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Sobriété : ce que les pauvres ont à nous dire

Intervention de l'association Magdala au colloque 'Quelle justice sociale à l'heure de la transition énergétique?', Ceras, Paris, septembre 2014 © Aurore Chaillou/Revue Projet
Intervention de l'association Magdala au colloque 'Quelle justice sociale à l'heure de la transition énergétique?', Ceras, Paris, septembre 2014 © Aurore Chaillou/Revue Projet
Étudier la sobriété à partir des contraintes que connaissent des personnes en situation de précarité, c'est le pari d'une équipe de chercheurs dans le Nord-Pas-de-Calais. Les conclusions sont surprenantes : le sujet n'est pas tabou et permet même, à certaines conditions, de poser des questions politiques et éthiques fondamentales. Une source d'inspiration pour nos institutions ?

Depuis les années 2000, la sobriété est devenue un thème récurrent. Il s’exprime dans le discours écologiste militant, avec par exemple l’ouvrage emblématique de Pierre Rabhi (Vers la sobriété heureuse, Actes sud, 2010), sous la plume incisive d’Yves Cochet (Pétrole apocalypse, Fayard, 2005), ou à partir de la réflexion d’ingénieurs (Négawatt). Pierre Rabhi développe l’idée d’une sobriété dans nos pratiques de consommation, notamment à partir d’une réflexion sur la question du besoin. L’approche est d’ordre spirituel, car elle cherche à retrouver un sens dans notre rapport à la consommation (pas simplement sur ses impacts écologiques, mais surtout sur ce qu’elle produit comme rapports sociaux). Yves Cochet propose une réponse plus politique, mobilisant une conception de la sobriété qui se construit comme une réponse structurelle aux crises écologiques, en particulier à la raréfaction des ressources fossiles. Le travail de l’association Négawatt, autour du triptyque « sobriété, efficacité, renouvelable », fait désormais référence1, même si la question de la sobriété y reste traitée assez modestement. On trouvera une application plus stimulante du côté de l’association Virage-énergie, qui fonde désormais ses modèles à partir de la sobriété2.

La notion s’invite même régulièrement, depuis 2010, dans les discours politiques3. Ainsi apparaît-elle trois fois dans l’avant-projet de la stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable4 en 2014, non sans un certain nombre de difficultés d’usage ou de précisions sémantiques. Il reste encore à savoir s’il ne s’agit pas d’une simple coquetterie de langage, d’un terme qui, puisé parmi d’autres, permet à celui qui l’utilise de se draper dans une posture originale…

Sobriété, une notion délicate à manier

Les usages de la notion de sobriété soulèvent quatre types de difficultés.

- Il manque d’abord d’une définition stabilisée. La notion est généralement mobilisée de manière implicite, ou plus souvent encore, quasiment assimilée à celle d’efficacité.

- La deuxième difficulté est d’ordre méthodologique. Contrairement aux scénarios d’efficacité ou de renouvelable, la sobriété est difficilement modélisable, en raison de l’absence de pratiques clairement identifiées et chiffrées. Les indicateurs manquent, d’autant que la sobriété relève surtout d’une pratique sociale aux contours flous. Négawatt a souligné sa difficulté à produire des scénarios de transition vers la sobriété.

- La troisième difficulté provient des conséquences de la sobriété. Loin d’être une simple démarche volontariste, elle est surtout une réflexion sur les conséquences de son application. Elle mobilise des questions de justice sociale (accès équitable à l’énergie), mais aussi économiques (quels effets sur notre modèle productiviste et consumériste ?). Autrement dit, c’est une question éminemment politique, qui nécessite des arbitrages de fond. Avec Négawatt (ou Virage Énergie), le mot était souvent employé dans un usage performatif, comme s’il impliquait en lui-même une orientation. Mais dès que l’on commence à s’interroger sur sa mise en œuvre, un certain nombre de problèmes surgissent.

- Le quatrième obstacle est d’ordre éthique. Comment justifier l’usage de cette notion alors que les inégalités sont aussi importantes (au Nord et plus encore au Sud) ? La sobriété est avant tout une question d’équité : en situation de déplétion des ressources, de coûts énergétiques, de leurs conséquences écologiques (climat…), comment construire une politique de sobriété équitable ?

