Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le succès de la cinquième édition du Forum social mondial, qui s’est tenu à Porto Alegre du 26 au 31 janvier, marque à la fois un sommet et une invitation à changer la formule. Un sommet si l’on considère la participation (110 000 à Mumbai en 2004; 155 000 cette année), l’élargissement (135 pays représentés), le nombre et la diversité des propositions (2 300). La qualité aussi était au rendez-vous. Malgré la bruyante visibilité de quelques groupes très minoritaires qui se satisfont de slogans et de dénonciations, un travail sérieux s’est effectué : lancement ou coordination de campagnes ciblées (sur les objectifs du millénaire, pour un traité régulant le commerce des armes, sur les trafics d’êtres humains, sur la dette, etc.), mise en réseau d’initiatives proches, échanges d’idées, etc. Certes, la rhétorique a parfois remplacé l’argumentation. Les conditions matérielles ne se prêtaient guère au débat. Si le FSM est utile pour communiquer et échanger des informations, constituer ou renforcer des réseaux en vue d’actions communes, il ne peut être un lieu où s’élaborent des idées nouvelles.
Tous, à commencer par les organisateurs, perçoivent que la formule actuelle a atteint ses limites et qu’il faut la renouveler. Les décisions annoncées pour 2006 et 2007 ne déterminent rien, mais laissent du temps pour réfléchir : en 2006, seront proposés des forums décentralisés dans 5 ou 6 pays (dont le Maroc) ; en 2007, ce sera de nouveau un grand Forum mondial, dans un pays d’Afrique à déterminer.
Christian Mellon
Les propositions du FSM 2005 sont sur hhttp:// www. memoria-viva. org