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Climat : « Nos moules meurent à cause de leur milieu naturel »

Jean-François Périgné est mytiliculteur. Il est également trésorier et chargé des questions relatives à l'eau pour la Confédération paysanne. (c) Aurore Chaillou/Revue Projet
Jean-François Périgné est mytiliculteur. Il est également trésorier et chargé des questions relatives à l'eau pour la Confédération paysanne. (c) Aurore Chaillou/Revue Projet
Dans la culture des moules, tout, ou presque, repose sur la qualité de l’environnement naturel. L’intervention humaine est minime. Or pour Jean-François Périgné, mytiliculteur à l’île d’Oléron, les bouleversements climatiques actuels mettent en péril les conditions d’élevage de ces mollusques.

« Aujourd’hui, nous sommes dans la même situation qu’un berger qui ouvrirait la porte de sa bergerie sur une prairie naturelle de montagne et verrait ses brebis mourir, non pas à cause du loup, mais à cause de l’herbe du pré. » Jean-François Périgné, 61 ans, est mytiliculteur : il élève des moules depuis une vingtaine d’années en Charente-Maritime, dans le pertuis d’Antioche. Il poursuit : « C’est ce qui nous arrive. Nos animaux meurent à cause de leur milieu naturel. »

Cet homme de la mer monte chaque semaine en région parisienne, à Bagnolet, à la Confédération paysanne, où il est à la fois trésorier et chargé des questions relatives à l’eau. Mais il n’a qu’une hâte : rejoindre son île. « J’habite l’anse de la Malconche, sur l’île d’Oléron. Quand je suis en mer, j’aperçois à l’est fort Boyard et l’île d’Aix. À l’ouest, une immense plage de sable, des dunes. Derrière, une forêt de résineux et de chênes verts. À marée basse, je vois les bouchots de captage de moules. À l’horizon, la houle qui déferle sur la longe de Boyard. De temps en temps, le miracle d’un dauphin qui te suit depuis le port… »

Une intensification des événements météos extrêmes

Jean-François Périgné a choisi son métier actuel pour être au plus près de la nature. Mais les bouleversements climatiques dont il est le témoin l’inquiètent. Bientôt retraité, il a autrefois élevé des chèvres dans les Cévennes avant de s’installer sur l’île d’Oléron en 1989. Dans un premier temps, il y a cultivé une algue japonaise, le wakame, avec deux associés. Mais fin 1999, la tempête Martin, avec des rafales de vent record de 198 km/h sur l’île d’Oléron, a détruit ses moyens de production. « Ça a été apocalyptique. J’ai tout perdu », résume-t-il. « Les aides de l’État étaient octroyées sur présentation de factures acquittées de remplacement du matériel. Mais je n’avais pas suffisamment de trésorerie pour avancer les frais. »

À l’époque, Jean-François Périgné donnait des cours sur les algues et pour le permis bateau dans un centre de formation : « C’est ce qui mettait du beurre dans les épinards. » Mais les cours prennent fin au même moment que « la tempête du siècle ». « Tout s’est arrêté en même temps. Ça a failli être une grosse catastrophe. Des investisseurs voulaient qu’on continue le wakame, mais j’avais besoin de faire un break pour ne pas péter les plombs. » Après deux années de coupure et de questionnement, il repart de zéro et se lance dans l’élevage de moules. « En 1999, c’était ma première tempête centennale, le genre de phénomène censé se produire une fois par siècle. Depuis, j’en ai connu deux autres. » Klaus, en janvier 2009, puis Xynthia, fin février-début mars 2010. Klaus endommage sérieusement ses installations et son cheptel de moules. « Presque personne n’est assuré en milieu maritime, tout simplement parce que la mer, c’est indomptable, imprévisible. J’avais fait le calcul par rapport à ce qu’on me proposait pour assurer mes filières. Tous les ans, j’aurais payé ce que cela me coûtait d’avoir un pépin autofinancé tous les cinq ans. »

2009 est pour lui une année blanche : il ne se dégage aucun salaire, mais rembourse les dommages subis grâce à une aide de la Fondation de France. Habituellement, quand l’année est bonne, son revenu mensuel est d’environ 1 000 euros. En 2010, ses filières de culture de moules, situées en pleine mer, n’ont pas été affectées. Mais pour ses collègues dont les installations étaient sur le front de mer, le bilan est terrible1 : des conteneurs et des voitures partent à la dérive, des cabanes sont emportées au large, des bateaux s’agglutinent les uns sur les autres… En France, on dénombre près d’une cinquantaine de morts, dont douze en Charente-Maritime. Parmi eux, des éleveurs de coquillages.

Or selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), « les risques de phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique – par exemple, vagues de chaleur, précipitations extrêmes et inondations des zones côtières — atteignent déjà un niveau modéré et atteindraient un niveau élevé avec une augmentation supplémentaire de la température moyenne globale de 1 °C2 ». « En mer, souligne J.-F. Périgné, on assiste à l’intensification des événements météos extrêmes. En 2014, qui n’est pas classée comme une année de tempêtes, on a eu 14 avis de coups de vent en début d’année. C’était à peu près un avis de tempête tous les trois ou quatre jours. Des milliers d’oiseaux marins sont venus s’échouer sur les plages, parce que pendant deux mois, ils n’ont rien eu à manger : les poissons étaient planqués au fond de l’eau et les oiseaux devaient lutter contre le vent et des houles de 10 mètres de hauteur… Ils sont morts d’épuisement. » Ces coups de vent et ces tempêtes de plus en plus fréquents, confie-t-il, « ce sont des nuits de stress. Vous craignez pour le bateau qui est au port, pour les installations en mer. Et dès que la houle s’apaise, on se précipite sur nos bateaux pour voir s’il y a eu des dégâts. »

Quand la mer monte…

Depuis une trentaine d’années, il a vu la côte changer, notamment du fait de l’érosion, qui est en partie une conséquence de ces tempêtes à répétition et de la hausse de l’océan. « La mer reprend ses droits. L’île d’Oléron est la zone la plus rognée en Europe. » Les submersions marines sont de plus en plus fréquentes. Concrètement, pour les conchyliculteurs, les éleveurs de coquillages, cela signifie que des zones sur lesquelles ils avaient installé des bouchots pour leurs moules ou des parcs à huîtres sont de moins en moins découvertes lors des marées. « Dans certains parcs, les gens travaillent en combinaison et en tuba, à tâtons. Dans peu de temps, ces parcs-là devront être abandonnés, car c’est quasiment impossible d’y travailler. »

L’élévation du niveau des océans est une conséquence directe des changements climatiques : la hausse de la température de l’eau entraîne sa dilatation. Selon l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), « depuis 1900, le niveau moyen de la mer s’est ainsi élevé d’environ 19 cm. […] Relativement stable depuis 6 000 ans, le niveau des océans pourrait s’élever de 26 cm à 1 mètre par rapport au niveau actuel d’ici 21003 ». Selon un rapport dirigé par le climatologue Jean Jouzel, le taux d’élévation au niveau des côtes françaises est proche de la moyenne mondiale4.

Prendre le large pour s’adapter

Cela explique que depuis une vingtaine d’années, certains mytiliculteurs, comme Jean-François Périgné, cultivent leurs coquillages en pleine mer plutôt que sur l’estran, l’espace découvert par la marée. Ils travaillent au large, sur des « filières » et non plus sur la plage, sur des « bouchots ». Une filière est composée d’une longue corde qui flotte grâce à des bouées ; tous les mètres, des cordes de 4 mètres descendent dans l’eau et autour d’elles poussent les grappes de moules. Le paysan de la mer a trois filières de 100 mètres de long chacune, ce qui constitue une toute petite exploitation. Il récolte 24 tonnes de moules les belles années5. « Avec le système des filières, on est tributaire de l’heure de rentrée et de sortie du port, mais une fois que tu es sur l’eau avec ton bateau, tu peux faire des marées de huit ou dix heures. » Cet homme de la mer voit dans le développement des filières « un symptôme de la montée du niveau de l’océan ». Une nécessaire adaptation au changement climatique.

