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Dossier : Vers une finance au service de la société ?

« Finance : les ONG doivent descendre dans l’arène »

©Finance Watch
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Entretien - Pendant trois ans, Thierry Philipponnat a incarné la bataille contre les lobbies de la finance à Bruxelles. Son bilan des progrès enregistrés depuis la crise est précis, nuancé. Mais sans concession.

Sept ans après la crise des subprimes, l’attention des médias quant à la santé du secteur financier est retombée. Y a-t-il lieu d’être rassuré par les réponses apportées depuis lors ?

Thierry Philipponnat – Beaucoup de choses ont été faites. Est-ce suffisant pour affirmer que la finance est remise au service de la société ? Non. Parmi de nombreuses conceptions possibles de ce service à la société, je retiens deux critères : l’argent va-t-il à l’économie productive, ou plus largement à des activités humaines ? Une entité financière qui ferait défaut (une éventualité inévitable dans tout secteur économique) risque-t-elle d’entraîner toute la société dans sa chute ?

Au regard de ces critères, nous sommes en meilleure position qu’il y a cinq ans. Les banques sont financées pour partie par leurs actionnaires, pour partie en s’endettant. Les règles de Bâle III1 imposent désormais aux banques d’avoir davantage de fonds propres de leurs actionnaires, autrement dit de « matelas » pour absorber les pertes éventuelles. Les grandes banques ont aujourd’hui trois à quatre fois plus de fonds propres qu’au moment de la crise. Mais les exigences étaient alors ridiculement faibles, de 2 % des actifs pondérés par les risques. Un actif peut être, par exemple, un prêt à une entreprise : si l’actif (le prêt) est de 30, il peut être évalué, par exemple, à 10 une fois pondéré par le risque, si ce type de créance est jugé peu risqué. En d’autres termes, les banques avaient pour obligation d’avoir en fonds propres moins de 1 % de leurs actifs totaux. Le risque de faillite tenait à une variation de 1 % de la valeur des actifs... On est passé de 2 à 7 % des actifs pondérés par le risque (avec une pondération un peu plus stricte). Bâle III préconise aussi que les banques disposent d’un minimum de 3 % de fonds propres non pondérés par les risques (« effet de levier »). Mais autant les États-Unis ont durci cette exigence (5 à 6 %), autant l’Union européenne, sous la pression du lobby bancaire, a remis à plus tard l’application des 3 %... Rappelons que les banques avaient 30 à 40 % de fonds propres au début du XXe siècle, et souvent jusqu’à 10 % encore pendant les Trente Glorieuses (sans pondérer les risques), une époque où les banques ne peinaient pas à financer l’économie productive…

Moins laxistes, les critères de Bâle III ne garantissent pas pour autant la bonne santé du secteur. Aucune obligation de fonds propres ne peut garantir qu’il n’y aura jamais plus de faillite bancaire – il y en a d’ailleurs encore régulièrement. Surtout, l’analyse des fonds propres conçoit les banques isolément, et de façon statique, alors qu’elles forment un système interconnecté. Si l’une fait défaut, le système n’est pas à l’abri de la contagion. Le château de cartes peut toujours s’effondrer.

Les faillites font certes partie de la vie économique. Mais si une grande banque fait défaut, les contribuables auront-ils à nouveau à payer ?

Thierry Philipponnat – L’Union bancaire, créée pour éviter que le château de cartes ne s’écroule si une banque fait défaut, repose sur trois piliers. La désignation d’un superviseur unique pour les 130 plus grandes banques européennes en est le premier. La Banque centrale européenne (BCE) a pris officiellement ses fonctions de superviseur le 1er novembre 2014. Elle vient de terminer un exercice de revue de la qualité des actifs des banques qu’elle va surveiller et cette revue a été couplée avec un « stress test » réalisé par l’Autorité bancaire européenne. Comme on le sait, 25 banques n’ont pas passé ces tests avec succès et vont devoir être recapitalisées (certaines l’ont déjà été). Cependant, aucun test et aucune revue de la qualité des actifs ne sauraient garantir la pérennité future des banques, notamment dans un contexte où l’évaluation de certains actifs de marché peut être considérée comme très incertaine2.

