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Lors des violences qui viennent d’ensanglanter Mumbai et le Proche Orient, le mot « terrorisme » a été abondamment utilisé. Le plus souvent à bon escient. Des commentateurs pourtant, ont repris un refrain éculé : ce mot serait impossible à définir, le « terroriste » de l’un étant toujours le « résistant » d’un autre.
Ce scepticisme n’est pas de mise. Si l’on accepte de mettre de côté les sympathies ou antipathies que l’on éprouve pour tel ou tel camp dans un conflit, rien n’empêche de caractériser le terrorisme comme une forme de violence très spécifique, à laquelle recourent aussi bien des groupes irréguliers que des Etats. Il suffit de s’attacher, non pas aux acteurs ou à leurs motivations, mais à la nature des actes commis. Le consensus peut alors se faire sur une formulation comme celle de la Convention sur la répression du financement du terrorisme, adoptée le 8 décembre 1999 : est terroriste « tout acte destiné à tuer ou blesser gravement un civil, ou autre personne qui ne participe pas directement aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, par sa nature ou son contexte, cet acte vise à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou s’abstenir d’accomplir un acte quelconque ». Une définition, certes, n’épuise pas le sujet 1; mais c’est un préalable pour en débattre.
1 / Voir Christian Mellon, « Face au terrorisme », Etudes (novembre 2005). Pour une réflexion approfondie, notamment sur l’argumentaire éthique fondant une radicale condamnation de tout acte terroriste (même accompli pour une «cause » paraissant « juste » - cf. Tchétchénie), voir Terrorisme, condamner, expliquer, résister, document réalisé en mars 2005 par Justice et Paix-France, ((justice. paix@ wanadoo. fr).