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Bombe atomique : pour que les évêques de France sonnent la révolte des consciences

Manifestation anti-nucléaire, Paris, novembre 2012 © Aurore Chaillou/Revue Projet
Manifestation anti-nucléaire, Paris, novembre 2012 © Aurore Chaillou/Revue Projet
Trois ans après avoir interpellé les évêques français en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de la France, le militant de la non-violence Jean-Marie Muller réaffirme avec vigueur sa conviction. Contre la raison d'État, il en appelle à l'Évangile.

« À un monde de violence et d’injustice, au monde de la bombe atomique, on ne saurait déjà plus rien opposer que la révolte des consciences, du plus grand nombre de consciences possible. » Georges Bernanos, 18 mars 1946

En novembre 2010, j’adressais aux évêques de France une lettre ouverte dans laquelle, sous le titre « L’urgence de délégitimer l’arme nucléaire », je disais mon espérance de les entendre affirmer haut et fort un « non possumus »1 face à la préméditation du meurtre nucléaire qui est le ressort même de la dissuasion nucléaire mise en œuvre en notre nom par l’État français. J’étais convaincu que, dans ce monde enténébré, une telle prise de position en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de notre pays contribuerait grandement à entretenir la petite flamme fragile de l’espérance. Plusieurs ont bien voulu me répondre, me disant qu’ils acceptaient et comprenaient mon questionnement. Cependant, les mois et les années ont passé et il n’a pas semblé urgent de dénoncer la préparation du crime nucléaire dont nous sommes tous, citoyens et citoyennes français, les complices si nous nous taisons.

Des amis m’interrogent : « Qu’en est-il de ta lettre aux évêques ? » J’avoue ne savoir que leur répondre… C’est pourquoi, je me permets aujourd’hui de suivre l’exemple de l’ami importun de l’Évangile en écrivant cette sorte de post-scriptum.

« S’ils se taisent,
les pierres crieront… »

Un évêque, qui s’est exprimé clairement en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de la France, m’écrivait récemment : « Je continue d’espérer que les évêques de France auront le courage de parler d’une seule voix sur ce thème. » Je ne me sens nullement autorisé à donner des leçons de courage, mais, malgré mes doutes, je voudrais partager cette espérance. Car je me souviens de cette parole selon Luc : « S’ils se taisent, les pierres crieront… ». L’évangéliste raconte en ces termes l’entrée de Jésus à Jérusalem :

« Toute la multitude des disciples, tout joyeux, se mirent à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus. (…) Quelques pharisiens, du milieu de la foule, lui dirent : Maître, rabroue tes disciples ! Il répondit : Je vous le dis, si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront ! Quand, approchant, il vit la ville, il pleura sur elle en disant : Ah ! Si en ce jour toi aussi tu avais compris le message de paix ! Mais hélas ! Il est demeuré caché à tes yeux ! Oui, des jours viendront sur toi où tes ennemis t’entoureront de palissades, t’encercleront et te presseront de toutes parts. Ils t’écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu fus visitée. » (Luc, 19, 35-44)

Jésus annonçait la prochaine destruction du temple de Jérusalem par les soldats romains. Commentant ces propos, Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, écrit : « Jésus défend la ferveur populaire des disciples par cette phrase énigmatique. En approchant de la ville, il se met à pleurer sur elle (…) qui bientôt, pour avoir préféré le chemin des violents au sien, va être totalement détruite par Rome : ‘les pierres crieront’. »

Un clivage reconnu

François Hollande a déclaré : « Nous avons une arme nucléaire. On peut penser ce que l’on veut de cette arme nucléaire. Je sais qu’il y a un certain nombre de nos concitoyens qui y sont hostiles. » C’est bien la première fois qu’un président de la République le reconnaît explicitement. Jusqu’à présent, le langage politiquement correct faisait valoir qu’il existait un véritable « consensus » par lequel tous les Français adhéraient au dogme de la dissuasion nucléaire. Nous savons désormais qu’il n’en est rien. Au demeurant, il ne pouvait s’agir que d’un consensus par défaut, dans la mesure où les Français n’ont jamais été consultés. Le sujet ne saurait plus être tabou (du polynésien tapu, « interdit, sacré »). François Hollande ne suggère pas que ces Français seraient des « pacifistes » irresponsables. Il semble reconnaître la légitimité de leur pensée : « On peut penser ce que l’on veut de cette arme nucléaire… »

