pas la Bible quand ils construisent l’Acropole à grands frais de progrès scientifiques et techniques. Athènes ne fait pas pour autant du progrès une valeur centrale. Les Grecs sont marqués par l’anankè, le fatalisme, tout comme les Romains par le fatum (alors que la liberté judéo-chrétienne peut permettre la mise en question de son propre destin, une libération avec l’aide de la grâce). Mais ils apportent à l’Europe l’usage systématique de la raison, en se libérant peu à peu de la pensée magique. Et les Romains appliqueront cette rationalité moderne à l’ordre juridique. Sans cet apport, l’idée de progrès technique ne serait que velléité, par absence de moyens et de connaissances pour agir sur les choses.

Il faudra un millénaire médiéval (celui des élites, comme Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin, et celui des monastères, initiateurs de progrès) pour que ces deux grandes cultures se marient et engendrent la culture européenne, puis occidentale. La symbiose historique s’accomplit pleinement avec Descartes : par les sciences mathématiques, l’homme peut se rendre « comme maître et possesseur de la nature » pour combler ses besoins2. Commence alors l’aventure de la plus puissante (pas forcément la meilleure) civilisation que le monde ait connue.

1955 : le basculement

L’année 1955 symbolise le basculement du progrès triomphant en progrès menaçant, avec la mort de Pierre Teilhard de Chardin et la publication du best-seller de Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques. Pour le premier, le progrès des hommes qui fait suite à l’évolution des espèces incarne le courant de sophistication du vivant qui est d’origine surnaturelle, puisqu’il contredit les lois physiques de désintégration de l’entropie. Sur la matière inanimée (lithosphère) apparut la vie (biosphère), puis l’homme (noosphère) et, au XXe siècle, par le progrès scientifique, technique, moral, politique et spirituel, l’humanité ne construit rien moins que la christosphère3. Triomphe inouï du progrès. Mais déjà Lévi-Strauss rétorque qu’il n’y a pas d’historicité, de vrais progrès, que lui-même est semblable au Nambikwara du Mato-Grosso, et surtout que, loin d’organiser le monde vers une convergence heureuse, le soi-disant progrès dissipe des milliards de structures et accélère l’entropie : « Plutôt qu’anthropologie, il faudrait dire entropologie »4.

La planète et la maîtrise humaine en danger

L’épuisement des ressources naturelles, la pollution et ses conséquences climatiques ne sont pas une erreur ou un accident du progrès. La catastrophe environnementale entre dans sa définition même. Le progrès entièrement sécularisé n’a qu’un but : que l’humanité prenne plus que sa part dans les équilibres naturels pour se satisfaire. Tant qu’ils n’étaient que chasseurs faiblement armés et cueilleurs, les hommes s’inscrivaient tant bien que mal dans les écosystèmes de leurs migrations. Mais avec le progrès agricole et industriel, l’humanité consomme plus que sa part, rejette plus que sa part.

L’informatique comble le manque à mémoriser, et le numérique, désormais, le manque à décider.

Côté production, le progrès technique s’inscrit dans ce qu’on appelle aujourd’hui « l’homme augmenté ». L’homme, par la mise en question de sa condition, comble le manque à agir grâce à l’invention d’outils (le marteau corrige les carences de la main). La machine permet d’agir vite, en masse et avec précision. L’informatique comble le manque à mémoriser et à calculer, et le numérique, désormais, le manque à décider. Trop de paramètres interfèrent pour que l’homme puisse décider d’une solution à un problème en pleine connaissance de cause. L’ordinateur peut le faire à sa place (par exemple les décisions d’un trader). « En matière de traitement de l’information, nous en sommes au téra, soit mille milliards d’opérations par seconde, qui tiennent dans ¼ de confetti »5. Qui vérifie le calcul des ordinateurs ? Personne, sinon le temps gagné est perdu. Dès lors, l’homme s’exclut du pouvoir de décision. Cynthia Fleury parle de « liquidation de la décision humaine »6. Jusqu’ici, le hardware (les machines) comme le software (les logiciels) étaient créés par l’homme, aujourd’hui ils se corrigent et s’inventent eux-mêmes. Même les équations aléatoires sont entrées dans les ordinateurs : le numérique n’articule pas seulement un rationalisme cartésien, mais s’appuie pour « décider » sur le probabilisme.

Les alertes quant aux réseaux informatiques concernent le plus souvent les risques de transgression de la confidentialité. Pourquoi Google est-il gratuit ? Parce qu’on ne le paie pas par un avoir monétaire mais par le dévoilement de son être intime dont Google fera marchandise. Nouvelle prostitution ? Le « systémique » des systèmes numériques renvoie à une logique du lien entre des éléments qui prédomine sur le choix des hommes. Le système économique libéral et mondial, qui obéit à sa logique propre, va ainsi encore plus s’imposer aux choix politiques.

