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Dossier : À quel prix sauver l’euro ?

Euro : chronique d'une mort annoncée


Les heures de l’euro, qui freine la croissance et alourdit les dettes publiques, sont comptées. Faute d’institutions fédérales, son sauvetage ne pourra s’opérer qu’au prix d’une explosion du chômage. Intenable.

En dépit de l’optimisme qui prévaut aujourd’hui, la situation de la zone euro demeure critique. Les mesures prises sous l’effet du pic de la crise que nous avons connue en décembre 2011 commencent à s’estomper. En témoigne la lente remontée des taux d’intérêts espagnols et italiens. Les racines de cette crise demeurent. Un processus de re-nationalisation des dettes s’amorce, engendré par la politique des banques privées, conduisant à la démolition de la zone euro1. La monnaie unique se meurt. La récession, dans laquelle sont entrées la Belgique, l’Italie et l’Espagne, après la Grèce et le Portugal, rend insoluble la crise de la dette souveraine. La mise en œuvre de plans d’austérité pour équilibrer les comptes publics, qui évoquent les politiques de déflation de sinistre mémoire du début des années 1930, ne peut que provoquer une contraction de l’économie qui sera in fine fatale à la zone euro.

Tout cela était prévu2. La mort de l’euro, du fait de l’entêtement de dirigeants incapables de prévoir une sortie ordonnée – qui serait pourtant encore possible aujourd’hui – nous condamne à un saut dans l’inconnu. L’histoire mesurera la responsabilité des gouvernements qui ont laissé la situation se dégrader jusqu’à l’irréparable. Elle dévoilera aussi la culpabilité de tous ceux qui, dans les capitales nationales comme à Bruxelles ou à Francfort, ont cherché à imposer en contrebande une Europe fédérale par le biais de la monnaie unique à des peuples qui n’en voulaient pas. Ce n’est pas seulement l’euro qui agonise : c’est aussi une certaine conception de l’Europe.

Car on solde non seulement les erreurs de la financiarisation à outrance, consentie, depuis les années 1980, à la fois par la droite et la gauche parlementaires dans de nombreux pays, mais les fautes politiques que furent le traité de Lisbonne et le déni de démocratie qui suivit le rejet, en France et aux Pays-Bas, du référendum sur le projet de traité constitutionnel en 2005.

On a cherché à imposer une Europe fédérale par le biais de la monnaie unique à des peuples qui n'en voulaient pas.

Les défauts structurels de la zone euro étaient bien connus des économistes, y compris de partisans de l’euro3. Mais la crise est devenue une réalité lorsque l’accumulation des dettes a atteint un seuil critique en Grèce, en Irlande et au Portugal. À l’été 2011, elle a pris un tour dramatique et a culminé en décembre de cette même année. Et l’on observe la montée d’une fatigue de l’euro, perceptible dans les opinions publiques, où une majorité de personnes se prononce désormais contre une aide supplémentaire à la Grèce4, comme au sein des gouvernements, où le découragement se fait jour.

Les trois dimensions de la crise

La crise se traduit tout d’abord par l’étranglement de certaines économies d’Europe en raison du montant des dettes, tant publiques que privées. Ce fut le cas de la Grèce, dont la dette excédait 160 % du Pib, avant l’opération d’échanges des titres privés (qui équivaut à un défaut partiel), mais aussi de l’Italie (120 %) et de la Belgique. Il en est de même pour le Portugal et l’Espagne, dont la dette s’accroît de manière accélérée, mais aussi à terme pour la France. La monnaie unique impose aux pays de se financer sur les marchés financiers. Elle transforme ce qui pourrait n’être qu’une crise de liquidité et de refinancement en une crise potentielle de solvabilité. Les institutions de la monnaie unique (du traité de Maastricht au traité de Lisbonne) interdisent aux États à la fois de recourir à des avances de leurs banques centrales et d’imposer aux banques l’achat de titres de dette en proportion de leur actif. Les marchés financiers sont dès lors la seule source de financement. Et ils sanctionnent lourdement le montant des dettes et les faibles perspectives de croissance. Mais le rôle de la monnaie unique dans la montée des dettes ne se limite pas à cette dimension institutionnelle. Elle impose un taux de change unique vis-à-vis des autres monnaies pour toute la zone euro. Or ce taux engendre une dégradation inexorable de la compétitivité pour de nombreux pays, les conduisant soit à accepter une activité économique réduite, soit à soutenir celle-ci par un déficit budgétaire aggravant l’endettement.

