Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
A la date où ce numéro de Projet paraîtra, un certain nombre d’équipes municipales seront déjà élues et sauront ce qui les attend : une charge à la fois enviée mais qu’on laisse volontiers à d’autres, concrète mais très complexe, un prestige certain auprès des habitants mais un pouvoir qui se réduit au profit de l'intercommunalité.
Une charge très lourde, en particulier pour ce qui concerne l’habitat et le logement. Ainsi, malgré la loi Sru (voir le dossier de Projet sur le logement social, en septembre 2006), malgré la loi du 5 mars 2007 sur le droit opposable au logement, les communes ont encore beaucoup à faire pour offrir le nombre souhaitable de logements décents et accessibles à des populations en difficulté, et permettre une plus grande transparence dans les attributions de logements. Elles doivent veiller à ce que l’habitat ne crée pas de ghettos, afin d'encourager une vie citoyenne solidaire : la tâche apparaît plus aisée dans les villages dont la taille est un atout pour mieux vivre ensemble, encore faut-il prendre les décisions politiques et budgétaires pour y parvenir et financer les priorités. Nul besoin de rappeler la différence colossale entre un maire de grande ville à la tête de plusieurs centaines de fonctionnaires, et la majorité des élus locaux, souvent très seuls face à la tâche.
Alors que le Grenelle de l’environnement a révélé les besoins et réveillé les consciences pour la protection du cadre de vie, les équipes municipales font face à de nouvelles responsabilités, sujettes à débat : certains maires, qui ont saisi l’occasion du développement de l’énergie éolienne, se voient reprocher un envahissement d’installations jugées bruyantes et inesthétiques. Pour cela, et pour d'autres initiatives en matière d'environnement, l'élu demeure le seul responsable devant les habitants.
Finalement, le pouvoir local est-il encore un modèle de démocratie ? Car nous élisons des équipes qui ont perdu une grande part de leur autonomie ! La démocratie locale ne progresserait-elle pas, si nous élisions au suffrage universel nos représentants aux conseils des communautés de communes ou d’agglomération, à l'échelle où se prennent désormais la plupart des décisions ?
20 février 2008