Le deuxième pilier de l’Union bancaire est la « résolution unique ». L’objectif est d’intervenir dans une banque juste avant qu’elle ne fasse faillite. En droit, rien ne justifie pareille intervention aux pouvoirs contraignants avant que la faillite ne soit effective. Aussi a-t-il fallu élaborer une législation exorbitante du droit commun. Deux textes européens (de 500 pages chacun !) octroient des pouvoirs considérables à une nouvelle autorité, le Single Resolution Board (SRB), qui entamera ses travaux le 1er janvier 2015 et assumera la totalité de ses pouvoirs un an plus tard. Les nominations à sa tête seront lourdes de sens. Car en matière de résolution, deux écoles s’opposent. Aux États-Unis, le débat est incarné, d’une part, par Sheila Bair, pour qui le sauvetage d’une banque par le contribuable est une aberration, et d’autre part, par Tim Geithner, ancien ministre des Finances d’Obama et grand architecte du sauvetage des banques avec l’argent du contribuable américain. En Europe, 450 milliards d’euros d’argent public ont été engagés pour sauver les banques (dont une partie a été remboursée). Y aura-t-on à nouveau recours ?

Le troisième pilier peine à se mettre en place. Si un système de garantie des dépôts (100 000 euros par déposant par banque) existe en Europe depuis 2009, il relève encore de chaque État. Un tel système suppose à la fois la constitution d’un fonds de garantie et l’existence d’un soutien de l’État en dernier recours. Les fonds de garantie des dépôts ne représentant toujours qu’une petite fraction des dépôts garantis dans l’ensemble de l’Union européenne (environ 5000 milliards d’euros), la possibilité d’un recours au contribuable est essentielle à la crédibilité du système. Mais comme il n’y a pas d’intégration budgétaire au niveau européen, certains pays, Allemagne en tête, s’opposent à tout système qui verrait de facto les dépôts des banques les plus vulnérables garantis par les budgets des pays les mieux lotis. D’où l’importance, par ailleurs, d’un système de résolution rigoureux : en cas de défaut, les actionnaires seraient les premiers affectés, puis les obligataires, puis les créanciers (par ordre de séniorité), puis les déposants, le contribuable ne venant à leur secours qu’en dernière instance. Le risque pour les déposants est donc faible3.

Le texte sur l’Union bancaire représente un tour de force compte tenu des difficultés techniques et surtout politiques. Il crée, dans une large mesure, les conditions pour éviter une nouvelle crise. Encore faut-il les mettre en œuvre…

Qu’en est-il des marchés financiers ? À entendre certains, comme Gaël Giraud, il serait presque illusoire de miser sur leur réorientation vers l’économie productive ou la transition écologique…

Thierry Philipponnat – L’Europe a abouti, après un marathon de négociations (deux ans), à l’adoption de la directive « Mifid ». Celle-ci aborde des sujets très disparates : trading à haute fréquence, spéculation sur les dérivés de matières premières (notamment agricoles), rémunération des intermédiaires financiers, transparence des marchés… Sur toutes ces questions, la directive ouvre la voie à de possibles progrès, mais s’agissant de sujets très techniques, le législateur en a délégué la mise en œuvre au régulateur européen, l’Autorité européenne des marchés financiers4. Surtout, l’UE a oublié de s’interroger sur l’utilité même des marchés financiers. Ceux-ci devraient servir, en principe, à allouer l’épargne de façon claire et transparente à ceux qui en ont besoin. Or aujourd’hui, ils servent davantage certains intermédiaires de marché, qui prospèrent souvent sans remplir leur fonction d’allocation de l’épargne à l’économie, que les utilisateurs finaux… Quelques initiatives européennes tentent certes de drainer l’épargne vers des investissements de long terme, comme ceux de la transition écologique, mais les investisseurs sont-ils vraiment incités à détenir des actifs sur le long terme ?

L’Europe a-t-elle tenté de dompter les marchés colossaux de produits dérivés ?

Thierry Philipponnat – En 2009, le G20 a demandé que toutes les transactions sur les produits dérivés standardisables (80 % le sont) soient enregistrées par une chambre de compensation. L’objectif est d’assurer qu’il y ait quelqu’un, quoi qu’il arrive, au bout de la promesse échangée. Par sa directive « Emir », l’UE a donné force de loi à cette obligation, qui est encore loin cependant d’être pleinement appliquée. Les Britanniques, par exemple, veulent exclure du champ de cette directive les dérivés de change (forme d’assurance contre le risque de change), qui selon eux ne sont pas des produits financiers, mais des produits commerciaux, qui n’ont donc pas besoin d’être compensés… Avec 1500 milliards de dollars échangés chaque jour, la City est le plus important marché de dérivés. L’hypocrisie est totale et les pays d’Europe continentale n’entendent pas en rester là5. Mais à elle seule, la compensation ne suffit pas : encore faut-il que le coupe-feu lui-même ne brûle pas, à force de concentrer tous les risques dans un même lieu. Actuellement, les régulateurs s’emploient également à contrôler ce risque.