La seconde dimension de la crise résulte des effets de la monnaie unique sur la croissance. Depuis l’introduction de l’euro (d’abord scriptural, puis fiduciaire à partir de 2002), le Pib croît moins vite dans la zone euro que dans les autres pays développés, y compris les autres pays d’Europe, comme la Suède, la Suisse et la Norvège. Cet écart s’explique par des taux d’intérêt imposés par la Banque centrale européenne (BCE) et par la surévaluation générale de l’euro depuis 2002. Ici encore, certaines économies ont plus été touchées que d’autres, l’Italie au premier chef, mais aussi l’Espagne, le Portugal et, dans une mesure non négligeable, la France. Même dans le cas de l’Allemagne, dont on donne en exemple la « rigueur » et le montant des excédents commerciaux, on constate que la croissance a été particulièrement faible depuis l’introduction de l’euro. Si le chômage n’a pas explosé dans ce pays, c’est en raison de sa démographie. Mais, pour la France, qui a une dynamique démographique favorable, la question de la croissance et donc du chômage occupe une place centrale. On revient au problème de l’hétérogénéité initiale des économies, que les institutions mises en place par le traité de Maastricht ne permettaient pas de traiter en profondeur.

On découvre que la monnaie unique implique un État fédéral.

Car la troisième crise est celle des institutions qui encadrent la monnaie unique. Les autorités politiques ont été incapables de réagir à temps et de manière efficace. Les gouvernements comme la BCE ont été dépassés par les événements et par une spéculation qu’elles n’ont pas voulu attaquer autrement qu’en paroles. On découvre aujourd’hui que l’on a créé une monnaie sans règles pour unifier au préalable les politiques budgétaires, les politiques économiques et, plus généralement, les réglementations bancaires. On prend conscience, en un mot, que la monnaie unique implique un État fédéral. Tous les discours parlent d’un manque de gouvernance. Mais les conditions mêmes de cette gouvernance globale à l’échelle européenne n’existaient et n’existent toujours pas. Était-il possible de réaliser une telle unification des politiques sans prévoir de puissants mécanismes de transferts ? Les dirigeants politiques l’ont refusé et les traités le prohibent. On découvre ici que l’on ne passe pas impunément un coup de rabot fédéraliste sur cinq siècles d’histoire !

La zone euro sous perfusion

L’intervention massive de la BCE (par des crédits à trois ans à 1 % pour les banques en décembre 2011 et mars 2012, pour un montant total de 1 018 milliards d’euros) a calmé provisoirement la crise de liquidité. Elle ne l’a nullement réglée. Cette injection de liquidité profite aux banques. Elles obtiennent de l’argent frais et en profitent pour acheter des titres des États de la zone euro à des taux oscillant de 3,5 % (à court terme) à 5 % (à dix ans). Elles peuvent d’ailleurs apporter ces titres à la BCE pour une « prise en pension », qui leur coûte certes 0,25 % de frais, mais en échange de laquelle elles obtiennent à nouveau de l’argent frais qu’elles s’empressent de placer dans l’immobilier, aux États-Unis, voire dans les pays émergents.

Si cette injection de liquidité a été efficace à court terme, ses conséquences sur l’économie des autres pays (avec le risque de nouvelles bulles spéculatives dans l’immobilier ou sur les marchés financiers), ou sur la santé des banques (en raison des risques induits par ces bulles spéculatives) sont potentiellement dramatiques. Le choix de la BCE – financer les banques pour venir en aide aux États au lieu de financer les États directement – pourrait en définitive s’avérer un mal pour un bien.

Les taux d’intérêts de la dette souveraine, en particulier pour l’Espagne et l’Italie, ont donc baissé depuis fin décembre, où ils avaient atteint des sommets insupportables. Ils restent cependant élevés : à leur niveau du début de 2011, soit autour de 5 % (taux à dix ans). La solvabilité externe (la capacité de l’État à rembourser les emprunts consentis pour payer le déficit de la balance commerciale) de ces deux pays n’est toujours pas assurée, ni la solvabilité budgétaire (capacité à rembourser la dette publique). Des problèmes identiques se posent au Portugal et, bien sûr, en Grèce, où les opérations d’échanges de titres se poursuivent5. On n’observe par ailleurs aucune détente sur les taux d’intérêts de la dette des entreprises (la dette « corporate ») qui, dans la zone euro, rencontrent toujours des difficultés pour se financer.

Les effets de cette contraction du crédit pour les ménages comme pour les entreprises viennent s’ajouter à ceux des politiques déflationnistes menées dans la majorité des pays de la zone euro. Ils ne peuvent conduire qu’à une récession notable en 2012, et probablement aussi en 2013. Les effets cumulatifs de ces politiques de déflation étant rarement pris en compte, la chute de la production dans chaque pays sera certainement plus forte qu’annoncée.

Le chômage, variable d’ajustement

On prétend que ces politiques de déflation assurent le retour, en théorie dès 2013, à la solvabilité budgétaire. Mais il est plus que douteux que l’on puisse atteindre un tel objectif. Ces politiques s’accompagnent d’une volonté de contracter la demande intérieure pour rééquilibrer la balance commerciale. Ce serait en effet la seule possibilité, dans la mesure où, pour l’instant, il est exclu qu’un pays sorte de l’euro et dévalue sa monnaie retrouvée. Mais vouloir assurer la solvabilité externe par le seul biais de la compression de la demande intérieure se traduira par un énorme coût en termes de chômage6.