Les réseaux scientifiques (tout au moins en sciences sociales) commencent à interroger cette dimension5. Nous avons tenté, lors d’une recherche réalisée dans le cadre d’un programme financé par le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et par l’Ademe, de questionner les conditions de production et d’usage de cette notion6. Nous avons souhaité partir du point de vue de ceux qui sont déjà en situation de sobriété, c’est-à-dire les précaires, qui n’ont pas fait le choix de vivre dans la précarité énergétique. Leur point de vue est aussi une expérimentation (souvent douloureuse) de cette situation de manque. Il ne s’agit pas, bien sûr, de valoriser artificiellement cette expérience, mais d’en saisir les tensions, de comprendre les trajectoires d’adaptation à la réduction énergétique (dans le confort, la mobilité, etc.). De voir comment des parcours de vie tentent de gérer un tel rapport à l’énergie, et de quelles ressources ils disposent pour compenser ces pénuries. C’est là toute l’importance de saisir la dimension collective de la gestion de la sobriété.

Cette perspective de sobriété doit être resituée dans un certain contexte international, marqué par notre dépendance à l’égard des ressources fossiles non renouvelables (1). Si l’on reconnaît cette situation de rareté programmée, comment élaborer des cadres de discussion qui permettent un passage à la sobriété (2) ? Cela permet in fine d’interroger les perspectives politiques de la sobriété (3).

La finitude pour point de départ

Le point de départ de notre réflexion sur la sobriété a été de considérer que nous étions désormais confrontés à un pic pétrolier global7. Essentielle, cette limite énergétique l’est encore plus lorsqu’elle est reliée à notre dépendance sociale, politique et économique à l’égard de cette ressource. Nos modèles sociaux se sont développés à partir d’une consommation abondante de l’énergie à bas coût, et une contraction de cette offre interroge à la fois les usages sociaux et la dépendance énergétique8.

Au-delà de la question redistributive (question classique de la démocratie actuelle, qui pose la redistribution comme condition sine qua non de l’accès à l’égalité et de la construction de cette égalité), la contraction matérielle du pic pétrolier oblige à réfléchir aux conditions d’une négociation politique de cette égalité. Dans une situation d’abondance croissante, on peut considérer qu’il est possible d’accéder à plus d’énergie pour tous. Mais dans une situation de contrainte énergétique, quelles sont les conditions pour produire de l’égalité ?

Nous nous sommes appuyés sur le cadre théorique de la green political theory, un courant politique anglo-saxon qui s’est développé depuis une quinzaine d’années9. Cette réflexion invite à prendre au sérieux l’idée que l‘environnement produit une modification des rapports politiques10. On retrouve d’une certaine manière ce débat chez les économistes de l’environnement, entre durabilité forte et durabilité faible11. Pour notre part, nous avons opté pour l’approche de la durabilité forte, qui considère que le capital naturel n’est pas substituable par un capital technique ou financier. On pourra bien substituer, un temps, au pétrole un autre capital technique (comme le nucléaire, les gaz de schiste…) mais la question de l’uranium ou des gaz finira elle aussi par se poser. Si l’on ajoute à cela la question démographique et celle de l’équité d’accès à l’énergie, on comprend qu’il nous faudra appréhender autrement l’ambition d’une justice redistributive fondée sur l’hypothèse d’une répartition croissante de la richesse énergétique.

Mettre en débat la sobriété

La recherche « sobriété énergétique » a été l’occasion d’interroger les conditions d’une mise en débat de cette question. Nous nous sommes appuyés sur des expérimentations sociales et des méthodes de négociation qui avaient déjà intégré cette question, en particulier sur les expériences pilotes des « transition towns » comme Totnes, au Royaume-Uni12. Ce mouvement est explicitement basé sur le principe d’une mise en débat des politiques de sobriété (énergétique, alimentaire, mobilité…), mais à partir d’une insertion de cette notion dans le cadre d’une déplétion des ressources. L’enjeu est de transformer dès à présent nos modes de vie, afin de pouvoir les adapter à ces contraintes énergétiques. Ces nouvelles pratiques sont rendues viables par le fait qu’elles sont négociées et adoptées collectivement. Les villes en transition ont ainsi inventé des méthodes pour intégrer dans chacun de nos actes quotidiens le fait que le pétrole va manquer13.

Les villes en transition ont inventé des méthodes pour intégrer dans chacun de nos actes quotidiens le fait que le pétrole va manquer.

Sur notre territoire d’étude, il n’existait pas de telles mobilisations. Mais nous pouvions constater que certaines situations étaient déjà des modes de vie sobres. Une sobriété qui ne résultait certes pas d’un choix volontaire, mais qui représentait une réalité suffisamment importante pour devoir être prise en compte par certaines structures associatives ou collectivités territoriales. Nous avons ainsi travaillé pendant trois ans avec des acteurs accompagnant des personnes vivant la sobriété (comme l’association Magdala14), et étudié les méthodes employées pour négocier socialement cette sobriété. Comment vivre le « sans » dans une société qui n’est basée que sur la possession maximale et l’usage intensif de l’énergie ?