Et, à l’attention de ses concitoyen(ne)s contestataires : « Moi, je leur dis : C’est notre protection, c’est notre garantie. Il faut la conserver et même la moderniser. » Mais peut-on vraiment « penser ce que l’on veut » de l’arme nucléaire de la France ? Les citoyen(ne)s qui lui sont hostiles n’envisagent pas que l’on puisse penser que cette arme soit moralement acceptable… La résolution de l’assemblée générale de l’Onu du 24 novembre 1961 n’affirme-t-elle pas que tout État qui emploie des armes nucléaires « doit être considéré comme commettant un crime contre l’humanité et la civilisation » ? Le concile Vatican II ne déclarait-il pas : « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation » ? Dès lors que la possibilité du crime nucléaire est légitimée, plus aucune éthique publique n’est possible.

Dans une conférence donnée le 1er juillet 2011, l’archevêque Francis Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège à l’Onu, a renouvelé fondamentalement la pensée de l’Église sur la dissuasion nucléaire : « La menace aussi bien que l’emploi des armes nucléaires est interdite par la loi. Il est illégal de menacer d’une attaque si l’attaque elle-même est illégale. L’illégalité de la menace et de l’emploi des armes nucléaires remet sérieusement en question la légalité de posséder des armes nucléaires. (…) En conformité avec le principe de bonne foi, il ne peut pas être légal de continuer à posséder indéfiniment des armes dont l’emploi et la menace sont illégaux. » Jamais, me semble-t-il, un haut responsable du Vatican n’avait parlé aussi clairement : non seulement la menace de l’emploi est interdite dès lors que l’emploi est interdit, mais surtout la légalité – et donc la légitimité – de la possession de ces armes doit être remise en question. La dissuasion nucléaire se trouve délégitimée dans son principe. C’est s’égarer que d’y voir une arme légitime de défense : elle est une arme criminelle de terreur, de destruction, de dévastation et d’anéantissement.

L’arme nucléaire ne nous protège d’aucune menace, surtout pas de la menace « terroriste ».

Les opposants à l’arme nucléaire n’envisagent pas non plus que cette arme puisse être conçue comme « notre protection ». L’arme nucléaire ne nous protège d’aucune menace, surtout pas de la menace « terroriste ». L’affirmation selon laquelle l’emploi des armes nucléaires serait un crime contre l’humanité et la civilisation est certes un jugement éthique. Mais cette affirmation ne doit pas seulement être considérée comme un principe moral qui soulignerait l’intention criminelle d’un tel acte. Elle doit être comprise aussi et surtout comme la condamnation d’un crime qui aurait des conséquences irréparables pour l’humanité et la civilisation. Le crime nucléaire est constitué essentiellement par le meurtre de millions d’innocents, par la dévastation de territoires entiers, par des atteintes définitives portées à l’environnement. La réalité la plus tragique du crime n’est pas l’immoralité du criminel, mais le malheur des victimes.