Le progrès du progrès dans l’impasse ?

Faut-il stopper le progrès ? Ce n’est sans doute pas possible, et ce n’est pas souhaitable. Progresser, c’est aujourd’hui réparer d’urgence. La tendance lourde est de corriger le progrès technique par le progrès technique, sans trop toucher à la progression des niveaux de vie. Afin de ne pas épuiser les ressources naturelles, le monde met ainsi en œuvre des énergies « infiniment » renouvelables (solaire, éolienne, géothermique, etc.). De même pour éviter l’asphyxie des déchets, on les retransforme en matières premières.

Pourtant cette démarche de progrès écologique par le progrès technique n’a aucune chance d’aboutir seule, parce qu’aucun aspect de la civilisation n’est isolable des autres7. Ainsi la forme actuelle de la financiarisation de l’économie (la volatilité des capitaux en fonction de rendements rapides) oblige à une gestion à court terme des entreprises ; or la sauvegarde de l’environnement est une démarche de long terme. Dès lors, c’est à l’État, et non aux marchés, de prendre la responsabilité du bien commun : mais l’État (ou l’Union européenne) c’est l’impôt, ou la création monétaire, ou l’incitation à l’utilisation de l’épargne privée. Hans Jonas, le père de la philosophie écologique, va jusqu’à envisager une « dictature bienveillante » de l’État8

Les progrès de la sphère numérique et robotique, eux, intéressent directement les entreprises privées. Le coût du travail est-il une entrave à la compétitivité ? Que l’on remplace les salariés par l’informatique et la robotique ! Une robotique dont les progrès se font déjà, dans l’enchaînement logique des recherches en technosciences, sans que l’homme en décide. Jacques Ellul parle « d’un processus sans sujet », qui marche tout seul. A contrario, la constitution pastorale de Vatican II, Gaudium et Spes, confirme l’humanisme : « C’est l’homme qui est l’auteur, le centre et le but de toute la vie économique et sociale »9.

La grande espérance

Pourtant, tout n’est pas si noir. On peut voir émerger une spiritualité écologique qui retrouve quelque peu la sensibilité biblique du temps linéaire. Il y a d’abord ce souci du bien commun. Pour la première fois dans l’histoire de l’Occident, la mouvance écologiste ne se contente pas de se soucier du bien commun dans notre temps et celui de nos proches enfants, elle se préoccupe de générations lointaines. L’écologie s’ouvre à l’inconnu, à « l’infini ». Cet « infini » de l’humanité n’est pas vécu comme une abstraction. Il demande des comptes aujourd’hui. Qu’avons-nous fait de la planète ? Il y a là comme une transcendance qui interpelle pour une fraternité universelle au-delà des temps présents. Il y va même de notre dignité d’homme d’aujourd’hui.

Pour l’écologie, « l’infini » de l’humanité n’est pas vécu comme une abstraction. Il demande des comptes aujourd’hui.

La transition énergétique et l’économie circulaire s’enracinent aussi dans une nouvelle perception de la nature. Avec la première révolution industrielle, il s’agissait de faire rendre gorge à la nature pour satisfaire de plus en plus les besoins humains, dans une triple violence : faite à la nature, à l’homme (par l’effort, la discipline et l’exploitation), et entre les hommes (lutte des classes). Dans la transition, la nature devient ce qui doit être sauvegardé dans sa diversité et sa pureté originelle. Le respect du vivant et de ses temps cycliques entre dans la perspective du temps linéaire du progrès.

Certains auteurs, à commencer par Jeremy Rifkin10, voient aussi dans les usages des technosciences l’avènement possible d’une société collaborative, sur les ruines d’une société hiérarchisée et hyperconcurrentielle. Pierre Giorgini observe « une émergence dans la créativité, comme cette voiture de Fiat co-conçue par 17 000 co-créateurs au Brésil »11. La plate-forme numérique redistribue les échanges d’idées et les modifications successives des scénarios multiples d’un projet interactif, assistée d’ordinateurs interconnectés.

Avec l’imprimante 3D et les « fab labs12 », « la frontière est de plus en plus poreuse entre l’activité personnelle de bricolage et le créateur de petites entreprises potentiellement ouvertes au marché mondial »13. Toute l’économie et l’organisation du travail s’en trouvent bouleversées : avec le développement de l’autonomie du travailleur salarié ou indépendant devenu expert de sa machine numérique, la personnalisation des produits et services à la carte ou sur mesure, une usine éparpillée, reliée en réseaux intra et extranet, à géométrie variable, une hiérarchie ténue remplacée par des travailleurs qui chacun font autorité par leur expertise dans un système de collaboration entre pairs, à périmètre sans cesse modifiable, à l’échelle locale ou mondiale. Ces créateurs co-élaboratifs auront-ils quelque chose à voir avec l’actuelle subordination du salariat ? Rifkin imagine d’étendre la société collaborative de production et d’échanges à toute la vie civile : que chaque foyer produise de l’énergie, mutualisée à son tour dans des réseaux d’échanges et de distribution sur le modèle d’Internet et de Wikipédia (triomphe de la coopération intellectuelle non monnayée). Cette économie, que l’on retrouve dans la consommation (on partage sa voiture ou l’accès à des objets utilitaires), a plus besoin de collaborations que de concurrence. Elle se décentralise à l’extrême, jusqu’à remettre en cause les pouvoirs centraux et les multinationales de l’énergie. La nouvelle richesse réside dans le capital social, à savoir la diversité et la multiplicité des réseaux de chacun.

Mais les visions comme celle de Jeremy Rifkin sont aussi très contestées. Les réseaux numériques ne sont pas des no man’s land que l’économie collaborative pourrait accaparer librement : ils sont sous le contrôle puissamment organisé des multinationales. Le vent et le soleil sont gratuits, mais pas leurs capteurs, très gourmands de ressources rares et chères. Une sélection inégalitaire va s’instaurer entre les virtuoses du numérique et les moins habiles. Les discours experts sur l’avenir, où tout part d’en haut, s’opposent d’emblée au pouvoir latéral qu’ils vantent. Les systèmes de rémunération, d’assurance, de fiscalité, de cotisations sociales semblent très aléatoires. Et que reste-t-il du salariat ? La transition ne se fera pas d’elle-même, ni partout à la même vitesse. Comment reprendre le contrôle des opérations ? Par l’élaboration concertée d’un nouveau contrat social.

Pour un nouveau contrat social par le dialogue

L’un des sens de notre actuel contrat social peut s’exprimer par l’article 4 de la Déclaration de 1789 : « La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Et tous les éducateurs à juste titre réaffirment que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. Cependant, au seuil de la transition énergétique, ce mode de relation à autrui est très insuffisant. Il contractualise une simple cohabitation pacifique. Les autres sont une limite de ma liberté, des adversaires potentiels de mon espace vital, un handicap possible pour mon épanouissement. Or l’écologie contemporaine redécouvre le bien commun, cette valeur sociale chrétienne développée par Saint Thomas d’Aquin. Si l’on veut limiter les gaz à effet de serre, l’individualisme (consubstantiel à la Déclaration des droits de l’homme, selon Marx) conduit à l’échec. La société collaborative requiert un autre paradigme du contrat social : la liberté de tous commence quand chacun se sent responsable de lui-même et des autres. Voire des autres êtres vivants. C’est le contrat social de la fraternité responsable, de la solidarité militante, de l’altruisme interactif.

La liberté de tous commence quand chacun se sent responsable de lui-même et des autres.

Qui dit contrat social dit dialogue entre les contractants. La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) propose avec insistance la création d’un comité permanent du dialogue social, afin d’arrêter de ne négocier qu’au cas par cas et dos au mur. Les partenaires sociaux et l’État ont besoin d’une visibilité globale : « Tout se tient ». Si le Grenelle de l’Environnement de 2007 fut un succès (même si les lois n’ont pas hélas toujours suivi), un modèle en acte de démocratie délibérative, c’est qu’il n’était guère question de majorité ni de minorité, mais d’un dialogue rationnel énonçant un bien commun à plusieurs voix. On faisait de l’Habermas sans trop le savoir14 ! Il est aujourd’hui urgent de réunir un Grenelle de la transition numérique et robotique avec toutes les parties prenantes, notamment les exclus des systèmes économique et technique.

Le dialogue social doit permettre de réfléchir à des structures d’entreprises qui ne se réduisent pas à des sociétés de capitaux. Si on ne réforme pas l’entreprise dans le sens d’une communauté d’hommes et de femmes, et d’un carrefour de compétences, la course à la compétitivité et à la diminution des coûts de travail aboutira à des entreprises robotisées sans salariés ni collaborateurs. Est-ce la transition souhaitable ?

