Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
En 2012-2013, l’attention médiatique se focalisait sur les mobilisations contre le mariage pour tous. Dans le même temps, de manière beaucoup moins visible, une autre dynamique, autour de l’initiative « Diaconia - Oser la fraternité », connaissait son développement majeur. Le contraste est réel entre ces deux formes de présence de l’Église catholique à la société. Avec Diaconia apparaît une manière d’habiter l’espace public qui ne consiste pas d’abord à défendre des points de vue mais, paradoxalement, à se laisser déranger par des intrus, ceux que, d’habitude, personne n’écoute. L’Église, ici, parle en s’exposant elle-même au travail auquel l’invite le message qu’elle porte. N’y a-t-il pas de manière plus vigoureuse et plus juste pour elle d’apporter sa contribution à la recherche du bien commun ? Bien entendu, ceci ne disqualifie nullement les formes plus classiques de participation aux débats de société. Mais ce type de parole ne peut faire autorité à lui seul. Si les Églises s’en remettaient uniquement à un mode déclaratif, énoncé à partir d’une tradition réflexive devenue peu familière aux contemporains, elles seraient ramenées, aux yeux de l’opinion, au jeu habituel des acteurs partisans, soucieux, comme tous les autres, de promouvoir leur discours et de conserver leur influence ; ce qui, en réalité, brouille sa spécificité.
Lorsqu’elles permettent, au contraire, que des voix jamais écoutées soient entendues et prises au sérieux, les Églises font revenir au premier plan des acteurs laissés dans l’ombre. Avec bien d’autres, elles rouvrent alors la question capitale, pour les sociétés régies par l’ethos démocratique, des contributeurs réels aux décisions d’intérêt public. Et elles le font, non pas en donnant des leçons, mais en se laissant interroger par des récits, des cris et des appels d’habitude ignorés. L’ethos démocratique est ainsi remis au travail, de l’intérieur, à partir de ses exigences propres.
Durant trois jours, 12 000 personnes se sont retrouvées à Lourdes autour du thème « Osons la fraternité », à l’occasion de la fête de l’Ascension, en mai 2013. L’enjeu était – dans la foulée de l’enseignement de Benoît XVI –, de redécouvrir la solidarité comme un élément central de la vie chrétienne, et, au passage, de revisiter les fondements théologiques des engagements sociaux. Pratiquement tous les diocèses de France étaient représentés, une centaine de mouvements et services d’Église avaient apporté leur contribution, 87 évêques avaient fait le déplacement. Le rassemblement avait été précédé d’un travail de préparation (plus ou moins intense selon les groupes), qui a duré jusqu’à deux ans et demi. Bref, un rassemblement en lui-même significatif, mais simple pointe émergée d’un ample remue-ménage qui s’effectue ces années-ci dans l’Église de France.
Pour la première fois en France, un rassemblement majeur de l’Église a donné une place primordiale aux personnes marquées par de grandes précarités ou handicaps.
Que s’est-il passé, justement, de si notable ? La nouveauté ne tient ni à l’invitation à la fraternité et à la solidarité (qui retentit tout au long de l’histoire de l’Église), ni à la conscience de l’importance des questions sociales, économiques et politiques (la doctrine sociale de l’Église le rappelle depuis plus de cent ans), ni à une analyse de la situation présente (laquelle n’était certes pas absente du rassemblement, mais ne constituait pas son axe directeur). À quoi tient, alors, la nouveauté de Diaconia ? Peut-être au fait que, pour la première fois en France, un rassemblement majeur de l’Église a donné une place primordiale aux personnes marquées par de grandes précarités ou handicaps. Une personne présente sur quatre vivait une de ces formes de vulnérabilité. Mais, surtout, ce rassemblement a fait une place primordiale à leurs paroles, leurs prières, leurs formes d’expression, leurs aspirations. Lors de la première matinée, le ton a été d’emblée donné par le groupe « Place et parole des pauvres ». Ce groupe, constitué d’une vingtaine de personnes marquées par la grande pauvreté, guidé par des accompagnateurs dont le rôle était de faciliter l’expression des premiers, avait préparé l’événement depuis deux ans et apporté sa contribution par ses réactions au fur et à mesure de l’élaboration du projet.
