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Je n’avais pas eu jusqu’à ce jour, pour des raisons professionnelles, la liberté de militer dans un parti politique. Ma situation ayant changé, j’ai enfin pu participer aux dernières campagnes présidentielle et législative et donner un peu de moi-même au profit d’hommes en qui je crois.
C’est dans le cadre de ma profession d’agent immobilier que j’ai rencontré une militante de longue date de l’Ump. Au cours de conversations, elle me fait part de ses convictions politiques. Et je découvre mon propre désir de passer à l’action de manière concrète, autrement que lors de discussions entre amis ou en famille. Après un rendez-vous avec le responsable local de l’Ump à Ivry-sur-Seine, me voici invité à participer à une réunion de la section locale. Le dynamisme des échanges me convainc : je ressors avec ma carte d’adhérent ! Arrivé très tard dans la campagne, je voulais essayer de rattraper le temps perdu. J’aurais bien aimé voir reculer le temps pour reprendre la campagne dès le début, tellement je me suis passionné ! Bien sûr, c’est surtout à un débat d’idées que j’aurais aimé participer, mais je me rends compte qu’il s’agit d’abord de s’impliquer comme simple militant : être volontaire, disponible, se faire connaître. Je me suis retrouvé assesseur dans un bureau de vote. J’y ai découvert que la politique peut créer des tensions entre les personnes, mais aussi que la tolérance et l’acceptation des idées des autres y sont aussi honorables. Je n’avais été confronté jusque-là qu’à des membres de ma famille ou à des amis avec lesquels je peux débattre de mes idées politiques sans arrière-pensée. Là, je découvre qu’il faut être moins disert sur ses convictions : je suis regardé comme un ennemi potentiel, comme l’ami d’un candidat dont la victoire est annoncée. Les débuts en politique sont rudes ! Nous en reparlons le jour même avec des collègues, en mairie, en attendant les résultats qui s’affichent au fur et à mesure de l’avancement de la soirée de ce premier tour des présidentielles. Je ne suis pas le seul à avoir rencontré quelques déconvenues au cours de la journée.
A partir de ces résultats, il faut s’organiser pour augmenter les chances de réussite au second tour. Je prends plusieurs rendez-vous pour distribuer des tracts et participer aux dernières réunions électorales où nous présenterons en détail le programme de notre candidat. La victoire se prépare, j’ai le sentiment d’en avoir été un maillon actif.
La deuxième campagne est plus courte. Mais j’ai commencé à m’aguerrir, à prendre de l’assurance. Le candidat investi par l’Ump est un Ivryen, conseiller municipal de la ville, très au fait des attentes de ses concitoyens. On se sent forcément plus proche, humainement, de son futur député que d’un Président de la République avec lequel on a peu de chance de débattre en face à face !
L’espoir est de profiter de la vague bleue promise par les médias. Cependant, on ne peut se cacher la difficulté d’empêcher un communiste de reprendre le siège d’un autre communiste et celle de faire contrepoids aux mots d’ordre appelant à « résister à la droite ». Notre choix est de présenter un vrai programme local, de la part d’un futur député qui défend des idées, qui veut représenter ses concitoyens à l’Assemblée nationale, en étant au service de tous. Malheureusement, l’ancrage de la circonscription, la bonne connaissance de l’électorat par les sortants, le besoin chez certains d’un « contre-pouvoir », et une campagne très dure, dans laquelle il était difficile de faire passer des idées, face à la diabolisation récurrente de l’Ump et du nouveau Président (combien de fois n’ai-je entendu : « il me fait peur »), tout cela a contribué à nous faire mordre la poussière.
Jeune militant, j’ai appris en très peu de temps ce qu’est faire de la politique autrement et ailleurs que dans les salons. J’ai éprouvé les joies de la victoire et la tristesse de la défaite. J’ai redécouvert différentes facettes de la nature humaine : tolérance, respect, amour, haine. Mais c’est avec enthousiasme que je vais poursuivre mon engagement en essayant de m’impliquer dans la prochaine campagne pour les municipales, en essayant de garder intact un esprit de tolérance et de service des autres. Je me suis vu reprocher il y a quelques années mon « altruisme » : j’espère le conserver ! Tout en exposant mes convictions personnelles, en accord avec les idées de mon nouveau parti, je vais essayer de faire bouger les choses dans ma commune.