Quant aux plateformes numériques de la société collaborative, elles ne peuvent ignorer les dimensions fiscales, sociales et juridiques. La CFTC expérimente en Seine Saint-Denis, avec la collaboration étroite de chercheurs et de professionnels, la mise en œuvre d’une telle plateforme avec un cahier des charges social. Ne refaisons pas Uber…

Le contrat social de transition pourrait ne comprendre qu’une alternative, quant à l’activité professionnelle : ou bien j’ai un travail (salarié ou indépendant) à rentabilité immédiate, ou bien j’ai un travail à rentabilité différée (associatif ou en formation continue) comme peut l’être aujourd’hui la recherche fondamentale. Dès lors, tout le monde aurait un statut de travailleur, le statut de quelqu’un qui a un rôle social et qui pourvoit par lui-même à ses besoins et à ceux des siens, sans se vivre comme un assisté. L’économie réelle robotisée peut créer la richesse qu’il s’agirait alors de redistribuer, entre autres, entre travail à rentabilité directe et travail à rentabilité différée. Toute une fiscalité et des transferts sociaux sont à revoir.


Quelles orientations du progrès voulons-nous ?

Depuis Bacon et Descartes, le but du progrès est de rendre l’homme invulnérable. Un modèle qui se nourrit de « l’angoisse métaphysique d’une humanité incapable d’accepter sa finitude »15. D’où la visée transhumaniste, voire posthumaniste s’agissant des éventuels « cyborgs ». Mais dans cette démarche, l’homme est d’ores et déjà vaincu par la mort : il ne vit que dans le souci constant du rescapé.

Dans la démarche transhumaniste, l’homme est d’ores et déjà vaincu par la mort.

Immortel ou en quête d’immortalité, l’homme augmenté ne peut pas aimer, il ne peut pas se donner, il ne peut pas se risquer. La dignité de l’homme n’est pas la fierté d’un superman, mais la conscience de sa valeur spirituelle sacrée, quelles que soient ses déficiences biologiques et ses indignités morales. La grandeur de l’homme passe par sa vulnérabilité même. Pour que la société collaborative s’inscrive dans l’économie du don, dans la gratuité (au moins partielle) de l’ouverture aux autres, il faut « sortir de soi » (source du temps linéaire) ; sans transcendance l’homme n’a pas de porte de sortie.



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1 Homélie du Pape François, le 31/12/2013.

2 René Descartes, Discours de la Méthode, 1637, sixième partie.

3 Sphère « dans laquelle l’homme et le monde ne font qu’un avec Dieu », dit Benoît XVI en se référant à Teilhard de Chardin (Benoît XVI, Lumière du monde, 2010).

4 Claude Levi-Strauss, Tristes Tropiques, Plon, 1955.

5 Pierre Giorgini, Actes des Semaines sociales de France de Lille, novembre 2014.

6 « On va liquider la pensée en s’en remettant à une machine », La Croix du 31/03/2014.

7 C’est à juste titre que l’encyclique Laudato Si’ en appelle à une écologie intégrale, englobante.

8 Hans Jonas, Le Principe responsabilité, Cerf, 1990 [1979].

9 Constitution pastorale Gaudium et Spes « sur l’Église dans le monde de ce temps », Concile Vatican II, 1965, § 63. Elle est reprise presque mot pour mot de l’encyclique de Jean XXIII, Mater et Magistra, en 1961 (§983).

10 Jeremy Rifkin, La Troisième révolution industrielle, Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde, Les Liens qui libèrent, 2012, 412 p.

11 Conférence des Semaines sociales de France à Lille en 2014. Pierre Giorgini est l’auteur de La transition fulgurante, Bayard, 2014.

12 Un « fab lab » (contraction de l’anglais « fabrication laboratory », « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où sont mis à disposition des outils, notamment numériques, comme les imprimantes 3D, pour la conception et la réalisation d’objets [Ndlr].

13 Conseil économique, social et environnemental, Innovations technologiques et performance industrielle globale : l’exemple de l’impression 3D, 24 mars 2015.

14 Cf. Jürgen Habermas, Morale et Communication, Le Cerf, 1983, pp. 88-89 : « Au lieu d’imposer à tous les autres une maxime (une affirmation) dont je veux qu’elle soit une loi universelle (le Bien Commun de tous), je dois soumettre ma maxime à tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prétention à l’universalité. Ainsi s’opère un glissement : le centre de gravité ne réside plus dans ce que chacun peut souhaiter faire valoir, sans être contredit, comme étant une loi universelle, mais dans ce que tous peuvent reconnaître comme une loi universelle ».

15 Cynthia Fleury, dans La Croix du 31/03/2014, op. cit.


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