Dans son intervention liminaire, le groupe a fait une proposition de sens ; certes balbutiante, difficile à élaborer et à articuler – comme toute vraie proposition de sens, sans doute – mais qui dit quelque chose sur l’humanité, sur ce qui la fait vivre, sur la construction d’un monde commun, sur le rôle des institutions, sur l’importance des dimensions symbolique et politique pour vivre ensemble et, enfin, sur Dieu, la manière de le comprendre, de s’adresser à lui et de vivre de lui. Ils ont également parlé de l’Église :
« Ensemble, on peut transformer des choses et faire comprendre que l’Église n’est pas réservée à certaines personnes. Ensemble, on va construire un autre chemin, une autre expérience, pour que dans les rencontres, il y ait l’échange et l’écoute, et que, quand on sort de l’église, on fasse ce qu’on a dit. Diaconia, ça peut être le début d’autre chose : réveiller l’Église à une autre dimension, c’est-à-dire une manière de suivre le Christ dans sa manière à lui d’être avec les plus pauvres. Parce que lui, Jésus, il a traversé le même chemin que les pauvres. »
Il s’agit d’une parole d’autorité : ceux qui parlent disent « on », un « on » à entendre comme un « nous ». Ce n’est pas le « nous » du seul groupe Place et parole des pauvres, c’est un « nous » qui s’offre à contenir les 12 000 auditeurs présents (le texte commence par « ensemble ») et, pourquoi pas, beaucoup d’autres. Il est question, finalement, de toute l’Église. Ceux qui parlent disent : « ça peut être le début d’autre chose ». Ils lisent ce qui est en train de se passer avec le rassemblement comme un commencement et se permettent de le nommer comme tel.
Et ce « début d’autre chose », c’est quoi ? Un appel à « réveiller l’Église à une autre dimension, c’est-à-dire une manière de suivre le Christ dans sa manière à lui d’être avec les plus pauvres ». Il y a là une redéfinition de la mission de l’Église : suivre le Christ – jusqu’à présent c’est classique – mais avec une précision : « dans sa manière à lui d’être avec les plus pauvres ». Le rapport du Christ aux « plus pauvres » est regardé comme une clé pour comprendre sa mission et comme une pierre de touche pour la vivre. Ainsi, en quelques phrases, des personnes en grande précarité proposent aux 12 000 participants de lire ce qu’ils sont en train de vivre comme l’inauguration d’une nouvelle route, un réveil de l’Église, qui consiste à redécouvrir le Christ comme celui qui s’est lié aux plus pauvres, clé sans laquelle l’Église est menacée d’engourdissement et de sommeil. C’est à partir de là qu’ils proposent une manière de se rapporter les uns aux autres où il y ait « rencontre », « échange » et « écoute », donc un style de relation où chacun ait sa place et soit attendu comme contributeur possible au bien de tous. Il y a là toute une vision des rapports humains et de ce que la familiarité avec le Dieu de Jésus-Christ y provoque.
Ce type de parole fait autorité car il s’est affronté à la négativité ultime. Ces mots sont gagnés, au prix de rudes batailles, sur le silence et l’enfermement, dans des blessures souvent inguérissables. D’une certaine manière, ils ont traversé quelque chose comme la mort. Leur poids tient non à ce qu’ils imposent des vues ou énoncent des obligations, mais au fait qu’à partir de souffrances graves et profondes, ils osent ouvrir des voies. C’est un appel pour que dans l’Église, tous soient encouragés à accéder à leur propre parole et se sentent ainsi soutenus pour apporter leur contribution à la vie ensemble.