Pour anticiper son départ à la retraite, Jean-François Périgné s’est associé avec deux jeunes qui lui rachètent progressivement ses cultures. Et s’adaptent. Face à la récurrence des événements climatiques extrêmes, aux maladies et aux conditions météorologiques, ils ont décidé de travailler sur des filières réparties sur différents sites le long de la côte.

Le phytoplancton menacé

« On travaille avec un environnement naturel que l’on ne peut pas domestiquer », explique le conchyliculteur. Et dans la culture des moules, l’apport humain est minime. Jean-François Périgné se décrit comme un « cueilleur » : « On n’amène pas d’aliments, on ne nourrit pas le sol, on ne soigne pas nos animaux, contrairement aux agriculteurs, dont le métier consiste à faire croître le potentiel de la nature. » Les mytiliculteurs dépendent ainsi directement de la qualité de leur environnement naturel. Ils sont extrêmement exposés si ce dernier se modifie, qu’il s’agisse de la quantité et de la qualité de l’eau douce charriée par les cours d’eau, ou encore de la température et du pH de l’océan.

La culture des mollusques est située à proximité des embouchures des fleuves, car « c’est là que se trouve la production de phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire marine », explique ce passionné de la mer. Cette algue minuscule joue de plus un rôle primordial dans la vie sur terre : grâce à la photosynthèse, le phytoplancton transforme le CO2 présent dans l’eau et dans l’atmosphère en oxygène. Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons provient ainsi des océans, loin devant les forêts tropicales.

Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons provient des océans.

Or aujourd’hui, le phytoplancton est menacé. Selon un article de la revue Nature datant de 2010 et qui s’appuie sur des recherches scientifiques menées sur de longues durées, « depuis 1950, la quantité totale de phytoplancton aurait même subi une réduction de 40 %6 ». Le réchauffement de l’océan en serait la principale cause : « La partie supérieure de celui-ci s’est réchauffée d’environ 0,5 à 1 °C au cours du dernier siècle, accentuant l’effet de stratification de l’océan et limitant ainsi les échanges de nutriments entre l’eau profonde et l’eau de surface7. » Patrick Soletchnik, co-auteur d’une étude de l’Ifremer sur l’évolution des conditions hydroclimatiques dans le bassin de Marennes-Oléron depuis les années 19708, confie : « Je constate des choses aussi importantes que l’élévation de la température de l’eau de 1,5 °C en moyenne et une augmentation de la salinité, en lien avec le déficit d’apport des fleuves. » La baisse de la quantité de phytoplancton aurait pour conséquence possible « une moindre disponibilité de nourriture pour les espèces exploitées par la pêche9 ». Pour J.-F. Périgné, le phytoplancton devrait être classé au patrimoine mondial de l’Unesco : « Ça n’existe pas aujourd’hui, un organisme vivant qui serait protégé par l’Unesco, comme on protège des valeurs culturelles. Or c’est très clair aujourd’hui : sans phytoplancton, il n’y a pas de vie sur terre ».

En plus de mettre en péril l’aliment de base des moules, l’élévation de la température de l’océan conduit certains poissons prédateurs à migrer vers le nord : « On voit apparaître des espèces méditerranéennes, comme les balistes. Et les moules, c’est leur plat préféré ! », alerte le mytiliculteur. « Un autre vrai souci que l’on a, en lien avec le changement climatique, c’est que la glande qui produit le byssus, les petits poils qui permettent à la moule de s’accrocher, est affaiblie. Et ce serait lié à la température de l’eau, voire à l’acidification. Du coup, on a un phénomène de dégrappage des moules de plus en plus fréquent, dès qu’il y a un peu de mauvais temps. » Avec ses deux mains, J.-F. Périgné mime la chute d’une colonne de moules. Pour éviter de perdre leur récolte, les mytiliculteurs installent dès lors des filets autour des mollusques.

