Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

La sociologie comme elle s’écrit. De Bourdieu à Latour

Jean-Louis Fabiani Éditions de l’EHESS, 2015, 256 p., 14 €

Quelle est le rôle de la lecture dans la recherche en sciences sociales ? C’est l’interrogation de Jean-Louis Fabiani dans La sociologie comme elle s’écrit, qui regroupe des notes critiques et des comptes-rendus retravaillés pour l’édition de l’ouvrage. L’introduction tranche avec le climat ambiant des sciences humaines et sociales qui met fortement en valeur le travail de terrain : pour Jean-Louis Fabiani, la lecture, la compréhension et la discussion des théories sociologiques sont au fondement de l’activité intellectuelle et professionnelle du chercheur. À ce titre, le chapitre IV, recension de L’enquête de terrain, manuel dirigé par Daniel Cefaï consacré au travail de terrain et aux multiples questionnements qu’il suscite, fournit un contrepoint quelque peu ironique à l’éloge de la lecture. Les autres chapitres sont plutôt l’occasion de retracer les parcours intellectuels de quelques grandes figures des sciences sociales françaises et étasuniennes telles Pierre Bourdieu, Michel Foucault, Luc Boltanski ou encore Andrew Abbott et Randall Collins. Des notes à propos des ouvrages d’Ivan Ermakoff, Gérard Lenclud, Bruno Latour ou Cyril Lemieux complètent l’ouvrage, fournissant ainsi l’esquisse d’une histoire de la pensée sociologique – masculine – contemporaine. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et philosophe de formation, Fabiani manie avec aisance concepts et théories. Il inscrit les lectures présentées dans une réflexion épistémologique stimulante, à la croisée de questionnements classiques – quelle scientificité pour les sciences sociales ? Quelle cumulativité des théories entre elles ? – ou plus originaux : peut-il exister une théorie sociologique générale ? On regrettera néanmoins que ce qui fait la force de l’ouvrage, à savoir sa visée théorique et son hommage à la lecture, ne s’accompagne pas d’une réflexion sur la manière d’articuler théorie et empirie, matériau de terrain et travail de lecture. Esquissée dans la conclusion, cette question gagnerait à être développée pour nourrir les réflexions sur la pratique contemporaine de la recherche.

À lire aussi sur Revue-Projet.com :

Vianney Schlegel
15 mars 2016
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules