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Un plan Marshall pour les banlieues


Pierre Tritz, en présentant les objectifs de la journée du 30 septembre, vous parliez de « croiser les apports des groupes qui agissent dans les banlieues », d’échanger « savoirs et compétences », de « vivre un large partage des expériences ». Ces objectifs ont-ils été atteints?

Ils l’ont été, d’abord en raison du nombre important de participants à cette rencontre, qui montre que nos réseaux fonctionnent. Ensuite en raison de leur diversité : Mission ouvrière, Catho de Paris, Secours catholique, Mission de France, réseau du Ceras ou des Fils de la Charité… Ce n’est pas rien de croiser tout ce monde-là, hommes et femmes engagés dans les banlieues, en continuité avec la dernière rencontre de « Chrétiens, acteurs en banlieue », il y a quatre ans. Il est important aussi de relever que ces mêmes personnes ont souvent des responsabilités pastorales dans l’Église catholique : ils vivent ou agissent dans les banlieues mais ils sont aussi membres des équipes d’animation paroissiale, de mouvements, de services diocésains. Ils insufflent une vraie dynamique ecclésiale d’engagement dans les quartiers. Un regret : la physionomie de l’assemblée présente le 30 septembre ne reflète pas celle des communautés locales, bien plus colorée. Il faut retravailler cette question, la prendre à bras-le-corps. Quelle place faisons-nous à des chrétiens dont les familles sont venues d’ailleurs, qui ont exercé des responsabilités pastorales dans leurs Églises locales, et dont les compétences et les savoirs peuvent se croiser avec les nôtres ? Cette interrogation est aussi celle des partis politiques, des municipalités ou de la représentation nationale. L’Église pourrait être inventive en la matière et ouvrir des pistes.

Quelle lecture faites-vous de la situation des banlieues, un an après la crise?

Il n’y pas eu de changement significatif. Les associations sont en attente de financements qui n’arrivent pas. Beaucoup de personnes remuent ciel et terre pour agir dans le cadre associatif mais rien ne bouge à un niveau plus large. Nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles émeutes.

« Rien ne bouge à un niveau plus large » : comment faire, selon vous, pour que s’opère l’indispensable passage au politique?

Les élus locaux sont très présents, mais les autres ? Qui a-t-on entendu pendant la crise, hormis les ministres concernés ? Quelles analyses de la situation font les partis, quel est leur programme ? Les politiques ne se sont pas saisis de la question. Or il faudrait que toute la nation se mobilise, que nous mettions en œuvre « un plan Marshall pour les banlieues ». Le budget de la politique de la ville reste dérisoire si on le compare à d’autres postes, celui de la défense nationale par exemple. Que voulons-nous vraiment ? Actuellement, on démolit des barres, mais rien ne change pour les habitants. Il y a une forme d’abandon.


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