Un écosystème fragile

La localisation des cultures de moules dans les estuaires signifie également qu’elles sont très sensibles à la quantité et à la qualité de l’eau douce des fleuves et cours d’eau qui y débouchent. Donc aux pratiques agricoles en amont. « Ce qui se passe dans la cour de ta ferme finit toujours par arriver à la mer. La mer, c’est le réceptacle de tout. » Dans le pertuis d’Antioche, où se trouvent les filières de Jean-François Périgné, se jette la Charente. « À la source de la Charente limousine, c’est un paysage de bocage entre Angoulême et Limoges, de la polyculture-élevage, c’est très bien pour nous. Mais ensuite, la Charente passe par les zones de culture du vignoble de Cognac, et en redescendant vers la mer, c’est de la monoculture de maïs : la terre est devenue un support sur lequel on produit une plante tropicale pour laquelle il faut pomper de l’eau tout l’été pour reconstituer le climat le plus proche possible du climat mexicain… »

« Et fin août 2017, dans les quatre départements de l’ex-Poitou-Charentes, on avait 2 500 km de rivières à sec ! Le débit de la Charente à l’estuaire était de 10 m3 d’eau par seconde, le débit d’un robinet ouvert à fond… Or si on diminue l’apport d’eau douce, on concentre les toxiques. Pendant tout l’été 2017, on a vu nos moules maigrir. Rien à vendre. » À d’autres moments, les pluies orageuses, de plus en plus fréquentes, lessivent les sols, drainant des quantités importantes de pesticides vers l’océan.

La combinaison de ces facteurs, réchauffement et acidification de l’eau, arrivée de pesticides, pourrait peut-être expliquer les mortalités massives de coquillages auxquelles ont été confrontés les paysans de la mer ces dernières années. « Mais là, confie le conchyliculteur, on est plutôt dans la rubrique “observations étranges d’un professionnel de la mer”. En 2014, en quinze jours, 98 % de la production de moules de Charente-Maritime et du Sud-Vendée est morte. Sur les filières, c’était de la chair de moules en putréfaction. Tu naviguais sur une eau orange, pleine de filaments. Imagine les bactéries, l’odeur… C’était horrible. Ce que l’on sait, c’est qu’il y a eu un rétrovirus (l’herpès virus) et une bactérie, connus depuis très longtemps pour vivre en symbiose avec les coquillages. Du jour au lendemain, ils sont devenus pathogènes. Et ce qu’on a observé dans les animaux morts, ce sont des aberrations chromosomiques. Autrement dit, on est sur la piste des perturbateurs endocriniens, donc les pesticides. » D’autres épisodes importants de mortalités de moules ont eu lieu dans les pertuis charentais en 2015 et 2016, conduisant l’Ifremer à mettre en place le programme Morbleu (Mortalité des moules bleues). Le rapport 2017 de l’étude10 souligne que les trois années analysées, 2014 à 2016, se distinguent des seize années précédentes par des hivers et des printemps particulièrement chauds et par des taux élevés de nutriments dans l’eau (nitrates, phosphates et silicates) : « Cette élévation de concentration de nutriments pourrait être associée à la diminution des débits des fleuves due à une pluviométrie hivernale moindre en 2015 et 2016. Par voie de conséquence, les apports (lors du lessivage des bassins versants) seraient plus concentrés. »

Production annuelle de moules en France (2012-2017)

Année

2012

2013

2014

2015

2016

2017

Production de moules (tonnes)

77 138

74 138

57 633

56 801

61 010

62 330

Source : Comité national de la conchyliculture.

