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Pourquoi les SDF restent dans la rue

Pascal Noblet L’Aube, 2014, 285p.14€

Le dernier ouvrage de Pascal Noblet, Pourquoi les SDF restent dans la rue, apporte des éléments de réponse ou de réflexion à une interrogation légitime : alors que l’Insee a observé entre 2001 et 2012 une hausse de 44 % des personnes sans-domicile – chiffre que l’institut lui-même appelle à manier avec précaution – la question est en effet loin d’être résolue. L’auteur est chargé de mission à la Direction générale de la cohésion sociale, qui joue un rôle décisif dans l’évaluation et l’élaboration des politiques publiques en ce domaine. L’ouvrage aborde un large pan des questionnements qui structurent les modalités de prise en charge et d’accompagnement des personnes sans-abri en France, en mettant l’accent sur leurs évolutions récentes. Depuis les théories sociologiques élaborées autour de l’objet jusqu’aux problèmes de définition de réalités sociales plus hétérogènes qu’une appellation unique ne pourrait le laisser supposer, en passant par l’influence et le rôle des acteurs associatifs ou par les tergiversations sur la priorité à donner à l’hébergement, au logement ou à l’emploi, l’ouvrage interroge de nombreux éléments du débat sur la prise en charge de la grande pauvreté. C’est un essai ou un commentaire politique qui est proposé ici, justifiant une certaine liberté de ton de l’auteur. Tous les acteurs en prennent pour leur grade : l’État, pour sa dépendance à une rationalité financière qui compromet l’efficience des politiques publiques ; les associations, accusées tantôt « d’idéologisme », tantôt de tenir un double discours et de jouer les girouettes lorsque des décisions sont prises ; les chercheurs, qui auraient tendance à ne pas suffisamment prendre en compte l’individualité des parcours ou à fournir des théories par trop « critiques » et « paralysantes ». Depuis son panoptique, Pascal Noblet distribue ainsi les bons et – surtout – les mauvais points. Si la lecture de l’ouvrage peut être recommandée, ne serait-ce que pour la connaissance fine du secteur dont fait preuve l’auteur, il convient de garder à l’esprit qu’il s’agit là d’une position particulière que différents travaux – dont ceux qui sont critiqués dans le corps du texte – amènent à nuancer.

Vianney Schlegel
23 mars 2016
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