A-t-on réussi à mettre les dérivés au service de l’économie productive ? On en est très loin. Les encours d’actifs sous-jacents de produits dérivés s’élèvent à 710 000 milliards de dollars (onze fois le Pib mondial). Si 7 % de ces encours sont des contrats entre institutions financières et non-financières, pour couvrir des risques, les 93 % restants sont échangés entre banques ou hedge funds. La grande majorité de ces transactions ne répond donc pas aux besoins de l’économie réelle. Elle la met même en danger, car les dérivés sont un puissant facteur d’interconnexion entre institutions financières, un vecteur majeur de propagation des crises. Si l’un fait faillite, tous ses partenaires d’affaires sont fragilisés.

Paradoxalement, si ce marché des dérivés – qui fragilise le système sans servir l’économie – explose, l’État n’y est pas étranger. Citigroup, jugée « too big to fail » (trop grosse pour la laisser faire faillite), est la banque américaine qui a reçu le plus d’aide publique pendant la crise : pour lui éviter la mort, l’État américain a injecté 45 milliards de dollars et garanti l’intégralité de ses dettes. Grâce à ce soutien public, la banque est repartie : son portefeuille sur les produits dérivés a cru de 69 % entre 2009 et 2014, un taux complètement déconnecté de la croissance économique réelle… Or une expansion aussi phénoménale génère un fort risque de crédit : jamais les contreparties des transactions de dérivés ne l’auraient pris si la banque ne bénéficiait pas du soutien implicite de l’État. Ce dernier joue, in fine, contre l’intérêt général. Si Citigroup avait payé pendant la crise pour les risques pris, elle n’aurait pas continué à développer autant son activité de dérivés. On est au cœur de l’aléa moral, une question loin d’être résolue. Ce n’est pas un hasard si 85 % du marché des dérivés est tenu par un oligopole des quinze plus grandes banques au monde6. Tant que ces banques gagnent en sachant que les risques extrêmes sont portés par la société, le problème est sans issue. Pour dégonfler le marché des produits dérivés, l’État doit absolument cesser de garantir l’activité des banques sur ces marchés.

Pour dégonfler le marché des produits dérivés, l’État doit absolument cesser de garantir l’activité des banques sur ces marchés.

Car, on le sait7, la scission bancaire n’a pas eu lieu. La France s’est contentée de filialiser 1 % de l’activité spéculative des banques. Le Royaume-Uni, échaudé par le sauvetage des banques, a adopté un cadre plus strict. La proposition aujourd’hui sur la table européenne est de confier au régulateur (la BCE) le pouvoir de séparer activités commerciales et activités de marché si leur hébergement sous le même toit posait un risque systémique. En janvier 2014, Michel Barnier en a fait la proposition. Son successeur à la Commission, Jonathan Hill, a assuré qu’il la reprendrait à son compte.

N’y a-t-il pas une question de taille excessive du secteur bancaire et un métier de service à réinventer ?

Thierry Philipponnat – La part de l’économie nationale captée par le secteur financier s’est fortement accrue. D’industrie de service, la finance est devenue un objectif en soi. L’inversion de la fin et des moyens est complète. La finance a largement prospéré en profitant que les dés soient pipés en sa faveur. Avant la crise, le secteur financier engrangeait 40 % des profits dégagés par l’ensemble des entreprises américaines. Sans même parler du niveau des rémunérations. Désormais, les revenus des dirigeants continuent d’augmenter, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, même quand la rentabilité des banques est en baisse ou quand elles écopent d’amendes d’un niveau inédit infligées par les régulateurs…

Si les marchés de dérivés, loin de servir l’économie, la mettent au contraire en péril, comment expliquer l’apathie du politique ?

