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Dossier : Euroméditerranée
Dossier : Euroméditerranée

Le déplacement des frontières vers le sud


Resumé La Méditerranée devient une ligne de confrontation entre l’Europe et un Sud de plus en plus profond.

A mesure que l’Europe ferme ses frontières, elle les déplace toujours plus loin vers le Sud qu’elle veut « contenir » en l’éloignant. Le mouvement de verrouillage recèle, en lui-même, une énergie cinétique qui le pousse au report des frontières dans une projection dont la portée est proportionnelle à la fermeture. Aujourd’hui les frontières de l’Europe s’étendent depuis la rive Nord de la Méditerranée jusqu’aux confins Sud du Sahara constituant un immense glacis dont l’épaisseur égale au moins la profondeur continentale de l’Union européenne elle-même. Celle-ci, hérissée de murs protecteurs, est devenue une construction surchargée. Et par sa lourdeur même, elle creuse autour une faille qui l’isole et la fragilise et dont l’approfondissement est tel que les effets dévastateurs de ses répliques se font sentir à des milliers de kilomètres.

La faille méditerranéenne…

Parce qu’elle devient un gouffre qui engloutit quotidiennement des vies humaines dans leur passage entre deux mondes qu’elle sépare de plus en plus, la Méditerranée risque de devenir une faille civilisationnelle et humaine alors qu’elle n’est qu’une faille de développement et de richesse. « Les continents séparent les peuples, la mer les rapproche » ! Le propos d’André Malraux semble bien contredit aujourd’hui dans cette Mer pourtant si étroite. Entre d’un côté les images de traversées qui tournent au cauchemar, avec au bout souvent la mort,  pour des migrants qualifiés de clandestins et criminalisés et, de l’autre, un déploiement militaire de la part de14 pays européens dans le cadre de la Frontex pour repousser ces migrations, la mer prend une toute autre figure. Au-delà d’une séparation, elle est celle d’un champ de bataille. Cette évolution, toute récente, est pourtant insignifiante à l’échelle de l’histoire de cette mer sur laquelle jusqu’à la fin des années 80, il y a moins de 20 ans, on circulait librement, sans visa, des deux côtés. Le voisin le plus « inquiétant », l’Algérie, envoyait comme visiteurs, chaque année, un million de ses citoyens en France, sans que cela pose problème ou ne soit considéré comme la source de migrations « clandestines ». Le contexte socio-économique aurait-il si radicalement changé des deux côtés de la mer ?

Le paradoxe est significatif, au milieu des années 90, au moment même où commençaient à se formaliser et entrer en vigueur des accords d’association entre l’Europe et les pays du Maghreb, commence la construction d’un mur-fossé. Un mur en béton et acier est érigé à Ceuta. La « fortification » est ensuite prolongée jusqu’au large des côtes avec la construction  d’un « mur électronique » maritime (le Sive) ceinturant tout le détroit de Gibraltar. Depuis 2006, des avions et des navires de guerre consolident le dispositif par des patrouilles « préventives ». Mais la faille est là, qui se traduit en vies humaines englouties. En s’appuyant sur les chiffres de l’année 2006 pour la seule traversée vers les territoires espagnols,  le nombre de morts est estimé au minimum à 4500 par an 1. Provenant d’organismes officiels, ces estimations 2 sont bien en deçà  de celles des Ong qui parlent de chiffres une fois et demi plus élevés. Mais même en s’en tenant à celles-ci et sans compter les morts de l’autre versant du « gouffre de mort », le détroit de Sicile, sans compter non plus ceux bien plus nombreux et bien plus ignorés enregistrés dans l’immensité du désert 3, cette « comptabilité macabre » ainsi réduite de tous ceux qui ont été engloutis sur cette portion de faille méditerranéenne, représente encore plus d’une fois et demi le total des victimes des attentats du World Trade Center. L’effet traumatisant de ces attentats sur la société américaine est, pour une part, essentielle au fondement de la politique sécuritaire et étrangère des Etats-Unis et dans son sillage celle du monde occidental. Le verrouillage de la Méditerranée et la fortification des frontières sud européennes s’inscrivent dans cette logique qui conduit à associer le traitement de la mobilité à celui du terrorisme pour mieux la criminaliser.