Une première surprise est venue de ce qu’aucune structure accompagnant des précaires n’a refusé de discuter de la sobriété. Si elles déplorent le sentiment de mal-être que peut générer le sentiment d’être dépossédé (et surtout d’avoir conscience de ne pas pouvoir aspirer à beaucoup plus…), elles insistent sur l’importance de gérer collectivement cette précarité, afin de renforcer l’identité du sujet. Contrairement à ce que continuent de penser nombre de décideurs, la question de la sobriété n’est pas un sujet tabou. Elle apparaît même comme un objectif légitime de l’action collective et publique : les collectivités territoriales (municipalités ou Conseil régional) n’ont pas manifesté de réticences (mais guère d’enthousiasme, non plus, notamment dans la volonté d’en faire un axe programmatique…).

La sobriété permet de construire d’autres types de rapports sociaux.

La deuxième conclusion est que la sobriété peut constituer un élément de réflexion solide pour interroger la place du sujet dans notre société – acteur consumériste, acteur polluant…. Elle est une occasion de questionner l’autonomie de l’individu face à ses choix énergétiques, ses rapports aux objets techniques, etc. Pour les associations, l’objectif premier n’est pas d’augmenter indéfiniment la consommation. Elles pensent au contraire que la sobriété permet de construire d’autres types de rapports sociaux, une fois qu’elle est acceptée comme situation imposée (ce n’est jamais un choix volontaire) et à partir du moment où, renégociée socialement, la dépendance au manque est compensée par des pratiques sociales, un accompagnement et, surtout, par un travail d’éducation populaire.

La dimension méthodologique est la troisième perspective importante. Accompagner ces personnes suppose de développer un savoir-faire qui permet aux précaires de travailler sur le manque, sur leurs rapports à l’énergie (chauffage, mobilité), à l’alimentation, au-delà de la dimension budgétaire. Mais la mise en débat d’une négociation autour de la sobriété repose sur deux conditions : d’abord une corrélation avec le manque vécu par les personnes, qui est révélateur d’un dysfonctionnement de la société. Ne pas avoir accès à l’énergie n’est pas seulement une question de coût, mais une contrainte liée à l’exclusion sociale multiforme. La seconde condition est qu’une telle négociation soit animée par une idée de justice. Les personnes pauvres ont très bien intégré l’idée qu’elles étaient victimes d’une inégalité d’accès à la ressource – doublée d’une inégalité d’accès aux pratiques sociales liées à cette ressource : l’énergie, ce n’est pas simplement le chauffage, c’est aussi la mobilité, un rapport au climat… Pour construire une méthodologie de la mise en débat, nous avons repris l’exemple des « transition towns » et tenté de légitimer leurs pratiques dans l’espace militant, associatif et institutionnel. Contrairement à la position de départ du personnel politique et d’une partie du personnel technique, qui misent sur l’idée d’abondance énergétique, il existe des méthodes d’animation pour accompagner hic et nunc l’émergence d’une culture locale de l’après-pétrole : scénariser, révéler les conditions de dépendance, faire émerger les interactions de dépendance.

Il existe des méthodes pour accompagner l’émergence d’une culture locale de l’après-pétrole.

Les collectivités locales peuvent-elles mettre en débat toutes ces questions et les traduire dans des politiques publiques ? La ville de Bristol a évalué sa vulnérabilité en cas de rupture de l’approvisionnement énergétique. 300 personnes ont participé à des réunions publiques sur le pic du pétrole et sur les priorités à se donner sur le plan local. À partir de là, la ville a élaboré des plans locaux de descente énergétique. La mise en débat, sans faux-semblant, sans rechigner, sans euphémiser, a permis de parvenir à une discussion à la fois concrète et imaginative15.

La réflexion implique aussi la mise en réseau des services concernés. Travailler, par exemple, avec la municipalité de Lille sur la décroissance de la consommation énergétique concernait aussi bien le service Développement durable que le service Risques urbains (celui-ci gérait les risques d’inondation ou d’émeute, mais pas le risque énergétique). De même, il fallait envisager la manière dont le centre hospitalier universitaire allait devoir s’adapter à l’idée d’une restriction énergétique, sinon à une rupture d’approvisionnement. Comment assurer la continuité du service hospitalier en pareil cas ?

Perspectives politiques de la sobriété

Nous demeurons dans une vision « cornucopienne » (selon le terme cher à Yves Cochet), celle d’une corne d’abondance de l’énergie. Trois points dès lors sont à souligner.

