Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Entre les deux rives de la Méditerranée, la proximité est forte, quelles que soient les dimensions considérées, géographique, économique, politique, humaine. Les invraisemblables barrières ne tiendront pas dans la longue durée. Pourtant, le réalisme ne suffit pas ici. L’audace est requise pour trouver des solutions politiques et institutionnelles qui allient respect de l’histoire et vision pour l’avenir. Les germes sont là : les enjeux économiques sont partagés, le développement européen passera par celui du sud sur un mode de partenariat qui ne ressemblera pas à l’intégration des pays de l’Est. Ne faudra-t-il pas faire une place aux grands de la planète, notamment aux Etats-Unis, et prendre en compte leur marché, aussi bien pour le développement d’un tissu entrepreneurial que pour avancer dans la résolution de l’équation énergétique devenue centrale ? Ne faudra-t-il pas s’affranchir d’une vision sécuritaire des relations migratoires, arrêter de penser les frontières comme des murs avant que ceux-ci ne s’effondrent d’eux-mêmes dans un tourbillon d’autant plus violent qu’il serait la fin cathartique d’une relation mal engagée et pourtant intense ? Le projet d’Union méditerranéenne promis par le candidat Sarkozy et aujourd’hui encore balbutiant paraît bien en deçà de l’objectif à atteindre : pusillanime sur le versant migratoire, inconsistant par rapport aux engagements européens, frustrant pour les pays du Nord de l’Europe, timide pour tous ceux qui, héritiers d’une longue histoire, vivent déjà dans un entre-deux qui est leur espace de vie. C’est à cet espace qu’il faudra bien donner une consistance politique.