Thierry Philipponnat – Comprendre tous ces mécanismes demande du temps. Le débat public ne le prend pas, et rares sont les responsables politiques à le faire. La peur de l’incompétence est forte : en l’absence de discours clé en main, les politiques épousent volontiers celui que leur proposent les dirigeants qu’ils fréquentent à haut niveau. Ou quand ils voient deux points de vue s’opposer, sans être sûrs de tout comprendre, de mesurer toutes les conséquences, ils prennent peur. Faire perdre leur sens aux mots est une technique très efficace pour prolonger indéfiniment le débat et plonger les politiques dans la perplexité. Le mot « efficience », par exemple, est invoqué comme un objectif à atteindre dans toutes sortes de débats sur les marchés financiers, sur le trading à haute fréquence, alors que tous les universitaires sérieux savent que l’efficience des marchés n’existe pas. Tout est fait pour que les questions soient perçues comme plus complexes encore qu’elles ne le sont. Aux États-Unis, la règle Volcker  [qui vise à limiter les investissements spéculatifs des banques et à empêcher les conflits d’intérêts, NDLR] tenait en 20 pages… passée à la moulinette des lobbies bancaires, elle en fait désormais 400 ; on peut être à peu près sûr qu’on a ainsi créé des failles dans le système (qui seront évidemment exploitées). Paralyser le responsable politique est une stratégie éprouvée pour maintenir le statu quo. Peut-être la tendance à déléguer au régulateur permettra-t-elle en partie d’y parer. Pourvu qu’il soit indépendant.

Tout est fait pour que les questions financières soient perçues comme plus complexes encore qu’elles ne le sont.

Autre argument récurrent : « Business is business. » Au nom de la concurrence, toute tentative de régulation est accusée de naïveté : « Vous n’êtes pas dans le monde réel. » Lors du débat sur la loi bancaire, des députés français m’ont accusé de vouloir « vendre nos banques aux Américains » ! Devant l’argument concurrentiel, qui n’est pas complètement infondé, la paralysie est garantie. De surcroît, sans même parler de connivence, la proximité sociologique des puissants économiques et politiques est réelle.

Les syndicats eux-mêmes sont des forces conservatrices importantes en matière bancaire : ils disent, pour la majorité d’entre eux, « Halte à la banque casino », mais toute mesure de régulation fait craindre pour l’emploi. Et cet argument de l’emploi est aussi brandi de façon éhontée par les dirigeants des banques. À long terme, c’est le dynamisme de l’activité économique, et donc l’adéquation des financements, qui créera de l’emploi. Or le système bancaire détourne aujourd’hui les ressources productives vers des jeux non-productifs. En Europe, 28 % des actifs des banques (22 % en France) servent à prêter de l’argent aux particuliers ou à des entreprises. Le reste, ce sont des prêts entre institutions financières ou des encours de produits financiers traités sur les marchés, dont une fraction seulement est utile à l’économie. En ne raisonnant que sur le crédit, on pourrait réduire des deux tiers la taille du secteur bancaire européen et avoir les mêmes crédits à l’économie ! Sur les 367 000 salariés qu’emploient les banques en France, 70 % travaillent dans l’activité commerciale de la banque et 30 % dans l’activité de marché. Il faut avoir ces chiffres en tête lorsque l’on raisonne sur l’équilibre à trouver entre une finance au service de la société et l’emploi dans le secteur bancaire.

Créée en 2011, l’ONG Finance Watch est encore récente8. Fait-elle déjà bouger les lignes ?

Thierry Philipponnat – La mission de Finance Watch, qui est elle-même une coalition9, est le plaidoyer pour que la réglementation financière prenne en compte l’intérêt général. Elle produit de l’analyse, de l’expertise dans des textes, et mène son plaidoyer par de la communication (presse, conférences, séminaires…), par le jeu des auditions et consultations officielles des législateurs ou des gouvernements, et par un lobbying ciblé (et transparent) auprès des personnes clés qui négocient telle ou telle directive ou réglementation. Sa place est désormais suffisamment reconnue pour que le nouveau commissaire européen aux services financiers, Jonathan Hill, critiqué pour son passé de lobbyiste à la City, juge nécessaire de promettre, au cours de son audition d’investiture devant le Parlement, qu’il soutiendrait Finance Watch pour assurer un équilibre des débats.