Ce type de parole ne s’est pas imposé d’emblée. Il a dû être expérimenté dans de petits groupes, faire ses preuves afin qu’une place primordiale lui soit faite ; et cela au prix de renoncements à d’autres manières possibles d’envisager un tel rassemblement. Ajoutons qu’il ne s’agit pas pour l’Église de quelque chose de très confortable (elle s’y entend en partie contestée dans sa manière de s’organiser). En revanche, les participants au rassemblement ont pu aussitôt en recueillir les fruits. Écouter des personnes elles-mêmes en situation précaire parler de cette manière permet que les langues se délient et tire tous les rapports vers la simplicité, la joie et la vérité.
L’Église n’est pas elle-même si les pauvres n’y font pas irruption à partir de l’audace que leur donne leur familiarité au Christ.
Sans doute retrouve-t-on, à travers ce souci de ramener au premier plan ceux que l’on a toujours tendance à oublier, une constante de l’histoire de l’Église. Le phénomène fait partie de son « mystère » : celle-ci n’est pas elle-même si les petits et les pauvres n’y font pas irruption à partir de l’audace que leur donne leur étonnante familiarité au Christ, pour déloger les disciples d’un rapport confortable à un maître qui, en réalité, a tout chamboulé en se présentant aussi comme un serviteur. En revanche, ce qui est peut-être nouveau à l’occasion de Diaconia – et cela est probablement lié à un trait d’époque –, c’est qu’ici est explicité ce qui autrefois advenait sans être dit.
Lorsque l’Église accepte sans crainte de vivre cela – c’est, me semble-t-il, ce à quoi l’appelle le pape François depuis le début de son pontificat –, elle touche les sociétés façonnées par l’ethos démocratique sur un point très précis qui, s’il n’est jamais mis au jour, les rend anémiques : c’est la question du sort fait à ceux qui n’ont pas suffisamment de capacités d’expression pour peser dans l’organisation du vivre ensemble.
Quand des personnes marquées par la misère ou le malheur ont la possibilité de s’exprimer (on voit également cela, par exemple, dans le documentaire Au bord du monde), l’on comprend que, jusqu’à présent, cela leur était impossible parce qu’ils vivent dans des conditions qui empêchent l’élaboration de la parole. Leur expression n’est possible que si elle est voulue, cherchée, appelée. Se trouve ainsi récusé l’axiome du libéralisme selon lequel il suffit qu’aucune censure ne pèse sur les locuteurs potentiels pour laisser le champ ouvert aux différents points de vue. À partir de là, peut s’envisager une dynamique : partir à la recherche de ceux dont la voix manque à nos échanges, avec, comme guide, ceux dont le point de vue vient d’être entendu pour la première fois, ces personnes semblables aux membres du groupe Place et parole des pauvres. Étant les plus proches de ceux qui sont ensevelis dans le silence, elles sont les mieux placées pour ouvrir la marche.
Dès lors, le débat cesse de se focaliser uniquement sur ceux qui savent se faire entendre. Un point de consensus est offert autour de la quête de ceux dont la voix n’est pas entendue. C’est, il faut le reconnaître, un combat âpre et de longue haleine, mais un combat susceptible de mobiliser chaque camp politique en fonction des thèmes qui lui sont particulièrement chers : soutien aux structures élémentaires de la société pour les uns, politique d’égalité des chances pour les autres et, chez tous, responsabilisation des organisations intermédiaires du fait de leur proximité au terrain. Chaque camp se découvre capable d’apporter sa sensibilité et ses compétences au service d’une cause que rien n’oblige à honorer, mais qui est symboliquement extrêmement forte, visant un trait essentiel du lien social : celui-ci ne tient pas, avant tout, à la rencontre de forces qui se conjuguent ou s’affrontent, mais à un appel, adressé à chacun par tous les autres, afin qu’il apporte sa contribution à un monde commun sans cesse à reconstruire. Nous sommes ici au cœur de la politique : ce lieu où il est question de l’organisation du vivre ensemble, de la manière de le structurer et de le réformer constamment. L’aborder en mettant au premier plan des préoccupations la contribution de tous à ce réaménagement permanent du monde commun est un rendez-vous capital qui rappelle au b.a.-ba du projet démocratique.
