Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Dans les pays arabes comme en France, la condition des femmes musulmanes cristallise de nombreux enjeux. Certains n’y sont liés qu’indirectement mais, faute de pouvoir s’exprimer ailleurs, investissent ce lieu, rendant les débats plus passionnels : confrontation entre religion et modernité ; fracture sociale et intégration républicaine ; différence des sexes et pratiques politiques… Lucette Valensi expose ces enjeux avec la simplicité acquise dans son ample expérience de chercheuse.
Son propos traduit « un optimisme circonspect » : la modernisation de fait qui s’impose finalement, concédée ou relayée par les autorités politiques, n’équivaut pas, de manière immédiate, à un choix de la modernité. Résignation à l’inéluctable plus que décision consciente d’une société ? On a beaucoup insisté sur le rôle de Mohammed VI pour imposer la réforme du code marocain de la famille : si son autorité s’est avérée nécessaire, le « fait du prince » garantit-il que la loi informera peu à peu les mentalités et s’inscrira dans le quotidien des Marocains ? La relation du « printemps de l’égalité » des femmes marocaines, par Leïla Rhiwi, insiste au contraire sur le mouvement qui a porté ce projet et sur les nouvelles formes d’intervention politique qu’il a inventées.
Dans la même période, la société française s’est passionnée pour le débat du voile. L’Etat l’a finalement clos par une disposition législative. Il y a cependant urgence à se saisir politiquement de la question : ne pas prétendre la régler mais la supporter en revenant aux choix qu’elle impose.