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Transition énergétique : les prix de l’immobilier en question

©xo-mox/Flickr/CC
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La précarité énergétique, qui touche 15 à 20 % des Français, requiert certes un effort accru de rénovation thermique des bâtiments. Elle appelle aussi à desserrer l’étau des dépenses de logement qui étranglent les ménages. À quand une action publique déterminée pour faire reculer les prix de l’immobilier ?

Alors que la question des rapports de l’homme à l’environnement semblait, à la fin du XXe siècle, prendre le pas sur celle des rapports entre classes sociales1, la nature elle-même nous renvoie violemment, aujourd’hui, à la question des inégalités sociales. Les problématiques de l’énergie ou du climat à l’échelle planétaire trouvent bien sûr une traduction dans la thermique de chaque logement, mais elles nous surprennent aussi à interroger les formes urbaines et, plus sûrement encore, le prix du logement.

Précarité énergétique

Les débats sur la précarité énergétique dans le logement se sont cristallisés autour du rapport Pelletier, publié en décembre 2009. Ils soulignent la tension entre la nécessité d’orienter à la hausse les prix domestiques de l’énergie2 du point de vue de la transition, et la difficulté croissante d’une partie de la population à faire face à ses dépenses de chauffage. Cette question a déjà été largement défrichée par le Royaume-Uni, tandis que les politiques sociales allemandes paraissaient ignorer ces difficultés.

La hausse brutale des prix du fioul domestique – 62 euros par hectolitre en janvier 2010 contre 36 euros en janvier 2004, avec un pic à près de 95 euros en juillet 2008 – est venue compliquer singulièrement l’existence de nombreux ménages aux revenus modestes habitant des logements à forts besoins de chauffage. Elle dessinait une nouvelle figure de la pauvreté en France, principalement dans les logements du parc privé : des personnes plutôt âgées, propriétaires d’une maison individuelle, en zone rurale ou périurbaine. Et ce d’autant plus qu’il s’agissait de personnes à l’habitat éloigné des centres-villes, pour lesquelles la mobilité quotidienne implique des dépenses plus importantes qu’en ville.

Ce constat-là ne pouvait pas faire oublier cependant les habitants des grandes villes, locataires ou accédants à la propriété, frappés d’abord par les niveaux inégalés de la rente foncière, mais que les hausses des prix de l’énergie n’épargneraient pas. Les associations proches des personnes aux revenus les plus modestes font ainsi observer que la même dépense de chauffage dans le logement est d’autant plus difficile à supporter que le loyer ou le remboursement de prêt immobilier est important.

Or ces ménages habitent, plus souvent que la moyenne, des maisons ou des immeubles qui n’ont pas encore fait l’objet des travaux de rénovation thermique nécessaires. La précarité énergétique renvoie ainsi à la double incapacité d’assumer ses factures de chauffage et d’entreprendre les travaux qui permettraient de réduire le montant de ces factures.

La précarité énergétique renvoie à la double incapacité d’assumer ses factures de chauffage et d’entreprendre les travaux qui permettraient de réduire le montant de ces factures.

La population visée par ces difficultés peut être appréhendée tant par le montant des factures rapporté à ses revenus (ou à son « reste à vivre ») que par le risque de souffrir du froid dans son logement : elle représente entre 3 et 4 millions de logements, soit entre 15 et 20 % des ménages3. Il faudrait ajouter à cela la prise en compte des dépenses de mobilité, notamment en secteur péri-urbain ou rural.

C’est dire l’enjeu social d’un relèvement du prix des énergies, qu’il soit désiré par les avocats de l’environnement au moyen, par exemple, d’une taxe carbone ou bien par les distributeurs et producteurs d’énergie, alliés pour la circonstance. Mais c’est, surtout, constater que les structures d’inégalité sociale4 observées aujourd’hui s’opposeraient à la transition énergétique si elles n’étaient pas corrigées.

Les leviers de l’action publique

La rénovation énergétique des logements des ménages à revenus modestes représente certainement le premier volet de l’action publique contre la précarité énergétique dans le logement5. Elle est désormais bien engagée, notamment avec le programme « Habiter mieux », animé et financé par le budget de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah), auquel contribuent EDF, GDF-Suez et Total. Au terme de trois années de montée en puissance, le succès de ce programme (près de 50 000 logements financés en 2014) démontre qu’il a été possible de mailler des réseaux efficaces sur l’ensemble des territoires. Mais ce succès ne peut cacher le fait qu’à ce rythme il faudrait encore quatre-vingts ans pour traiter l’ensemble de l’objectif.