Premièrement, cette étude n’a de sens que si l’on raisonne à partir d’une contrainte matérielle énergétique, la finitude de la ressource (un stock épuisable, déjà bien épuisé…). Si l’on maintient l’imaginaire d’un monde d’abondance (via les innovations technologiques, l’exploitation intensive de la moindre ressource, le recyclage permanent…), la question de la sobriété n’a pas d’intérêt. Il apparaît difficilement conciliable, dans le même mouvement, d’aspirer à plus de confort pour tous et de reconnaître que la situation écologique atteint des limites indépassables. Dans une logique de finitude, on ne peut pas continuer à augmenter indéfiniment la consommation pour tous en équité. Ou alors, il faudra se résoudre à accepter des inégalités d’accès à la ressource et de l’accès au bien-être (n’est-ce pas déjà le cas ?). Or cette situation de précarité, vécue au quotidien par de nombreuses personnes, témoigne de ce que l’inégale répartition actuelle de l’abondance énergétique soulève d’importantes questions politiques et éthiques. La sobriété est un processus social et politique de coordination, de négociation, qui vise à instituer un partage équitable des efforts de réduction de consommation de l’énergie. Il ne s’agit pas de considérer la sobriété comme une stratégie d’atténuation de l’effet énergétique, mais en prenant acte du pic de pétrole, du réchauffement climatique et des inégalités sociales qui y sont étroitement liées, d’entrer dans une logique de réduction volontaire de la consommation au moyen de changements sociaux. Ce sont les comportements que l’on doit faire évoluer.

Deuxièmement, la mise en débat est acceptable si la sobriété est associée à la question de l’insertion sociale. Plus d’énergie abondante et peu chère, cela veut dire aussi plus de mobilité, plus de consommation de biens, avec tous les effets que l’on connaît sur l’environnement. Or les personnes en situation de précarité ont déjà découplé consommation d’énergie et bien-être : on peut consommer plus sans vivre mieux ! Et cette prise de conscience vient d’abord de ceux qui subissent une sobriété imposée. Mais il faut que ce découplage permette un travail d’introspection sur le sens que l’on donne au rapport à l’énergie. La sensibilité des associations avec lesquelles nous avons travaillé à ces questions de sens (ou de spiritualité, voire de religion), a sans doute facilité le travail d’analyse sur l’autonomie du sujet.

Grâce aux partenaires de cette étude, nous avons compris qu’il fallait dépasser les discours normatifs (la bonne sobriété, la sobriété heureuse…) et l’idée de mauvaise sobriété (subie, imposée…) pour envisager un dispositif de négociation sociale visant à réduire la consommation (il ne s’agit pas de faire mieux avec moins, ce n’est pas tenable), en prenant en compte un contexte global de contraction énergétique et de contrainte économique.

Le troisième enseignement fut la réticence des acteurs institutionnels à endosser le portage politique de la démarche. Si les élus comme le personnel administratif s’accordent sur le constat des tensions énergétiques à venir, ils restent extrêmement réservés à l’idée d’explorer sérieusement la construction de politiques publiques à partir d’une offre de sobriété. Le modèle d’abondance demeure. Certes, ils reconnaissent que « ça va être vraiment difficile ». Si Jean-François Caron, vice-président du Conseil régional et maire de Loos-en-Gohelle (considéré comme l’éden du développement durable !)16, utilise la notion de sobriété, il rappelle aussi que, dans sa commune, avec la moitié des gens au revenu de solidarité active, il est difficile d’en parler. Pourtant, notre étude montre qu’il est tout à fait possible de créer les conditions d’un dialogue. Il permet même précisément de mener une réflexion nouvelle sur notre rapport au monde et sur notre impact sur la biosphère. Reconnaître la réalité d’une contrainte matérielle suppose d’interroger un certain nombre d’éléments qui structurent l’ordre politique actuel. Ainsi, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, qui a financé notre étude sur la sobriété, développe dans le même temps la stratégie de la troisième révolution industrielle de Jeremy Rifkin, fondée sur un imaginaire de la relance de la consommation énergétique grâce à l’optimisation de la production17.

La question de la sobriété énergétique est un objet de négociation possible, quand celle-ci commence à la base avec des gens en situation de précarité. Mais ce processus doit être accompagné avec des méthodes et un projet, c’est-à-dire une réaffirmation des identités des individus (indépendamment de leur dépendance à l’énergie) et il doit faire sens au regard d’objectifs globaux. Car l’équité énergétique ne se résume pas à la question des rapports entre riches et pauvres en France, elle interroge aussi les rapports Nord-Sud. Les 9 milliards d’habitants annoncés pourront-ils accéder à une consommation énergétique à la hauteur de la nôtre aujourd’hui ? La réponse, plutôt négative, demande que la négociation soit menée, en profondeur, dans un débat sans faux-semblant, à la fois au niveau local et international.