Le Maghreb, est devenu l’objet d’une focalisation sécuritaire particulière en raison des flux qui y transitent et qui se projettent pour une part sur l’Europe. Pourtant le Maghreb n’est pas le seul point de passage vers l’Europe et pas le plus important 4. Et à l’échelle du monde occidental, les flux qui le traversent sont insignifiants : que pèsent les 29 000 migrants ayant accosté aux Îles Canaries en 2006, une année considérée comme un pic exceptionnel 5, devant les deux millions de Latino-américains qui, chaque année tentent de franchir la frontière entre Mexique et Etats-Unis ?

Cette focalisation tient sans doute à l’étroitesse physique de cette zone de passage qui renvoie une image de grande densité. Mais elle s’explique davantage par l’augure qu’elle représente d’une inexorable contraction du monde. Nulle part ailleurs 6, le tiers monde n’est aussi proche du monde industriel qu’en cette ligne. Et celle-ci rend visible géographiquement, physiquement la fracture globale entre Nord développé et Sud sous développé. Cette proximité alimente des fantasmes d’invasion comme si le processus géologique de rapprochement entre les deux continents 7 s’était également sublimé dans les flux humains. Or, dorénavant, cette ligne s’ouvre sur des « Sud » de plus en plus lointains. Elle devient, ligne de contact et de confrontation entre l’Europe et le Sud le plus « profond ». Le Maghreb n’est plus seulement cette terre d’émission de flux migratoires, mais il est le tremplin de migrations qui puisent toujours plus loin.

…et sa réplique saharienne

Car le verrouillage de l’Europe a eu pour réplique la promotion du Sahara et du Maghreb comme espaces de transit. L’arrière pays du Maghreb, le Sahara, est de plus en plus traversable. Grâce au progrès qu’il a connu, la circulation s’est  développée, rétablissant la jonction entre rive maghrébine et rive sahélienne du Sahara. L’Afrique noire est ainsi directement connectée au Maghreb, donc à la rive sud de la Méditerranée. Mais c’est le verrouillage de l’Europe qui a imposé ces itinéraires transsahariens, paradoxalement, en raison de leur extrême dangerosité et opacité. Ils déploient, en réponse à la stratégie européenne,  celle du contournement qui s’impose comme seule alternative pour ceux qui sont contraints à la  clandestinité : le Sahara est pour eux à la fois espace de rétention et espace tremplin vers l’Europe. Les itinéraires transsahariens drainent dorénavant des flux de toute l’Afrique, étendant leur pouvoir d’aimantation jusqu’au-delà du continent. Le détour est emprunté par des filières clandestines asiatiques, voire plus récemment, latino-américaines, transformant le Sahara, territoire de la périphérie et de la marge, en un carrefour qui connecte des espaces à une échelle intercontinentale.

Revanche de la périphérie, le Sahara contribue à bouleverser les échelles du système relationnel. Par une voie inattendue, il tisse et étend les mailles  d’un processus de mondialisation qu’il investit de ses spécificités. La conséquence en est double : le problème de l’immigration ne se limite plus à l’espace euro-maghrébin, il prend une dimension intercontinentale et, par ailleurs, les frontières de l’Europe se trouvent reportées jusqu’aux confins sahariens. On ne les franchit plus en traversant la Méditerranéenne. Le Sahara devient l’arrière pays méditerranéen. C’est sur ce théâtre que font dorénavant irruption les tensions que l’Europe tente de délocaliser hors de ses frontières. Ce Sahara est un relais, il aggrave la faille méditerranéenne, provoquée par la fermeture de l’Europe. Il est la tranchée ultime, la plus accusée. Nouvelle « marche » de l’Europe, il est un seuil dont la difficulté extrême de franchissement en fait une coupure aux capacités de rétention aussi vastes que l’étendue et la densité de son opacité, qui protège l’espace Schengen. Les pays européens souhaiteraient renforcer sa fonction de barrage en faisant supporter aux pays maghrébins la rétention de migrants qui, à défaut et en attente de rejoindre l’Europe, investissent, dans une précarité extrême, le Maghreb.