Aussi bien, la Fondation Abbé Pierre demande à la fois que le rythme annuel du programme Habiter mieux soit porté à 200 000 logements par an et que soit mis en place un bouclier énergétique, c’est-à-dire un dispositif d’aide financière personnalisée permettant aux habitants des logements non encore rénovés de faire face à leurs dépenses de chauffage. C’est l’idée de chèque énergie reprise dans le projet de loi sur la transition énergétique. Mais l’amélioration des performances thermiques des appartements passe souvent par des travaux sur les parties communes, dont la décision suppose un consensus entre copropriétaires souvent très difficile à obtenir – que ce soit pour la performance thermique, le confort, la santé ou la sécurité dans ces immeubles. Ainsi l’action publique devra-t-elle apprendre6 à faire avec la difficulté des prises de décision et favoriser l’amélioration de la performance thermique des copropriétés, qu’elles datent d’avant la période industrielle ou soient plus récentes, équipées de chauffage collectif ou individuel et même si ces logements ne sont pas ceux qui présentent les consommations d’énergie les plus spectaculaires.

Pour des raisons de contrainte budgétaire et d’efficacité, l’action publique sera amenée à concentrer progressivement ses moyens financiers sur les logements et les familles les plus menacées. Il ne sera pas possible de les toucher sans une coopération renforcée avec les collectivités, les associations et les agents économiques les plus proches : les entreprises et, surtout, les plus de 380 000 artisans du bâtiment présents à toutes les échelles de territoire et qui évoluent dans une grande proximité avec toutes les composantes de la demande, y compris sa fraction la moins solvable. Il serait insensé de ne pas chercher à tirer profit de cette capillarité naturelle, quand on sait la difficulté à organiser ex nihilo les actions de communication de proximité susceptibles de rapprocher l’offre et la demande de travaux de rénovation.

Mais cette problématique demande d’être resituée dans des dynamiques urbaines plus globales, qui conditionnent les dépenses permettant la mobilité des personnes comme les montants des loyers ou des remboursements de crédits. Faute de quoi, les résultats obtenus en matière de performance thermique des logements se réduiraient à néant.

Étalement urbain

Le débat sur la densité des formes urbaines revêt une forte intensité depuis plus de quarante ans en France (il est présent aussi au Royaume-Uni), sans avoir trouvé de traduction concrète. Car il présente l’apparence d’un jeu pipé où les décisions réelles des acteurs, notamment des particuliers, prennent sans cesse le contre-pied des recommandations des experts et des politiques publiques. C’est le cas, de manière emblématique, de l’opposition entre construction de maisons individuelles ou d’habitat collectif. La maison individuelle, décriée depuis trois ou quatre décennies par les experts, n’en continue pas moins de remporter les suffrages des consommateurs. Dans ces conditions, vaut-il mieux continuer à s’en prendre à eux ou essayer de mieux écouter leurs attentes et leurs contraintes ? D’ailleurs, le rapport entre la taille des immeubles et la densité est bien moins simple qu’on ne pourrait le croire et les coûts de la densification, certes importants, sont difficiles à cerner précisément. On ne peut donc attendre de salut du côté des formes urbaines, d’autant moins que l’inertie est forte en matière de logement avec un taux de renouvellement annuel du parc qui excède à peine 1 %.

La maison individuelle, décriée depuis trois ou quatre décennies par les experts, n’en continue pas moins de remporter les suffrages des consommateurs.

Il faut, en revanche, insister sur la logique économique qui conduit les particuliers à finir par se loger dans des maisons individuelles éloignées des agglomérations. Cette décision, plus subie que choisie, dans l’ancien ou en construction neuve, sur un terrain que l’on aura trouvé soi-même, constitue généralement, dans l’immédiat, la solution la moins coûteuse pour se loger, même en tenant compte des dépenses de transport induites, tant sont élevés les prix des logements et des loyers dans les villes. Et les ménages qui prennent ce type de décision se retrouvent extrêmement exposés au risque de hausse du prix des carburants. Nous voulons donc déplacer le débat et montrer que les questions décisives, plus sûrement que celle des formes urbaines, se posent d’abord sur le terrain des prix de l’immobilier.

L’évolution des prix du logement

La ville est traversée par un mouvement de centrifugation sociale qui se traduit par une évolution des valeurs vénales des biens immobiliers sur laquelle la société comme l’État paraissent avoir perdu tout contrôle, au point qu’il faut sans doute parler de bulle immobilière, si ce n’est de barrières d’octroi virtuelles à l’entrée des villes.

Des années 1960 à la fin des années 1980, les prix de l’immobilier rapportés à ceux du revenu disponible des ménages ont connu des oscillations assez bien contrôlées de l’ordre de 10 % autour d’une moyenne. L’économiste Jacques Friggit utilisait l’expression de « tunnel » pour signifier que les prix et les revenus savaient ne pas diverger.

