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Dossier : De la démocratie en Amérique latine

Décoloniser : l'esprit de Cochabamba


Resumé Alors que le développement s'est traduit par l'expulsion de paysans et d'indigènes, Cochabamba est le symbole de la volonté de nombreux mouvements de se réapproprier la Terre.

L’Amérique latine est la scène d’un intense débat théorique et politique qui ouvre d’intéressantes perspectives face aux immenses défis sociopolitiques et écologiques, non seulement pour la région, mais aussi pour toute la planète. Un nouveau panorama se dessine à partir d’un ensemble de luttes qui se développent surtout à partir de 1989. Il s’agit, en fait, de la recomposition d’un complexe ensemble social, politique et culturel en gestation depuis les années 1960, lorsqu’émergent de multiples questions portées par de nouveaux acteurs ethniques, féministes, écologistes, des droits civiques, jeunes, etc.

Il ne faut pas perdre de vue le contexte des luttes sociales qui pendant des années ont mûri en réaction aux politiques néolibérales qui cherchaient à étouffer les premières mobilisations sociales des années 1960. Car on assiste depuis lors au plus vaste processus d’expropriation que l’humanité ait connu. Entre 1970 et 2010, la population mondiale a augmenté de 2 177 000 000 habitants, soit une ville de 54 millions d’habitants en plus chaque année durant ces 40 dernières années ! > En Amérique latine, la croissance urbaine fut équivalente à la création d’une ville de 8 millions d’habitants chaque année !L’expansion de la Révolution verte, la construction de barrages et de routes ont correspondu à l’expulsion de leurs territoires de paysans, d’indigènes et d’afro-descendants, et à l’appropriation privée par quelques-uns, de leur espace vital.

Entre la voie insurrectionnelle et la démocratisation de la démocratie

Aussi bien, un vrai débat traverse l’Amérique latine sur le caractère des processus d’émancipation. La voie insurrectionnelle avait acquis sa légitimité en réaction au massacre du « printemps démocratique » du Guatemala (1944-1954). En 1959, le succès de la révolution cubaine venait renforcer cette perspective politique. Mais à partir de l’assassinat de Ernesto « Che » Guevara en 1967 c’est la perspective d’une voie révolutionnaire non-insurrectionnelle qui est mise en avant. On assiste cependant aussi bien à des expériences comme celle de Salvador Allende (1971-1973), non insurrectionnelle, qu’à celle de la révolution sandiniste (1979-1989) insurrectionnelle. En Colombie, où la guérilla est toujours présente, les Farc comme l’ELN affirment qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, et ils insistent sur la recherche d’une voie pacifique. La chute du mur de Berlin a réduit encore plus les possibilités des guérilleros. Les accords de paix au Salvador et au Guatemala en témoignent, même si en Colombie la possibilité de parvenir à une solution est obérée par la collusion du pouvoir avec des groupes paramilitaires.

1989 : un nouveau cycle de luttes sociales

1989 correspond à l’ouverture d’un nouveau cycle de luttes sociales. La menace révolutionnaire, représentée toujours par Cuba, avait justifié les interventions militaires contre des gouvernements populaires, au Brésil (Jean Goulart) et au Pérou (Velasco Alvarado). Les dictatures sanguinaires en Argentine, en Uruguay et surtout au Chili, éliminent physiquement une partie des leaders populaires et ouvrent un espace aux régimes libéraux. La chute du mur de Berlin, enfin, paraît clore un cycle de luttes sociales qui s’était développé dans le contexte de la guerre froide.

En dépit du discours sur la ‘fin de l’histoire’, les mouvements sociaux renaissent pourtant, depuis 1989. Ils vont jouer un rôle central dans le processus de transition démocratique, surtout à travers la présence des mouvements indigènes et paysans. Un long cycle de luttes populaires commence. Le contexte est à la fois celui des protestations du Caracazzo1, de la fin du gouvernement sandiniste révolutionnaire, et de la chute du président Raul Alfonsín en Argentine, le premier d’une longue liste de gouvernements tombés sous la pression de mobilisations de rue. Cette effervescence n’était plus suscitée par les partis politiques traditionnels de gauche, mais par l’émergence de nouvelles questions posées par d’autres acteurs, qui appelaient d’autres références théoriques et politiques.