On peut déjà mesurer quelques résultats concrets de ce plaidoyer. Un travail conjoint avec Oxfam, les Amis de la Terre et Foodwatch a permis de limiter la spéculation sur les matières premières agricoles10. Un autre texte a été adopté au printemps 2014 pour que les épargnants soient informés de façon claire et concise sur ce qu’ils achètent, avec une alerte (comme sur les paquets de cigarettes) quand le risque pris est important. De même, l’influence de Finance Watch est palpable dans la proposition de Michel Barnier sur la séparation des banques. À l’heure de faire son bilan comme commissaire européen, ce dernier a d’ailleurs souligné combien l’ONG lui a permis de faire progresser des choses. Ponctuellement, ce travail de décryptage a permis de déjouer la stratégie de l’embrouillage… Mais le travail n’est pas terminé !

Qu’est-ce que les ONG peuvent faire de plus ?

Thierry Philipponnat – Le débat public aurait besoin d’un Finance Watch plus puissant, mais aussi de deux ou trois autres organisations, chacune avec sa sensibilité et ses modes d’action, capables de développer un discours argumenté sur la finance. Quand des responsables politiques veulent proposer de nouvelles régulations, ils savent qu’ils feront face aux tirs croisés des lobbies bancaires. Ils ont besoin des contre-feux de la société civile pour pouvoir tenir une position médiane.

Les responsables politiques ont besoin des contre-feux de la société civile pour pourvoir tenir une position médiane.

Les ONG ne doivent pas craindre de descendre dans l’arène, de prendre le risque d’entrer en contradiction avec des responsables politiques. La démarche suppose d’être lucide, d’éviter les risques de manipulation et de développer un sens tactique. Car le combat est rude. Les ONG doivent tirer parti de la complémentarité de leurs modes d’action – ainsi, Attac France et Finance Watch ont pu coopérer de façon très constructive. Les politiques tendront davantage l’oreille sur ces questions s’ils savent qu’elles peuvent leur faire gagner, ou perdre, des voix.

Propos recueillis par Jean Merckaert, le 22 octobre 2014 à Paris.



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1 Adaptées dans le droit européen à travers la directive CRD IV.

2 Certains actifs sont estimés à leur valeur de marché (marked-to-market), d’autres en fonction d’une valeur théorique calculée par des mathématiciens (marked-to-model). Pour une part importante, le calcul relève même du pari (marked-to-myth). Cf. Didier Marteau, « Une taxe Pigou, pas une taxe Tobin », Revue-Banque.fr, 26/06/2012.

3 Chypre fait figure d’exception : les banques ayant très peu de fonds propres et de créances, on n’a pu imputer les pertes qu’aux déposants (russes notamment).

4 L’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) est elle-même dépendante des régulateurs financiers nationaux (comme l’Autorité des marchés financiers en France).

5 Le torchon brûle aussi entre le Royaume-Uni et l’UE concernant les rémunérations des traders. Londres, jugeant que l’UE outrepassait ses compétences, a intenté un procès à l’ESMA. La City a aussi trouvé le moyen de réintroduire des rémunérations variables après avoir trouvé un autre mot que « bonus » pour les qualifier…

6 Deux d’entre elles sont françaises : BNP Paribas et Société générale.

7 Cf. les chroniques économiques de Gaël Giraud sur Revue-Projet.com : « Pourquoi les banques refusent d’être scindées », 09/01/2013 et « Le projet Moscovici enterre la séparation des banques », 21/01/2013 [NDLR].

8 Lire l’entretien de la Revue Projet avec Pascal Canfin, « Vers un contre-pouvoir aux banques ? », décembre 2010 [NDLR].

9 Finance Watch est composé de 76 membres : 41 institutions (dont, en France, le CCFD-Terre Solidaire, le Secours catholique, Transparency International) et 35 personnes physiques. Elle compte une douzaine de salariés.

10 La directive impose des limites de position (interdiction de prendre une trop grosse part du gâteau) sur les produits dont le sous-jacent est une matière première agricole.


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2 réactions pour « « Finance : les ONG doivent descendre dans l’arène » »

michel escoffier
24 November 2014

merci pour cet article précis concret et dépassionné, je vais le faire suivre à mon fils responsable financier d'une major, j'espère qu'il n'éludera pas dans ses commentaires les questions abordées...

Dominique HIESSE
22 November 2014

Bravo. très bon article clair et précis
mais que de chemin encore pour mobiliser l'opinion, la convaincre qu'elle est aussi intelligente que les banquiers pour comprendre les mécanismes qui détournent la finance de son utilité, et que les enjeux sont bien plus colossaux que les mesurettes proposées par les politiques qui n'ajoutent que de la crise à la crise et frappent les plus modestes sans pouvoir.
Dominique HIESSE

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