Cette manière d’envisager le débat public constitue une réplique au populisme qui monte. Elle répond en effet à une requête, somme toute légitime, qui s’exprime à travers ces courants d’idées : pouvoir se représenter l’unité d’une nation qui se sent fragilisée. Cependant, elle ne le fait pas en désignant un ennemi à abattre – là est la différence –, mais en redécouvrant l’élément fécondant du tissu social : cette capacité que nous avons de nous appeler mutuellement à l’existence, de nous montrer que nous avons besoin les uns des autres. L’effacement de certains dans l’infra-humain est une défaite pour tous. Les différences d’options politiques ne sont pas nivelées : elles sont accentuées, chaque famille de pensée étant encouragée à rechercher dans sa propre tradition ce qui est susceptible d’entretenir ou de réveiller cet effet d’appel. Il y a là, en effet, un point de consensus possible qui s’offre, autour de la recherche de ceux qui nous manquent ; et l’on peut parier que plus ce point est solidement assuré, plus il permettra de donner leur juste place aux conflits d’intérêts (c’est aussi la fonction de la politique que de les arbitrer).
Ce souci des oubliés redonne vigueur au jeu démocratique. Il le rouvre contre la tentation de réduire le débat à ceux qui savent défendre leur point de vue.
Au total, ce souci prioritaire des membres oubliés redonne vigueur au jeu démocratique. Il le rouvre contre la tentation – constante – de réduire l’espace du débat à ceux qui savent défendre leur point de vue. Il le conforte, parce que celui-ci ne peut que gagner à voir davantage d’acteurs entrer dans le jeu.
Lorsque des personnes marquées par la misère disent à voix haute ce qu’elles perçoivent du sens possible d’une vie ensemble, est rendu de nouveau perceptible ce que Myriam Revault d’Allonnes nomme « la force des commencements ». Toute la société est ramenée au lieu où résonnent les questions, à vrai dire abyssales, de sa raison d’être et de son projet. Il n’est pas étonnant que l’on trouve, pour accompagner ceux qui s’aventurent jusqu’en ces parages redoutables, les spécialistes des interrogations ultimes, les acteurs du religieux. À noter que le religieux alors, se situe non sur le terrain de ce que l’on doit faire ou pas, mais sur celui, plus fondamental, de ce qui préside aux commencements et de ce qui rend à nouveau perceptible la puissance qui s’y manifeste. Transcrits en vocabulaire théologique, c’est la question de la création, autrement dit, de ce qui soutient l’existence, et celle de la rédemption, c’est-à-dire de ce qui assure que le dernier mot de l’histoire n’est pas à l’absurde et à l’affaissement dans le néant. Et lorsqu’une instance du religieux mène jusqu’à ces lieux-là en se laissant guider par la parole des plus fragiles, elle donne à entendre qu’il s’agit pour elle d’une histoire gracieuse où il sera question de don, d’appel et de promesse.
Lors du rassemblement Diaconia, on voit une Église qui se risque en ce point. Et, bien entendu, elle se trouve la première mise en cause par les personnes en grande précarité, notamment dans sa volonté d’accueillir ceux qui d’habitude font peur : quels moyens se donne-t-elle pour lier son sort au leur ? Elle est ramenée, sans trop de ménagement, à une posture humble, là où l’on est démuni, sans réponse. Comme tous les acteurs de la solidarité, en somme, qui labourent ce terrain sans pouvoir se glorifier du nombre de leurs victoires. Elle se retrouve, sans même l’avoir voulu, aux côtés de tous ceux qui, dans la société, prennent des risques pour que ceux qu’on ne voit plus ne disparaissent pas totalement de nos échanges. C’est là un chemin pour sortir de l’imaginaire à vrai dire plutôt stérile, encore présent dans les têtes des croyants, d’une sorte de face à face entre l’Église et le monde, où chacun des protagonistes trépigne de n’être pas compris ou respecté par l’autre.