L’Île-de-France, et particulièrement Paris, a ensuite connu un boom immobilier avec un point culminant atteint en 1991, tandis que la moyenne pour la France de l’indicateur prix/revenu ne progressait pas. À l’échelle du pays, c’est la période 2000-2008 qui voit s’opérer la rupture dont nous souffrons encore aujourd’hui, notre indicateur progressant de 80 %. L’évolution est encore plus spectaculaire pour l’Île-de-France, singulièrement pour Paris. Le revirement du marché opéré depuis ne se traduit guère, fin 2014, que par un recul d’à peine 10 % à l’échelle nationale.

Au total, la dépense en logement représente en 2012 près de 23 % du produit intérieur brut contre 19,5 % en 1984.

Au total, la dépense en logement représente en 2012 près de 23 % du produit intérieur brut7 contre 19,5 % en 1984. Pour les ménages, les taux d’effort nets se sont accrus, et plus encore pour ceux disposant de revenus modestes8. Les mouvements des prix paraissent clairement portés par le désir de l’entre-soi de la part des catégories de population les plus favorisées et les plus facilement mobiles, si ce n’est par la crainte de l’autre. Au-delà d’effets sociaux dévastateurs, cela pèse sur la rentabilité de l’investissement immobilier locatif. Ne sont habituellement profitables ex ante que les deux segments extrêmes, celui des marchands de sommeil (investissements faibles, loyers substantiels, pour des locaux dévalorisés et souvent insalubres) et celui des promoteurs de logements de luxe pour lesquels les prix ne connaissent apparemment pas de limite. Dans les segments intermédiaires, les loyers sont contraints par les revenus de la clientèle et ne peuvent pas suivre l’évolution de la valeur des biens. La rentabilité constatée ex post tient pour une grande part à la progression des valeurs des biens.

En définitive, le mouvement des prix, dans sa structuration géographique et sociale, pèse négativement à la fois sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la capacité des offreurs de logement à investir. Cette tendance de fond, depuis quinze ans, rend les hausses du prix de l’énergie de plus en plus difficiles à supporter, même pour des performances thermiques proches de la moyenne.

Graphique I : Prix des logements rapportés au revenu disponible des ménages9

Graphique I : Prix des logements rapportés au revenu disponible des ménages

Source : Conseil général de l’environnement et du développement durable d’après l’Insee, bases de données notariales et indices notaires-Insee désaisonnalisés.

Boom de l’immobilier : quelle signification ?

Alors que la presse se montre toujours consternée par les baisses de l’activité immobilière, confondant souvent l’évolution des prix et celle du nombre de transactions comme indicateurs de santé du marché, il reste à décoder ce qui s’y joue. Les ménages déjà propriétaires devraient se montrer indifférents aux évolutions du prix des logements qu’ils habitent. Car ils ne se trouvent généralement pas en situation de vendre leur habitation, si ce n’est pour en acquérir une autre dont la valeur aurait également progressé. Cela n’empêche personne, pourtant, de se réjouir de la progression de la valeur nominale de son patrimoine.

Le fait que la majorité des ménages (57 % en 2006) soient devenus propriétaires du logement qu’ils habitent pourrait ainsi justifier une opinion acquise à la hausse des prix de l’immobilier. D’autant que les locataires du parc social (17 % des ménages) se sentent protégés contre les risques d’explosion de leur dépense de logement.

Ce sont les locataires du secteur privé (21 % des ménages) qui sont le plus directement menacés par les hausses de l’immobilier.

Ce sont donc les très minoritaires locataires du secteur privé (21 % des ménages), ou les ménages décohabitants10, qui sont le plus directement menacés par les hausses de l’immobilier. Mais quel regard portent sur cette question les jeunes encore hébergés par leurs parents, dont ils peuvent se sentir solidaires d’un point de vue patrimonial ? Il faudra considérer ici le clivage entre héritiers et non-héritiers. Les héritiers voient la dépendance à l’égard de leurs parents accrue par l’explosion de l’immobilier, d’autant plus que l’attente des héritages se fait plus longue. Et les jeunes non héritiers, dont les familles sont dépourvues de patrimoine, souffriront plus encore de la progression des prix. Le prix croissant de l’immobilier marquerait ainsi une espèce de péage à acquitter (ou une interdiction d’acquérir) pour les descendants de familles sans patrimoine, en particulier pour les générations issues de l’immigration.

Vers un sursaut ?

Les efforts de rénovation énergétique du parc de logement et la mise en place d’un chèque énergie ne suffiront pas pour que les ménages puissent faire face à la progression des prix de l’énergie (nécessaire au regard des enjeux climatiques), si les dépenses de logement restent au niveau qu’elles ont atteint, et à plus forte raison si elles reprennent leur progression.