Encore faut-il souligner que ces estimations, extrêmement sensibles aux perspectives de croissance, ne tiennent pas compte de l’impact des ajustements des autres pays. Ajoutons à cela qu’il faudra sans doute massivement déréglementer le marché du travail et attaquer frontalement la protection sociale7. Faute d’une Europe fiscale et sociale, la monnaie unique nous conduit inéluctablement à la règle du « moins-disant, moins coûtant ». Tel est le coût pour sauver l’euro aujourd’hui.


Taux de chômage « nécessaire » à l’équilibre commercial


Sources : Istat (Italie), INE (Espagne), Banque du Portugal, Elstat (Grèce), Insee (France). Données au 1er janvier 2012.

Les contrastes de l’Europe méridionale

En réalité, les problèmes des quatre pays dits « à risque » sont assez différents, même s’ils se combinent aujourd’hui à cause de l’euro. Ils appellent des solutions adaptées, mais toutes incompatibles avec le maintien de la monnaie unique.

La Grèce combine une dette excessive avec une perte de compétitivité massive due à la montée de ses coûts internes. Seule une dévaluation consécutive à une sortie de l’euro est en mesure d’y porter remède8. L’Italie est avant tout malade de sa dette accumulée (120 % du Pib). Même avec des taux moyens sur cette dette assez faibles (4 %), elle doit débourser tous les ans 4,8 % de son Pib. Avec une productivité du travail qui stagne, voire décroît, l’excédent primaire (résultat du budget sans les intérêts de la dette) ne pourra guère excéder 1 %. Et si la croissance est en berne (les prévisions pour le Pib de 2012 indiquent -1,7 % et -1 % pour 2013), les recettes seront moindres que prévues. Le budget italien sera donc encore en déficit pour de nombreuses années et ce quels que soient les efforts du Premier ministre, Mario Monti. Le Portugal souffre, quant à lui, d’un grave manque de compétitivité, et connaît une récession importante, estimée à -3,4 % en 2012 par la Banque du Portugal. Pour ce pays aussi, dont la dette est sensiblement supérieure à 100 % du Pib, il n’y a guère d’autre solution qu’une sortie de l’euro et une dévaluation. En Espagne, enfin, la dette publique est encore relativement réduite (69 % du Pib en 2011), mais l’effondrement de son économie a provoqué une contraction considérable des recettes budgétaires. Le déficit sera en 2012 très supérieur aux 6 % annoncés. Le problème pour l’Espagne est d’obtenir un flux d’investissements suffisant pour faire redémarrer son économie avant qu’elle ne s’effondre tout à fait.

Cette divergence dans les solutions recouvre une différence de situations. Mais il est pour toutes un point commun : l’appartenance à la zone euro a empêché ou retardé dramatiquement les mesures correctives nécessaires.

L'euro se transforme en une machine de guerre contre tous les acquis sociaux et contre les travailleurs.

Dans ce contexte, la situation de la France sera de plus en plus difficile. Dès que la crise de l’euro repartira – très probablement dès cet été –, la spéculation s’attaquera à notre pays. Aujourd’hui déjà, l’écart des taux d’intérêts entre France et Allemagne est revenu aux niveaux d’avant la création de l’euro. La seule manière de rassurer les opérateurs de marché sera, dès lors, de procéder au démantèlement du droit du travail et de la protection sociale qu’ils attendent. Ou alors il faudra se décider à agir de manière unilatérale, par exemple en réquisitionnant la Banque de France pour lui faire émettre l’argent nécessaire au rachat de notre dette, en sachant qu’au bout du compte, se profile la fin de l’euro. Rien ne justifie l’optimisme actuel au moment où l’euro se transforme en une machine de guerre contre tous les acquis sociaux et contre les travailleurs. Le prochain président devra choisir. Mais, s’il fait les mauvais choix, c’est la rue qui parlera.




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1 / Sylvain Broyer, « Zone euro : attention, démolition en cours ! », Special Report, Natixis, n° 2, 5 janvier/2012.

2 / À titre d’exemple, l’auteur a publié « Grèce : les trois mensonges des médias et des experts », mai 2010, Marianne2.fr ; « La crise de l’euro : erreurs et impasses de l’européisme », Perspectives républicaines, n° 2, juin 2006, pp. 69-84.

3 / Comme en témoigne Michel Aglietta, « Espoirs et inquiétudes de l’euro », in Marcel Drach (dir.), L’Argent. Croyance, mesure, spéculation, La Découverte, 2004.

4 / Le Figaro comme Le Nouvel Observateur publiaient sur leurs sites, le 17/09/2011, les résultats d’un sondage donnant 68 % des Français et 75 % des Allemands opposés à la poursuite de l’aide à la Grèce.

5 / « Athènes prolonge l’échange des obligations étrangères », Capital.fr, 23/03/2012.

6 / « Le chômage va être insupportable dans les pays de la zone euro où la balance courante avait un déficit important avant la crise », Natixis, Flash économie, n° 203, 13/03/2012.

7 / Nicolas Doisy, Politoscope, n° 3, Cheuvreux-Crédit Agricole Group, 8/03/2012.

8 / Costas Lapavitsas et al., « Breaking Up ? A route out of the Eurozone Crisis », RMF report n° 3, novembre 2011.


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