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Le pape François ouvre la voie de la social-écologie

© Manoocher Deghati-IRIN
© Manoocher Deghati-IRIN
Loin des reproches formulés par certains économistes, Éloi Laurent salue la façon dont le pape François articule, dans Laudato si’, écologie et inégalités sociales. Moins « naturelles » que sociales, les catastrophes écologiques invitent à entendre les alertes envoyées par les plus pauvres, et appellent des réponses sociales et politiques.

Un certain nombre d’économistes se sont montrés critiques vis-à-vis de l’encyclique Laudato si’. Vous semblez être d’un avis contraire. Pour quelles raisons ?

Je ne comprends pas Loué sois-tu comme une condamnation de l’économie, mais plutôt comme un défi adressé à une certaine vision de l’économie, qui se fantasme en science de la croissance. Cette vision, héritée du début du XXe siècle, est une mythologie, fondée sur le corpus néo-classique, qui est devenu un dogme. Si le modèle ne marche pas, c’est que la réalité a tort. Si en théorie l’État-Providence n’est pas censé marcher, il ne doit pas marcher en pratique. Si en théorie les marchés financiers sont parfaitement efficaces, les crises financières sont impossibles, comme on le sait bien. L’encyclique se désolidarise du dogme économique, avec des références explicites à des pensées novatrices comme l’économie écologique, discipline née dans les années 1980 pour dépasser la simple « économie de l’environnement ». Il est aussi fait implicitement référence à des courants originaux et méconnus de la grande majorité des économistes eux-mêmes, comme l’économie civile (qui met en jeu des biens relationnels, la gratuité, la réciprocité et la confiance) dans la tradition d’Antonio Genovesi1. Le pape renvoie également à la nécessité de disposer de nouveaux indicateurs de bien-être et de soutenabilité afin de dépasser le produit intérieur brut et la croissance comme finalités sociales. Il désapprouve enfin une conception trop étroite de l’économie de l’environnement qui reviendrait à penser que l’on peut tout marchandiser et tout monétariser. Sa critique des marchés du carbone tels qu’ils fonctionnent aujourd’hui et de la spéculation qu’ils peuvent engendrer me paraît frappée au coin du bon sens. Les économistes feraient mieux de travailler à y remédier plutôt que de dénoncer l’ignorance du pape, qui paraît au contraire très bien informé.

Surtout, je suis en accord profond avec l’articulation social-écologique proposée dans ce texte. En publiant l’exhortation apostolique La joie de l’Évangile avant Loué sois-tu, le pape François est parti, à raison, de la question sociale pour aller vers la question écologique. Dans sa première lettre, qui dénonce à la fois « la mondialisation de l’indifférence 2 » et « la culture du déchet3 », il dressait un réquisitoire contre la montée des inégalités. Avec Loué sois-tu, placée sous l’égide de François d’Assise, il fait le pont entre les deux visages du saint peints sur les fresques d’Assise par Giotto : le don du manteau et le sermon aux oiseaux. C’est à la fois le François du Cantique de frère soleil (saint patron des écologistes) et le François protecteur des pauvres – celui dont Bergoglio aurait choisi le patronage au dernier tour de scrutin après qu’un cardinal brésilien lui aurait soufflé « n’oublie pas les pauvres ».

En quoi la question écologique rejoint-elle celle des inégalités ?

On a tendance à regarder les crises écologiques, du point de vue de l’analyse, comme un domaine réservé des sciences dures et, du point de vue politique, comme relevant des affaires étrangères. Or ce sont des enjeux sociaux. Les inégalités nourrissent les crises écologiques et en retour, les crises écologiques font exploser les inégalités sociales. L’impact des tremblements de terre doit bien plus aux dynamiques sociales qu’à la tectonique des plaques. Ce sont bien des phénomènes humains – en particulier les inégalités – qui sont à l’origine de l’assèchement des lacs ou la disparition des espèces… Les animaux et les plantes ne se suicident pas ! En retour, la crise écologique déclenche des catastrophes sociales. Voltaire voyait dans les séismes un signe du destin, mais c’est Rousseau qui avait raison dans leur controverse autour du tremblement de terre de Lisbonne de 1755 : dans leurs conséquences, les tremblements de terre sont d’abord un phénomène social. À un an d’intervalle, Haïti et le Japon ont été frappés par un séisme de la même magnitude sur l’échelle de Richter. Le premier a tué 3 % de la population haïtienne, le second a fait dix blessés à Tokyo. Et c’est vrai partout : les récentes inondations dans le Sud-Est de la France sont liées à un changement climatique d’origine humaine – qui provoque des inondations plus fréquentes et plus intenses – et elle a eu des conséquences d’autant plus lourdes que la sur-urbanisation a réduit à rien le ruissellement. Sans parler de l’importance de facteurs comme le niveau socio-économique, l’accès ou non aux marchés de l’assurance et à un réseau social qui peut venir en aide aux sinistrés.

