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La fin du temps

Anne-Marie Merle-Béra Vivre et mourir en unité de soins de longue durée. Érès, 2012, 110 p., 9 €

L’ouvrage invite le lecteur à voyager au cœur d’un album de peinture. Car on est vite happé dans ce monde, familier pour les uns, inconnu pour les autres. À travers une série de tableaux, l’auteur – mais son écriture nous évoque davantage un peintre – accompagne un père et sa fille dans une unité de soins de longue durée. Son intention est d’y faire vivre au lecteur « une expérience étrange et bouleversante » : celle des malades, des familles et des soignants. À travers moult petits détails du quotidien, nous sentons la fragilité des relations entre ces acteurs, sur la scène de la vie dans sa nudité et jusqu’à son terme. La vie ne cachant ni ses joies simples, ni ses éclats de violence sourde qu’il faut surmonter. L’enjeu est de préserver cette « petite flamme qui rend humain et permet de le rester dans l’inhumain de ces longs jours ». L’ouvrage nous livre la vie sans concession ni fausse pudeur, mais avec une délicatesse et une finesse remarquables : comme un pinceau effleurant la surface de la toile. La vie, « rien de plus ». À une époque et dans une société où, pour certains, agoniser rime avec indignité, il est bon de lire cette expression du mourir : « agonie douce et tranquille ». Le mourir n’est indigne que lorsque l’on veut l’escamoter, l’abréger à tout prix. Le sous-titre et les pages qui le suivent ne cachent pas cette réalité humaine. Mieux encore, c’est par une esquisse pleine de vérité que nous est livré « ce désir si fort d’exprimer, même ici, la beauté de la vie ». Merci Anne-Marie Merle-Béral.

Clément Nguyen
15 mai 2012
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