Le Sahara, Limes européen

Si la maîtrise des frontières est devenue un dossier prioritaire et des plus sensibles dans les relations entre pays européens et pays maghrébins, ceux-ci ne sont pas seulement sommés de surveiller leur frontières avec l’Europe, ils sont aussi considérés comptables de leurs frontières méridionales, sahariennes. Les exigences européennes portent désormais sur le contrôle de leur territoire (les pressions sur l’Algérie et le Maroc ont conduit ceux-ci au premier trimestre 2005 à des opérations spectaculaires : des camps rasés et leurs occupants raflés dans les deux pays), sur celui des frontières entre pays maghrébins (la frontière algéro-marocaine) et surtout sur le contrôle des frontières méridionales, sahariennes. Obligés par les accords d’association de réadmettre les migrants ayant transité par leur territoire, ils organisent leur refoulement et les polices européennes les assistent directement dans la surveillance des flux migratoires. Le Sahara se transforme ainsi en une sorte de Limes par l’embrigadement forcé des pays maghrébins en «sentinelles avancées », sous-traitants d’une répression « délocalisée » loin des frontières et des opinions européennes. L’arme de l’Europe est la conditionnalité de son aide. Elle en joue dorénavant sans pudeur comme lors du sommet européen de Bruxelles de novembre 2004 où les chefs d’Etat ont explicitement déclaré leur volonté de « l’intégration complète de la question de l’immigration dans les relations de l’UE avec les pays tiers » souhaitant « le renforcement des capacités aux frontières méridionales de l’UE » et promettant une aide aux « pays qui font preuve d’une réelle volonté de s’acquitter des obligations qui leur incombent ».

Les répressions  spectaculaires dont le Maghreb est le théâtre ces dernières années et que les Etats affichent dans une surenchère de communiqués indiquent bien que ceux-ci ont revêtu l’habit du « supplétif de la répression ». Alors que jusque là aucune disposition légale ne prenait en compte la réalité migratoire, pratiquement tous les pays maghrébins, entre 2003 et 2007, ont décidé par la loi de mesures plus restrictives de circulation sur leur territoire. Mesures servant à couvrir des dispositions répressives qui enfreignent tout autant les garanties de protection des personnes que les libertés publiques dans ces pays. Les vagues de répression, ininterrompues et violentes, sont surtout mises en scène comme autant de gages donnés de leurs bonnes dispositions à la coopération avec l’Europe. Ils s’acquittent de leur rôle en amplifiant son caractère répressif. A l’égard des migrants africains, les dépassements et les violations sont plus graves qu’à l’égard de leurs citoyens. La répression peut même devenir une nouvelle ressource pour des fonctionnaires corrompus, encouragés par la déliquescence des Etats, aggravant encore les conditions de traversée déjà dramatiques.

Un tel contexte donne une tonalité surréaliste au débat européen sur la possibilité d’installer des camps de transit au Maghreb. Comme si on feignait d’ignorer qu’il existe déjà des camps de rétention aux conditions d’incarcération moyenâgeuses et des expulsions massives par lesquelles on se débarrasse des migrants dans des No Man’s Land où les migrants, relégués, organisent leur propre enfermement pour survivre dans des conditions infra-humaines qui acculent les migrants à la violence entre eux 8. En voulant « déporter » la gestion de la question migratoire, l’Europe contribue à multiplier les facteurs d’instabilité sur son flan sud. On renforce le caractère répressif des Etats alors que le passif démocratique est déjà lourd dans ces pays et qu’il est à la source de leur stagnation. Les conséquences, directes et indirectes, sont une répulsion accrue de la part des citoyens, une nouvelle instabilité qui alimente encore des flux migratoires.