Dans cette posture humble, l’Église agit, elle propose, elle ouvre des chemins, mais non à partir d’un point haut qui lui donnerait de surplomber le paysage. C’est en se laissant elle-même prendre au dépourvu qu’elle fait signe. Il est clair, alors, qu’elle ne roule pas pour elle-même, ne cherche pas à s’auto-promouvoir. Elle a permis que des choses encore jamais dites puissent s’exprimer, et les croyants y reconnaîtront la trace du Dieu créateur et sauveur. Mais c’est en tant que servante que l’Église est intervenue. N’a-t-elle pas alors, en réalité, tenu toute sa place ?
Lorsqu’ils s’engagent à la recherche de ceux qui sont repoussés au bord du monde, les acteurs du religieux sont pleinement dans leur mission : celle de rouvrir le cercle du jeu des rapports humains et de l’empêcher, avec douceur, respect, mais fermeté, de s’enclore en lui-même. Ils le font non pas en invoquant immédiatement une transcendance, ce qui les ferait aussitôt sortir de l’ethos démocratique et les disqualifierait, mais en invitant à l’expérience de ce que l’on découvre dans la quête de ceux qui manquent. Ils pointent ainsi, sans même le dire, des questions fondamentales. Ils obligent à remettre au premier plan l’énigme posée par ceux qui ne sont pas là avec nous et, faisant éprouver le désir de l’absent, ils ouvrent l’interrogation primordiale sur les raisons de vivre ainsi que sur les dispositions que nous avons à les entendre et à les reconnaître, chez chacun. Au total, en s’engageant sur ce terrain, les acteurs du religieux jouent une partition contraire à celle qu’on est tout prêt à entendre de leur part : leur expertise tient non pas à une vérité qu’ils détiendraient et pourraient exhiber, mais à ce qu’ils se sont laissé désarçonner du fait-même du message qu’ils portent. La vérité qu’ils promeuvent leur est passée à travers le corps, si l’on peut dire. L’on se rend compte à ce moment, mais seulement à ce moment, que cette vérité ne tue pas. Au contraire, elle fait vivre.
À lire et à voir aussi :
Aurore Chaillou, « Faire place aux migrants, un pari osé ! », Revue Projet, n°336-337, oct.-déc. 2013.
Gilles Rebèche, Étienne Grieu, Aurore Chaillou, [Vidéo] La diaconie : « Permettre aux pauvres de se sentir en famille dans l’Église », Revue-Projet.com, 14/10/2013.
À lire aussi dans la question en débat
« Religions, une affaire publique ? »
Dans nos archives
Sa première encyclique, Deus caritas est (2005), a été déterminante dans l’impulsion de la dynamique Diaconia.
Voir les dix « notes théologiques » publiées dans Documents Épiscopat, n° 4, 2013, « Diaconia : Servons la fraternité ! ».
Lire l’article d’Aurore Chaillou, « Faire place aux migrants, un pari osé ! », Revue Projet, n°336-337, oct.-déc. 2013, sur l’expérience du groupe « Place et parole des migrants », groupe inspiré de « Place et parole des pauvres » [NDLR].
Contestée sur sa manière d’accueillir ceux qui n’ont pas de place dans la société et qui souvent font peur (il est frappant d’entendre les personnes marquées par la grande pauvreté dire qu’elles n’osent pas entrer dans les églises pleines, ne les fréquentant que lorsqu’elles sont vides). À partir de là, l’Église est renvoyée aussi, bien sûr, au regard qu’elle porte sur ceux qui ne correspondent pas aux idéaux qu’elle propose (divorcés remariés, personnes homosexuelles…).
Réalisé par Claus Drexel en 2013.
Quelques exemples de ce type de prise de conscience : le combat des noirs américains pour les droits civiques, dans les années 1960 aux États-Unis, avec la figure de Martin Luther King. En France, l’abbé Pierre, avec son fameux appel au cours de l’hiver 54, a joué aussi ce rôle. Le combat d’ATD Quart-Monde qui a débouché sur le rapport Wresinski (1987) et les politiques de lutte contre la grande pauvreté, de même.
Je pense ici à la réflexion de Raphaël Liogier, Ce populisme qui vient, Conversation avec Régis Meyran, Textuel, 2013.
Myriam Revault d’Allonnes, Le pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité, Seuil, 2006.