L’« affaire » des indigènes Miskitos à laquelle se heurte la révolution sandiniste illustre ce nouveau cycle et la difficulté historique des gauches conventionnelles de traiter la question indigène. La tension des gauches avec les indigènes traduit la volonté des plus opprimés de notre Amérique (les peuples premiers indigènes et les afro-descendants) de trouver une atmosphère favorable à leurs propres requêtes. En 1990, en Bolivie et en Équateur, s’organisent des marches qui traversent le pays ; > elles se désignent toutes deux « Marche pour la Dignité et pour le Territoire ». Il faut noter la proximité des paysans, des indigènes et des afro-descendants avec le mouvement environnemental.

Dans les années 90, les États-Unis tentent encore, dans le cadre de l’Omc, d’imposer des règles pour poursuivre une libéralisation plus complète du commerce mondial. Mais face à la résistance européenne, de la France en particulier, pour accepter un Accord mondial d’investissement, ils doivent se contenter d’accords régionaux pour garantir leurs intérêts, comme la Nafta, signée avec le Canada et le Mexique. Or, alors que la fête est déjà prête pour la signature de l’accord de la Nafta, le 1er janvier 2004, le Mexique est le théâtre du soulèvement zapatiste. Celui-ci se fait le héraut de la résistance indigène en recourant pour la première fois à une pratique plus globale, grâce à l’emploi des moyens de communication modernes. Les peuples premiers s’approprient la culture du dominateur pour affirmer leurs propres valeurs.

Cette entrée en scène du mouvement indigène invite à reconsidérer le concept d’« indigénisme ». Le rapprochement entre groupes sociaux et ethnies distinctes s’était déjà traduit au Brésil par l’Alliance des Peuples de la Forêt amazonienne. À la même époque, sur la côte pacifique sud de la Colombie, les afro-descendants s’alliaient avec les écologistes, consolidant leur lutte pour le territoire. Que ce soit du côté indigène, ou paysan (seringueros), ou des afro-descendants, la lutte pour la terre est plus qu’une affaire économique. La culture se politise en affirmant les spécificités qui façonnent les territoires, en attestant les multiples nationalités. Le leader équatorien Humberto Cholango qui reconnaît que jusqu’au soulèvement de 1990 il luttait comme paysan, s’identifie désormais comme indigène. Il souligne que la chute du mur et la perte de prestige du marxisme dans le mouvement syndical ont contribué à ce changement d’identité politique. La lutte pour la terre, pour le crédit et pour l’aide technique, revendications caractéristiques du mouvement paysan, ne suffit plus. Désormais il faut ajouter la dimension culturelle, en considérant que le concept de culture gagne une dimension matérielle bien concrète quand il intègre la lutte pour le territoire. Les afro-descendants de la côte sud pacifique de la Colombie l’affirment clairement : le territoire inclut « la culture et la biodiversité ».

Le rapprochement entre des traditions politiques distinctes, à l’intérieur de groupes jusque-là considérés comme subalternes, est une des caractéristiques les plus fortes d’un nouveau cycle de luttes. On peut observer l’hybridation du marxisme avec le mouvement indigène dans le zapatisme, chez les mayas, dans le katarisme2, chez les quechua-aymara. Evo Morales, le leader aymara, a vécu un même déplacement identitaire progressif. De leader paysan, il est devenu un leader national de la cause indigène, face à l’arrogance impérialiste des États-Unis dans la région. En Bolivie, la culture politique révolutionnaire, dont la tradition était forte parmi les ouvriers mineurs, s’est croisée avec la culture paysanne et indigène, au moment de la débâcle de l’économie minière due aux politiques néolibérales.

1998 : une nouvelle phase dans le cycle de luttes

En 1998, au Venezuela, il a fallu dix années de luttes avant de voir pour la première fois à la présidence un candidat anti-impérialiste et anti-néolibéral. L’élection de Hugo Chávez illustre la rencontre de deux processus distincts. D’un côté, le bolivarisme et son antiaméricanisme, et de l’autre la lutte populaire dont le Caracazzo (1989) fut le moment de la plus forte expression publique. Les exemples bolivien, mais aussi équatorien, mexicain (zapatisme) ou vénézuélien éclairent les processus émancipateurs en cours en Amérique latine.

Une de ses caractéristiques est un refus des formes traditionnelles de faire de la politique, consacrées surtout dans les traditions des gauches et de leurs partis qui privilégient la prise de pouvoir. Le zapatisme, à travers les Accords de Saint-André, a tenté d’articuler un mouvement né de la base avec des politiques publiques formelles. Il n’y est pas parvenu et a depuis cherché dans l’auto-organisation des « Juntes de bon gouvernement » sa manière d’exercer l’autonomie territoriale. En Bolivie, une autre démarche vise à articuler la lutte pour le pouvoir de l’État et l’auto-organisation du mouvement social. L’acronyme Mas signifie « Mouvement au (vers le) socialisme » et non pas Parti socialiste. La lutte pour l’égalité accompagne la lutte pour la diversité des peuples, à laquelle est jointe une dimension communautaire. Plus que la conquête d’un État national, ces luttes visent ce qui, plus tard, sera consacré comme État plurinational communautaire en Bolivie, ou en État plurinational en Équateur.