Au-delà de l’immoralité intrinsèque de l’acte nucléaire, celui-ci est marqué par une infaisabilité substantielle. Il est remarquable que nos responsables politiques feignent d’envisager avec sérénité de recourir à l’arme nucléaire. Ils ne prennent pas en considération les conséquences tragiques qu’auraient ces frappes pour l’humanité et la terre entière. Non, l’arme nucléaire n’est pas une protection : elle est une menace. Il n’existe, à l’évidence, aucun scénario dans lequel le chef d’État français pourrait recourir à l’arme nucléaire pour protéger notre société. Inutilisable en temps de crise, l’arme nucléaire est inutile en temps de paix. À ceux qui demandent : « Si nous renonçons à l’arme nucléaire, par quoi la remplaçons-nous ? », il convient de répondre : « On ne remplace pas une menace, on la supprime. »

Enfin, comment penser que le coût de la dissuasion nucléaire soit acceptable au regard de la crise que traverse notre société ? Les milliards consacrés au maintien et à la modernisation de l’arme nucléaire française – quelque 4 milliards par an – continueront de peser gravement sur l’équilibre du budget. Là encore, le désarmement nucléaire de la France apparaît comme une exigence impérative de la justice.

Le désarmement mondial,
prétexte à l’inaction

Face à cette situation inacceptable, la tentation des « experts » conscients du danger est de s’en tenir au vœu d’un désarmement mondial. Certes, il faut vouloir le désarmement nucléaire total, mais ne demander « que » lui, n’est-ce pas encore s’accommoder des armements nationaux ? Barack Obama, dans son discours à Prague, le 6 avril 2009, aussitôt après avoir « affirmé clairement et avec conviction l’engagement de l’Amérique à rechercher la paix et la sécurité dans un monde sans armes nucléaires », a pris soin de préciser : « Ne vous méprenez pas : tant que ces armes existeront, nous conserverons un arsenal sûr et efficace pour dissuader tout adversaire. » Avec un tel raisonnement, on s’enferme dans un cercle vicieux : qui renoncera aux armes tant que les États-Unis en posséderont ?

Voilà des décennies que les États nucléaires se sont engagés à négocier de bonne foi un désarmement nucléaire complet. Ils n’en ont rien fait.

Dès lors que tous les chefs d’États nucléaires ne cessent de clamer leur détermination à conserver et à moderniser leurs armes nucléaires – comme vient de le faire le président de la République française –, il est illusoire d’espérer la signature d’une Convention internationale sur leur élimination mondiale. L’utopie, ce n’est pas le désarmement unilatéral : l’utopie, c’est le désarmement mondial. Ne vouloir « que » le désarmement nucléaire total n’engage à rien et n’aboutira à rien dans un avenir proche. Ce n’est en définitive qu’un prétexte pour refuser le désarmement unilatéral. Voilà des décennies que les États nucléaires se sont engagés, en signant le traité de non-prolifération, à négocier de bonne foi un désarmement nucléaire complet (article VI du traité). Ils n’en ont rien fait et ils sont déterminés à ne rien en faire. Ils favorisent ainsi la prolifération dont les dangers s’amoncellent sur l’humanité. Comment pourraient-ils interdire à l’Iran, à la Corée du Nord et, demain, à d’autres pays de posséder l’arme nucléaire, alors qu’eux-mêmes s’enorgueillissent de la posséder ? Il est indécent que les puissances nucléaires jouissent de la possession de l’arme tout en exigeant des autres nations qu’elles « fassent vœu d’ascétisme nucléaire », selon l’expression du philosophe Günther Anders.

Pour l’heure, donc, nous ne pouvons rien attendre des décideurs politiques pour qu’ils agissent en faveur du désarmement nucléaire. C’est aux citoyen(ne)s de chaque pays nucléaire de prendre le pouvoir afin de contraindre démocratiquement les chefs d’État.