Or les pouvoirs publics se montrent bien souvent paralysés devant les mouvements des prix de l’immobilier, dont la progression est accaparée à 90 % par le prix du foncier. S’il est naturel que les professionnels se réjouissent des périodes d’explosion des prix, il est plus étonnant, et pas seulement en France, qu’après quelques mois d’alarme médiatique chacun semble s’habituer à cette évolution.

Un sursaut d’intelligence collective demanderait de partager informations et diagnostics.

Les acteurs économiques publics ou privés, les collectivités comme l’État, les banquiers comme les constructeurs semblent résignés devant une dynamique qui freine l’activité du bâtiment, en construction comme en rénovation, et qui met en difficulté un grand nombre de ménages. Un sursaut d’intelligence collective demanderait, dans un premier temps au moins, de partager informations et diagnostics. La tentation est forte pour chaque catégorie de chercher des boucs-émissaires. Elle montre, a contrario, l’urgence de gérer comme un bien commun11 la compréhension des événements. C’est à ce prix que pourraient être envisagées et négociées des modalités d’intervention foncière puissantes, telles que celles mises en œuvre dans les pays d’Europe du Nord. Loin de reposer sur un modèle unique, elles ont en commun de s’appuyer sur un engagement public fort, notamment par des procédures de planification urbaine.

La nécessaire transition énergétique ne saurait se résumer à une question technologique : elle nous renvoie collectivement à notre capacité à imaginer les moyens de maîtriser l’évolution du marché immobilier (un volume de transactions en France dont l’unité de compte est la centaine de milliards d’euros) et à notre capacité à vivre ensemble dans les mêmes espaces.

Le marché de la rénovation, un nouveau bien commun
Les marchés de la rénovation de l’habitat privé, malgré un potentiel de croissance important, progressent généralement moins vite que l’économie nationale. Depuis plus de vingt ans, le Club de l’amélioration de l’habitat en fédère les acteurs publics et privés pour observer et comprendre ces marchés et tester des solutions concrètes pour les dynamiser.
Ce club s’est donné pour règle de briser le cercle des échanges de reproches et de pratiquer ou de favoriser le dialogue entre acteurs publics et privés, professionnels de la conception (à cols blancs) et de la mise en œuvre (à cols bleus), entre ingénieurs et hommes de marketing, entrepreneurs et négociants, acteurs du bâtiment et de l’énergie.
L’association est ainsi incubatrice d’outils d’information favorisant la communication et la mise en contact aux interfaces entre offre et demande de rénovation. Des sites web sont proposés aux collectivités locales (www.energissime.fr). L’association est aussi porteuse d’une démarche pour que les artisans du bâtiment puissent contribuer à faire connaître les aides publiques à leurs clients modestes.

À lire dans la question en débat
« Aura-t-on l’énergie d’une transition juste ? »

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1 Serge Moscovici, Essai sur l’histoire humaine de la nature, Flammarion, 1968.

2 Pierre-Noël Giraud montre que la nécessité de faire face au changement climatique conduit à faire progresser les prix de l’énergie au-delà de ce qui résulterait de l’équilibre entre les réserves d’énergie fossile et l’évolution de la demande (Stéphane Foucart, « Climat, énergie : la croissance peut-elle continuer ? », débat entre Pierre-Noël Giraud et Jean-Marc Jancovici, Le Monde, 12/11/2014).

3 « Premier rapport de l’ONPE, Observatoire national de la précarité énergétique. Définitions, indicateurs, premiers résultats et recommandations », http://onpe.org, septembre 2014.

4 Y compris les inégalités de performance thermique des logements.

5 La construction neuve de logements n’est pas susceptible de changer rapidement la donne sur ce terrain.

6 Dans ce sens, on notera avec intérêt que l’introduction de la performance thermique parmi les critères d’appréciation de la décence d’un logement est prévue par le projet de loi de transition énergétique.

7 Les dépenses d’énergie et d’eau dans les logements représentant 10,5 % de la dépense de logement en 2012.

8 Commissariat général au développement durable, « La part du logement dans le budget des ménages en 2010 : alourdissement pour les locataires du parc privé », Le point sur, n° 117, mars 2012 et « Dépense en logement en 2013 : les dépenses courantes restent à la hausse, l’investissement fléchit », Le point sur, n° 181, janvier 2014.

9 Ce graphique est actualisé régulièrement et consultable sur le site du Conseil général de l’environnement et du développement durable.

10 On parle de « décohabitant » pour désigner les jeunes qui quittent le domicile familial et, dans les couples qui se séparent, celui qui quitte le logement de la famille.

11 Voir David Bollier, La renaissance des communs. Pour une société de coopération et de partage, Éd. Charles Léopold Mayer, 2014 [trad. de l’américain par Olivier Petitjean].


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