Le rythme de la nature… et celui des politiques

À qui la faute ? « Tout le monde a une responsabilité, l’État aussi. Mais il y a une inadéquation totale entre la durée du mandat d’un élu et les enjeux environnementaux, que ce soit au niveau du maire, de la communauté de communes, des députés, ou au niveau du président de la République. Au début de son mandat, un élu gère les dossiers que son prédécesseur avait mis en place et très rapidement il se positionne pour la prochaine élection… »

« Personne aujourd’hui, pas même les scientifiques, n’est capable de mesurer le temps qu’il y a entre une bonne décision environnementale – par exemple, je ferme le robinet des nitrates ou du glyphosate – et le temps de réponse de la nature. Cet enjeu-là est énorme : la nature a son propre rythme. Très concrètement, en Charente-Maritime, tous les ans, on ferme une dizaine de points de captage d’eau potable, à cause d’une pollution de la nappe phréatique à l’atrazine, un pesticide qui est interdit depuis une trentaine d’années… Nos coquillages, sous la forme qu’on leur connaît aujourd’hui, ont connu les dinosaures ! Ils sont arrivés jusqu’à nous intacts et, en une trentaine d’années, on est en train de tout foutre en l’air. On n’a plus aucun respect pour ce qui s’est fait avant et pour ce qui se fera après. » Le paysan de la mer enchaîne : « On a déclenché des phénomènes qui dépassent la technologie, l’intelligence humaine et les moyens humains, des phénomènes liés aux grandes masses atmosphériques, géologiques, hydrologiques de la planète. » Mais pour Jean-François Périgné, « c’est peut-être pas plus grave que ça, parce que la planète continuera à vivre sans nous ! »

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Retrouvez dans les pages de Basta !, Mediapart, Politis, Reporterre et la Revue Projet des articles qui se complètent et se répondent sur l’impact de la crise climatique sur l’agriculture et l’environnement, l’alimentation, l’énergie et la santé.

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1 « Le montant total des dommages subis par les conchyliculteurs [les éleveurs de coquillages] et les pisciculteurs pendant Xynthia avait été évalué à 70 millions d’euros, dont seulement 32,8 % avait pu être pris en charge au titre du dispositif d’aide d’urgence mis en place par l’État. » (cf. Conseils économiques sociaux et environnementaux de l’Atlantique, « Submersion marine et érosion côtière. Connaître, prévenir et gérer les risques naturels littoraux sur la façade atlantique », septembre 2015, p. 14, note 12).

2 Christopher B. Fiel, Vicente R. Barros et. al. (dir.), « Changements climatiques 2014. Incidences, adaptation et vulnérabilité. Résumé à l’intention des décideurs », Giec, 2014.

3 « Surchauffe des océans, quelle conséquence sur le niveau des mers ? », Ifremer [en ligne], 07/12/2015.

4 Jean Jouzel (dir.), « Le climat de la France au XXIe siècle. Volume 5 : Niveau de la mer. Principales conclusions du volume 5 », Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique/ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, mars 2015.

5 La production annuelle française de moules est d’environ 65 000 tonnes. La conchyliculture représente 4214 entreprises et plus de 18 000 personnes travaillent directement dans la production de coquillages (Confédération paysanne, « Les paysans de la mer face au changement climatique », supplément à Campagnes solidaires, n° 309, septembre 2015).

6 Daniel G. Boyce, Marlon R. Lewis et Boris Worm, « Global phytoplankton decline over the past century », Nature, n° 466, juillet 2010, cité par Claire Peltier, « Océans : le phytoplancton gravement en péril », Futura [en ligne], 31/07/2010.

7 C. Peltier, op. cit.

8 Patrick Soletchnik, Olivier Le Moine, Pierre Polsenaere, « Évolution de l’environnement hydroclimatique du bassin de Marennes-Oléron dans le contexte du changement global », Ifremer, juin 2017.

9 « Production primaire du phytoplancton : vers une diminution globale ? », Ifremer [en ligne], 09/12/2015.

10 Jean-François Pépin, Abdellah Benabdelmouna, Degremont Lionel et al., « Mortalités de moules bleues dans les secteurs mytilicoles charentais et vendéens : description et facteurs liés. Morbleu », Ifremer, 2017.


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1 réactions pour « Climat : « Nos moules meurent à cause de leur milieu naturel » »

Jo Le Guen
01 December 2018

Remarquable article. Les mécanismes qui ont généré cette situation ont (et auront toujours plus) d'impact dans d'autres secteurs professionnels. Le genre humain se saborde mais la planète s'en remettra. Sans nous.

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