L’Évangile contre la raison d’État

C’est pourquoi, j’ose renouveler mon interpellation auprès des évêques de France : « Ayez l’audace évangélique de dire que la préméditation du crime nucléaire que nourrit en notre nom l’État français n’est ni moralement acceptable, ni politiquement recevable, ni stratégiquement convenable, ni économiquement supportable ! »

Il s’agit certes de questions temporelles, quand la mission des évêques est spirituelle. Mais, comme citoyens français, comment délaisser les questions temporelles qui mettent en jeu le sort de notre commune humanité ? L’Église, affirmait Charles Péguy, doit elle aussi faire les frais d’une « révolution temporelle ». « Tel est éternellement, temporellement, le mystérieux assujettissement de l’éternel au temporel. Telle est proprement l’inscription de l’éternel même dans le temporel. (…) Il faut faire les frais temporels. C’est-à-dire que nul, fut-ce l’Église, fut-ce n’importe quelle puissance spirituelle, ne s’en tirera à moins d’une révolution temporelle. »

Chacun conviendra que la préméditation du crime nucléaire est diablement contraire à l’Évangile, bien qu’elle figure dans les règlements « militaires » de l’État français. Aujourd’hui comme hier, les évêques ont la responsabilité, et elle est formidable, de choisir : inviter les hommes à se moquer du règlement militaire – lequel justifie l’arme nucléaire – ou à lire l’Évangile – lequel demande aux hommes de remettre leur épée au fourreau. Comment se dérober à ce choix : désobéir à l’arme nucléaire ou désobéir à l’Évangile ? Désobéir à la raison d’État ou désobéir à la simple raison humaine ? Car point n’est besoin de croire au ciel pour nourrir la conviction que la préméditation du crime nucléaire nie et renie les valeurs d’humanité qui fondent la civilisation. C’est toute l’aventure humaine qui se trouve hypothéquée. Écoutons Jean Lurçat : « L’homme d’Hiroshima a été brûlé, dépouillé, vidé par la bombe… Mais avec lui, ce sont toutes nos raisons de vivre qui ont été saccagées… (…) La bombe n’épargne aucune idéologie, aucun système… Elle anéantit toutes les pensées de l’homme, tout le patrimoine culturel commun… »

La préméditation du crime nucléaire nie et renie les valeurs d’humanité qui fondent la civilisation.

À entendre ou à lire les évêques français, il semble qu’ils ne soient prêts, en majorité, qu’à souhaiter un désarmement mondial sans exiger un désarmement unilatéral. Une telle position est certes confortable. C’est une position d’évitement. Une échappatoire. Elle permet de feindre de ne pas dire oui au désarmement nucléaire unilatéral de la France et, surtout, de ne pas lui dire non. Amis évêques, ne faut-il pas que votre non soit non et que votre oui soit oui ?

Le 19 mars dernier, dans l’homélie de sa messe d’intronisation, le nouvel évêque de Rome, François, revenait à six reprises sur l’exigence de « respecter la création ». Or, quelle plus grande menace pèse sur la création que celle de l’arme nucléaire ? François demandait « à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité » et « à tous les hommes de bonne volonté » de ne pas « permettre que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ». La préméditation du meurtre nucléaire à laquelle consent la majorité silencieuse des pays nucléaires n’est-elle pas le principal signe de destruction et de mort qui accompagne la marche de notre monde ? Comment magnifier le caractère sacré de toute vie humaine tout en s’accommodant de la préméditation du meurtre nucléaire ?

Si les évêques se taisent, un jour ou l’autre, la foudre nucléaire viendra frapper notre monde et ne laissera pas pierre sur pierre dans nos cités. C’est alors que les pierres de nos maisons crieront de douleur. Quel sens peut avoir l’espérance de l’Évangile si elle est annoncée dans l’ombre de la menace criminelle de l’arme nucléaire ?

J’ai conscience de prendre le risque que d’aucuns me reprochent mon intolérance. J’assume ce reproche. Car j’ai la conviction que l’arme nucléaire est intolérable. C’est par obligation de conscience que j’ai osé écrire ce que j’écris. Peut-être pourrais-je ajouter que je l’ai écrit aussi avec l’énergie de la désespérance, en voulant, malgré tout, ne pas y céder.

Pour aller plus loin :

Jean-Marie Muller, "Supplique au pape François. Renoncer unilatéralement à l'arme nucléaire", www.jean-marie-muller.fr, 20 avril 2014



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1 Littéralement : « nous ne pouvons » en latin.


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