Comme le pape, je suis convaincu « qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement4 ». J’ai appelé cela, dans mes travaux, la social-écologie, et c’est bien la même intuition qu’« il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale5 ». Parmi les scientifiques dont s’est entouré François pour préparer ce texte6, on trouve notamment Partha Dasgupta, un des auteurs qui a le mieux souligné le lien entre pauvreté et destruction de la biodiversité. Dès le sommet de Stockholm en 1972, Indira Gandhi mettait ce lien en lumière en déclarant : « La pauvreté et le besoin sont les plus grands pollueurs ». La pauvreté conduit en effet dans le monde en développement à des dégradations environnementales insoutenables qui sont rendues nécessaires par l’urgence sociale de survivre. Ces dégradations résultent d’un arbitrage perdant à moyen terme entre bien-être présent et futur : les ressources naturelles constituant le seul patrimoine de la majorité des habitants des pays pauvres, comme le couvert forestier en Haïti (dont il ne reste aujourd’hui presque plus rien), leur dégradation se traduira à terme par un appauvrissement de ces populations.

Qu’entendez-vous par la notion de « sentinelles écologiques », employée dans votre dernier ouvrage7 ?

Les plus pauvres et les plus vulnérables nous alertent sur ce qui nous arrivera à tous si nous ne maîtrisons pas les crises écologiques dont nous sommes responsables. Quand des enfants sont handicapés à vie par l’inhalation de particules fines, quand les pauvres de la Nouvelle-Orléans meurent faute de secours et de soin, quand les plus âgés décèdent de déshydratation lors de canicules, ils nous apprennent quelque chose sur notre propre devenir. C’est ce que dit le pape François lorsqu’il reconnaît les faibles comme étant forts d’un enseignement dont nous pouvons tirer bénéfice si nous leur prêtons attention. C’est aussi une trace de son expérience argentine, marquée notamment par la lutte pour l’assainissement du bassin du Riachuelo-Matanza dont plusieurs millions de personnes dépendent et qui est l’un des fleuves les plus pollués du monde. On comprend ici l’importance d’avoir un pape issu d’une mégapole du monde émergent où les questions environnementales sont des questions de survie au quotidien : manger, boire, respirer, se laver. Les plus vulnérables aident aussi à penser les réponses : la sévérité des dommages de l’ouragan Katrina a mis en évidence l’affaiblissement très marqué des protections collectives aux États-Unis, après trente ans de néolibéralisme. Répondre à la crise écologique suppose notamment de repenser notre État-Providence, car nos sociétés ont besoin d’être plus résilientes face aux chocs du XXIe siècle.

Les enfants, les pauvres, les plus âgés sont des sentinelles écologiques.

Comment situez-vous ce texte par rapport à d’autres encycliques qui ont marqué le débat public ?

À mes yeux, Loué sois-tu est l’équivalent pour le XXIe siècle de la voie moyenne proposée par Léon XIII dans Rerum novarum8 entre le capitalisme et le socialisme. Cette position médiane est reprise par François, qui semble se tenir à égale distance du néo-libéralisme et du marxisme. J’interprète cette position comme la trace de son expérience argentine, où il a vu à l’œuvre après la crise de 2001 à la fois les ravages du dogmatisme économique des institutions internationales (principalement du Fonds monétaire international) et la récupération de la colère populaire par le péronisme et ses avatars, qui manipule le peuple sans vouloir le servir et use de la souffrance sociale comme d’un marchepied politique. Le pape n’est pas du tout marxiste, comme veulent le faire croire certains de ses adversaires en tentant de le disqualifier ! Le véritable renouveau politique passe à ses yeux, pour autant que je le comprenne, par la communauté et l’autonomie citoyenne, c’est le sens de son soutien au programme de redressement national patiemment construit par le Diálogo9 et superbement ignoré après la crise de 2001 par le couple Kirchner. Je partage pleinement cette exigence d’autonomie citoyenne. De même, la transition social-écologique sera nécessairement « polycentrique », pour reprendre l’expression d’Elinor Ostrom, l’impulsion venant d’une région, d’une ville, d’un collectif citoyen, etc.

François semble se tenir à égale distance du néo-libéralisme et du marxisme.

Mais la véritable innovation du texte est de proposer une nouvelle voie médiane entre l’économisme et l’environnementalisme, entre la réduction du monde social au calcul d’optimisation comptable pseudo-rationnel et un amour de la nature qui ferait l’impasse sur les humains ou se contenterait de leur faire la morale. Cette idée est d’ailleurs déjà présente dans Caritas in veritate10, où Benoît XVI prône une « écologie de l’homme » que François va appeler « l’écologie intégrale ». Autant Rerum novarum, rédigée quelques années après les premières lois de protection sociale dans l’Allemagne de Bismarck, annonce la troisième voie de l’État providence (même si ce terme est évidemment contesté par Léon XIII), autant Loué sois-tu, publiée quelques mois avant la Cop 21[la Conférence climat qui a eu lieu à Paris fin 2015, ndlr], annonce la troisième voie de la social-écologie.