L’esprit de Cochabamba

Cochabamba (Bolivie) est le symbole de tout ce combat pour l’émancipation dans le continent. C’est à Cochabamba que s’est formée, en l’an 2000, toute une constellation de mouvements sociaux – écologistes, paysans, habitants des périphéries urbaines, indigènes – contre la privatisation de l’eau. La « guerre de l’eau » a débouché, pour la première fois, sur l’expulsion d’une multinationale qui venait de gagner la concession du marché de l’eau. Cochabamba est à comprendre entre Seattle (1999) et le premier Forum social mondial à Porto Alegre (2001). Cette guerre de l’eau est l’expression d’un mouvement de fond synthétisant un ensemble de mouvements qui se déploient, parfois de façon dramatique, dans les 30/40 dernières années.

Ainsi, les luttes des peuples indigènes, des afro-descendants et des paysans contre l’expropriation de leur territoire acquièrent une dimension révolutionnaire, d’autant qu’elles se croisent avec le mouvement environnementaliste. L’enjeu est celui d’une réappropriation sociale de la nature. Tel est le message que manifeste la constellation de mouvements à Cochabamba. Sans abandonner l’auto-organisation des mouvements en réseaux, il n’élude pas cependant la question du pouvoir. L’élection d’Evo Morales Ayma (2  005) a signifié la rencontre entre le mouvement social émancipateur et les structures de pouvoir. La tension créatrice entre le gouvernement et les mouvements sociaux est l’expression de cet apprentissage appelant à une relecture du marxisme et d’autres matrices théoriques.

En Équateur, même si les relations entre les mouvements sociaux et le président Raphael Correa sont tendues, la Constitution approuvée en 2010 consacre de nouveaux horizons théoriques et politiques. Pour la première fois dans l’histoire, il est inscrit dans la Constitution que la nature est porteuse de droits. Cette Constitution propose de nouvelles perspectives pour le devenir des peuples comme le Sumak Kawsay (« vivre bien ») des Indiens quechuas ; > une perspective qui se situe hors de l’horizon d’une croissance illimitée. Une perspective qu’on traduit avec cette proposition originale du gouvernement équatorien : le projet ITT – Ishipingo-Tambococha-Tiputini – qui concerne une des régions de plus grande biodiversité au monde, dans les contreforts andins amazoniens, dans le parc national de Yasuní. Le gouvernement s’engage à renoncer aux 850 millions de barils de pétrole qu’il pourrait y trouver en échange de la moitié des fonds qu’il obtiendrait de l’exploitation de cette richesse (soit 4 à 5 milliards d’euros en 13 ans). Les fonds recueillis seraient utilisés dans la recherche en énergies renouvelables, le reboisement et d’autres mesures écologiques. Cette initiative évitant le rejet dans l’atmosphère de 410 millions de tonnes de CO2 est à l’opposé de la logique de Copenhague qui cherche à gagner de l’argent en créant un marché du carbone. Non seulement on évite d’émettre du CO2 mais l’on cherche  à réduire la demande d’énergie. C’est un changement dans le style de vie qui est en jeu.

Bien des processus contradictoires restent sous-jacents aux luttes sociales dans l’Amérique latine d’aujourd’hui. Les États-Unis ont réorganisé leur stratégie pour tenir compte de la multipolarité géopolitique qui se dessine à partir des années 1990. Après le Nafta en 1994, la proposition de l’Alca, conduite d’abord de façon confidentielle, a été rendue publique. Les mouvements sociaux ont organisé d’importantes mobilisations contre ce traité. En 2000, le président brésilien Fernando Henrique Cardoso a proposé la création de l’Initiative d’Intégration régionale sud américaine (Iirsa) qui prévoit la construction de grandes infrastructures (usines hydroélectriques, ports, aéroports, routes, réseaux de transmission d’énergie, etc.) pour donner une base logistique matérielle aux accords de l’Alca.