Murs inutiles et dangereux

Une telle politique a largement montré qu’elle conduisait à une impasse. Son coût politique et de long terme est très lourd. Son efficacité immédiate est contestable. Les estimations chiffrent, sur dix ans, à 4000 le nombre de noyés dans la traversée du détroit de Gibraltar. A elle seule, l’année 2006, les déborde (4500). A mesure que la frontière européenne est repoussée vers le Sud, sa dangerosité s’accroît : 25 morts par mètre de glissement vers le Sud. Mais, au-delà de la catastrophe humanitaire que cela représente, cette répression reste vaine. S’il connaît localement et ponctuellement des reflux, le mouvement migratoire s’adapte continuellement par des changements d’itinéraires, et il démarre en croissance continue, s’installant dans la durée malgré les vagues de répression continue. Les migrants réussissent à forcer les points faibles du dispositif à travers les micro-territoires avancés de l’Europe (Ceuta et Melilla, îles Canaries, Lampedusa, Malte), par leur détermination et leur ténacité à être artisans à part entière de leur destin au prix du risque conscient de la mort. Cette détermination engendre un « désordre » salutaire sur la scène internationale, secouant les opinions publiques, ébranlant les certitudes et les stratégies des décideurs, imposant le retour de la dimension humaine refoulée dans les rapports euro-méditerranéens. En témoigne la tenue en 2006 des conférences eurafricaines de Rabat et de Tripoli sur cette question occultée par le Processus de Barcelone.

Une revanche qui s’impose comme un retour du refoulé, amenant à des remises en cause salutaires. Questionnement irrépressible, auquel renvoient les images des traversées tragiques, transsahariennes et transméditerranéennes, des migrants. Murs inutiles. Et dangereux. Et non seulement pour les migrants. En effet,  l’érection des murs signe toujours le début d’effondrement d’un système. Ils s’écroulent toujours : moins sous des assauts extérieurs que par effritement interne car les murs enferment et étouffent d’abord ceux qu’ils sont censés protéger. Il y a moins de 20 ans, le rideau de fer l’avait bien illustré: courte mémoire ?



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1 / Ali Bensaad,  »La militarisation des frontières », Libération , 26 juillet 2006.

2 / Nous faisons référence aux estimations des Renseignements généraux espagnols et à celles du Croissant rouge mauritanien.

3 / Ali Bensaâd, «Avec les clandestins du Sahel», Le Monde diplomatique, sept. 2001, p 16-17 et Agadez carrefour migratoire sahélo-maghrébin, Revue européenne des migrations internationales, 2003 (19) 1 pp. 7-28.

4 / Les subsahariens ne représentent en Espagne, lieu de destination privilégié en Europe, que moins de 4%, irréguliers compris, d’une immigration essentiellement latino-américaine et leur croissance est trois fois moindre que cette dernière. Lire Miguel Hernando de Larramendi et Fernando Bravo,  »La frontière hispano-marocaine à l’épreuve de l’immigration subsaharienne », in L’Année du Maghreb , 2004, éditions du Cnrs, pp.153-174.

5 / L’année 2003 était le pic avec 9000 migrants qui avaient accosté en Espagne de façon générale.

6 / Hormis à la frontière américano-mexicaine mais les différentiels de revenus y sont moindres.

7 / La mer Méditerranée se rétrécit, chaque année, d’un centimètre et demi. Mené à terme, ce processus aboutirait à la jonction entre les deux continents dans...60 millions d’années.

8 / Ali Bensaâd, Les migrations transsahariennes, une mondialisation par la marge, in Ali Bensaâd (dir.) Marges et Mondialisation, Maghreb-Machrek, n°185, 2005, Choiseul, pp. 13-36.


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