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1 Association NégaWatt, Thierry Salomon, Marc Jedliczka, Yves Marignac, Manifeste NégaWatt, Réussir la transition énergétique, Actes sud, 2012, 376 p.

2 Virage-énergie Nord-Pas-de-Calais, Scénarios de sobriété énergétique et transformations sociétales, 2013, 274 p.

3 « Pour préserver notre planète, maîtriser nos consommations de ressources naturelles et diminuer notre empreinte écologique, nous construirons une société sobre et efficace. Il en va de la protection de l’environnement, de la préservation de la biodiversité et de l’indépendance énergétique de la France. » Jean-Marc Ayrault, Discours de politique générale, 3 juillet 2012.

4 Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020, dont la version finale a été adoptée en Conseil des ministres le 4 février 2015 [NDLR].

5 Citons deux livres qui ont fait date : Dominique Bourg et Alain Papaux, Vers une société sobre et désirable, Puf, 2010, 512 p. ; Marie-Christine Zélem, Politique de maîtrise de la demande d’énergie et résistances au changement. Une approche socio-anthropologique, L’harmattan, 2010, 323 p.

6 Luc Semal, Mathilde Szuba, Bruno Villalba, « Sobriétés (2010-2013) : une recherche interdisciplinaire sur l’institutionnalisation de politiques locales de sobriété énergétique », Natures Sciences Sociétés, n°22, 2014, pp. 351-358.

7 Agence internationale de l’énergie, World Energy Outlook, 2009, 660 p. Cette agence prévoit aussi une demande mondiale atteignant les 99 millions de barils par jour en 2030 contre 87 millions en 2010 (accroissement lié à l’évolution démographique mondiale et à l’augmentation de la consommation des pays émergents). Le gaz de schiste ne pourra que faire reculer de quelques dizaines d’années cette rupture énergétique…

8 Cf. Timothy Mitchell, Petrocratia. La démocratie à l’âge du carbone, Édition Ère, 2011, 128 p.

9 Cf. Andrew Dobson, Green Political Thought, Routledge, 2007 (1990).

10 Cf. Bruno Villalba, « Au fondement matériel de la démocratie », Revue Projet, n° 344, février 2015.

11 Sur ce point, cf. Jean Gadrey et Aurore Lalucq, Faut-il donner un prix à la nature ?, Les petits matins, 2015, 128 p. [NDLR].

12 Des expériences encore peu connues quand nous avons commencé à travailler, et que Mathilde Szuba et Luc Semal ont contribué à faire émerger en France. Rob Hopkins, Manuel de transition. De la dépendance au pétrole à la résilience locale, Écosociété, 2010 (2008), 216 p. Voir aussi Claire Wiliquet, « Villes en transition : vers une économie conviviale », Revue Projet, n° 324-325, décembre 2011 [NDLR].

13 On retrouve la même logique dans les stratégies de sevrage menées par les associations qui travaillent sur les addictions : ce n’est pas l’anticipation sur le résultat qui est important, mais la méthode mise en place dès l’accompagnement du premier jour.

14 Magdala est une association d’accueil de personnes en grande précarité, située à Lille. Cf. Association Magdala, « Manger ou se chauffer, il faut choisir ! », Revue Projet, n° 344, février 2015 et « Dans la charité, je vois une soumission », Revue Projet, n° 346, juin 2015 [NDLR].

15 Simone Osborn, « Building a positive future for Bristol after peak oil », Bristol City Council, 2009. Par exemple, un groupe de dentistes pourra se demander comment travailler dans l’après pétrole. Le système de soin dentaire est déjà très cher en Angleterre, or 80 % des amalgames utilisés aujourd’hui sont issus du pétrole. Si le prix du pétrole continue d’augmenter, les soins dentaires déjà inabordables pour une partie de la population le seront plus encore. Comment passer à une pratique sanitaire émancipée du pétrole ? Cela suppose de réfléchir sur l’alimentation, sur la prévention des soins dentaires.

16 Cf. Jean-François Caron, « Loos-en-Gohelle, la conversion d’un territoire », Revue Projet, n° 334-335, octobre 2013 [NDLR].

17 Pour une discussion approfondie de l’utopie de Jeremy Rifkin et de sa mise en œuvre, voir le n° 349 de la Revue Projet, « Sauvés par la révolution numérique ? », décembre 2015 [NDLR].


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