Vous n’avez donc aucune réserve à formuler par rapport à Laudato si’ ?

Je suis un peu perplexe sur la nécessité, affirmée dans le texte, d’une « conversion écologique ». Il s’agit, il me semble, d’une démarche individuelle, alors que nous avons besoin d’une transition (social-écologique), c’est-à-dire d’un processus collectif de construction d’institutions robustes. Par ailleurs, l’encyclique minimise gravement l’enjeu démographique. Même si je peux en comprendre les raisons, cette posture n’est pas tenable dans la perspective de vérité scientifique qui est ouverte par le premier chapitre, surtout depuis la dernière révision des projections de population des Nations unies. La population mondiale ne va pas amorcer son lent déclin au XXIe siècle, comme on l’espérait : nous allons, suivant les tendances actuelles, vers 11 milliards d’humains sur la planète, trois des quatre milliards d’humains supplémentaires étant attendus en Afrique, dont la population continuera à croître après 2050 alors qu’elle commencera à décliner en Asie et en Amérique latine. La pression que cette croissance démographique fera peser sur les écosystèmes régionaux et globaux est tout simplement indéniable. Même du point de vue moral, cette minimisation du défi démographique n’est guère acceptable : ce sont les pays les plus pauvres et les plus vulnérables qui en seront le plus affectés.

Notre humanité semble incapable de reconnaître les limites de notre biosphère...

Dans un article publié dans Nature11, des chercheurs ont tenté d’identifier les « limites de la planète » : je suis partagé quant à cette idée, certes utile, mais aussi problématique. Je ne pense pas qu’on puisse dire que les limites de la planète sont seulement physiques. Elles sont physiques, politiques et sociales. Cet été encore, 3500 personnes sont mortes en France à cause des fortes chaleurs, et ce malgré les plans anti-canicule. Avec un réchauffement de 2°C, nos étés ressembleront à celui de 2003 [70 000 personnes étaient décédées prématurément en Europe, NDLR]. Beaucoup de personnes âgées ne résisteront pas, de petites îles seront inondées : le choix des limites climatiques est un choix social. À 2°C, limite de référence des négociations climatiques, on met en danger de nombreux États insulaires et on accepte des milliers de morts dans les pays développés.

Les limites de la planète sont physiques, politiques et sociales.

Il n’y a rien de naturel dans le fait de stabiliser à 50 % la destruction des espèces, la disparition de forêts primaires… Ce qu’il faut sauver, ce n’est pas la planète : c’est l’hospitalité de la planète pour les humains. C’est un choix que l’on fait en fonction de notre bien-être et de celui des générations qui nous succèderont. Quel impact écologique est-on capable de tolérer sur le bien-être humain ? Quel niveau d’inégalités sociales peut-on accepter du fait des dégradations de notre environnement ? C’est pour cela que François a raison de partir des questions sociales : la question sociale est première, elle façonne l’enjeu écologique, qui nous renvoie à la question sociale.

Propos recueillis par Jean Merckaert et l’équipe de la « Revue Projet », le 27 octobre 2015.



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1 Cf. par exemple les travaux de Luigino Bruni, proche du milieu coopératif italien.

2 La joie de l’Évangile, §54.

3 La joie de l’Évangile, §53.

4 Loué sois-tu (LS), §49.

5 Ibid., §139.

6 Une équipe scientifique a travaillé autour du cardinal Turkson pour préparer Loué sois-tu dans le cadre de l’Académie pontificale des sciences.

7 Éloi Laurent et Philippe Pochet, Pour une transition sociale-écologique. Quelle solidarité face aux défis environnementaux ?, Les petits matins, 2015, 80 p.

8 Lettre encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII sur la condition des ouvriers, 15 mai 1891.

9 La Mesa del diálogo argentino, littéralement « table de la conversation argentine », rassembla, à la suite de la crise de 2001, des représentants de l’Église, de la société civile et du gouvernement pour tenter de formuler des propositions économiques et sociales.

10 Lettre encyclique Caritas in veritate du pape Benoît XVI, sur le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité, 29 juin 2009.

11 Cf. Johan Rockström, Will Steffen et al., « A safe operating space for humanity », Nature, n°461, septembre 2009. Récemment, la même équipe de chercheurs a précisé que quatre des neuf limites qui rendent notre planète habitable avaient été dépassées. Cf. Will Steffen, Katherine Richardson, Johan Rockström et al, «Planetary boundaries : Guiding human development on a changing planet », Science, vol. 347, n° 6223, février 2015 [NDLR].


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1 réactions pour « Le pape François ouvre la voie de la social-écologie »

Claude Gogui
22 June 2018

Nous pensons que le pape fait une analyse d'une clairvoyance politique réelle et réaliste des expériences vécues antérieurement,dans sa marche avec l’Église et de ses relations avec les hommes(les populations),touché par son sens de l'humanisme.

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