L’élection de Hugo Chávez (1998), avant celles d’autres gouvernements, puis la guerre de l’eau, mais aussi l’initiative de l’Iirsa-Alca éclairent le contexte dans lequel s’inscrivent les luttes sociales au milieu des contradictions des gouvernements progressistes. L’héritage d’une énorme injustice sociale pousse ces gouvernements à chercher des politiques à court terme pour réduire la pauvreté. Ils utilisent alors l’Iirsa pour favoriser une intégration compétitive dans les marchés globaux émergents. De grands projets miniers et agricoles s’étendent sur les terres des peuples indigènes, aggravant l’expropriation. Les grandes corporations exercent une pression pour assouplir la législation sur l’environnement, considéré comme un « obstacle au développement » surtout par les entreprises de la construction civile (comme les entreprises brésiliennes Camargo Correa, Norberto Odebrecht), sur les exportations de minerai (la bauxite et l’aluminium, le fer et le manganèse, qui consomment de l’énergie électrique ou du charbon de bois en Amazonie) et sur les entreprises latifundiaires de monoculture (de bois et de cellulose, de soja, d’éthanol et de viande). De nombreux conflits sont engendrés par ce néodéveloppement.

Perspectives émancipatrices

En 2010, Cochabamba est de nouveau le théâtre où s’exprime la volonté émancipatrice des peuples. Du 19 au 22 avril, près de 35 000 militants et intellectuels de 142 pays ont répondu à l’invitation du Président bolivien Evo Morales et se sont réunis pour le Sommet des peuples sur les changements climatiques et les droits de la Mère Terre. Plus que les conclusions elles-mêmes, les débats témoignent de l’ouverture d’une nouvelle étape, celle d’un agenda commun aux différents mouvements. Le réchauffement global n’est plus seulement un thème écologique, ce à quoi quelques-uns ont tenté de le réduire. Vouloir dominer la nature, c’est faire comme tous les dominateurs, ignorer le dominé et ne voir en lui que ce qui intéresse le dominateur. L’effet de serre, certes, est un effet non désiré, mais il est induit par le développement d’une société fondée sur la croissance illimitée. Or la planète, comme les peuples et leurs cultures, a ses limites, ses rythmes propres qui ne se réduisent pas aux temps de la productivité pour conquérir les marchés et obtenir des bénéfices. Cochabamba veut insérer au lexique politique les thèmes des droits de la nature et du Bien Vivre, et développer l’idée de la vaste communauté de la « Pachamama », regroupant non seulement les hommes et les femmes de chaque culture, mais toutes les formes de vie, au-delà des montagnes, des fleuves, des glaciers, des énergies qui sont la source de toute création.

À Cochabamba, l’idée est reprise que la nature soit porteuse de droits comme dans la Constitution de l’Équateur. Proposition est faite à l’Onu d’approuver une Déclaration universelle des droits de la Mère Terre, comme elle a approuvé la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ainsi serait créée la possibilité de criminaliser les graves atteintes portées à la nature, avec la création d’un Tribunal international de Justice climatique et environnementale.

De même, l’idée avancée d’un référendum ouvrant la possibilité dans tous les pays aux hommes et aux femmes de donner leur opinion sur des questions comme le réchauffement global, est une critique de l’oubli que manifestent les institutions publiques. Celles-ci continuent à suivre les voies qui ont créé le problème en voulant tout transformer en marchandise, en possibilité de marché – comme à Copenhague, à propos des crédits de carbone et des ventes de « technologies propres ». Et l’Onu est trop souvent l’otage des États, des entrepreneurs et des administrations qui de bien des manières tentent d’éviter cette réappropriation sociale de la nature que cherchent à atteindre les mouvements sociaux. Le sommet des peuples en appelle à la contribution active de tous les concitoyens du monde à travers des mécanismes de démocratie participative.

La politique était pour les Grecs l’art de définir les limites. Le nouvel agenda politique est celui d’une réinvention de la politique, quand les limites de l’intervention sur la nature exigent en même temps un vaste mouvement de réappropriation sociale de celle-ci. Parler de réappropriation sociale, c’est réarticuler ce que le capitalisme et le socialisme du XXe siècle ont séparé : l’union de la Bios et de la Polis. Telle est l’utopie de Cochabamba. La lutte pour la terre est aussi la lutte pour la Terre à partir de la diversité des territoires et des territorialités.



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1 / En février 1989 les protestations populaires à Caracas furent violemment réprimées. Ce massacre (on parle de 500 morts) est connu sous le nom de Caracazzo.

2 / Katarisme : Tupac Katari fut un leader de la rébellion du peuple indigène de Bolivie au début de la décade de 1780.


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