Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Cet été, comme tous les deux ans depuis 1996, s’est tenue à Aix-en-Provence la cinquième édition de la session « la politique une bonne nouvelle». Comme participante à l’animation des premiers pas de cette formation, puis comme responsable de la branche aînée des Scouts de France pendant quatre ans, j’ai été amenée à agir dans le domaine d’une proposition de la foi articulée avec une proposition du politique, en direction de ceux et celles que je préfère appeler « adultes débutants» que grands adolescents, post adolescents, jeunes adultes ou autres « adulescents ». Et je voudrais réfléchir ici à une hypothèse : il émerge aujourd’hui un attrait neuf pour des propositions politiques et sociales de rupture. La parole échangée dans l’Eglise peut rejoindre cet attrait, le reconnaître et lui permettre de rencontrer la radicalité évangélique.
Des ambitions qui ont présidé à l’élaboration du programme de « la politique une bonne nouvelle », j’en retiendrai trois. La première, comme l’annonce le titre de la session, est de valoriser fermement le politique dans ce qu’il a de spécifique en posant les fondements, en particulier philosophiques et théologiques, de ce parti pris. Une deuxième ambition est de permettre à chacun d’articuler avec justesse son intelligence de la foi chrétienne et son rapport au politique. Il faut voir là une sorte de pré-requis à l’engagement nécessaire des chrétiens dans le champ de la société, et surtout dans le champ spécifiquement politique. Enfin, dernière ambition, celle de justifier et de stimuler la diversité des opinions politiques et leur confrontation éventuellement contradictoire. Ce en s’appuyant sur une éthique du débat démocratique mais aussi sur la reconnaissance par l’Eglise catholique du bien-fondé du pluralisme politique, pour ses membres et pour la société tout entière.
Ces ambitions, que l’on retrouve dans le programme de « la politique, une bonne nouvelle », doivent-elles demeurer prioritaires dans une démarche de formation politique proposée à des catholiques de 20 à 35 ans ? Si je pose la question, ce n’est pas pour mieux répondre ensuite par la négative, car je trouve ces « fondamentaux » toujours très pertinents. Pour preuve la surprise de certains en découvrant la vigueur des appels lancés par Lumen Gentium ou encore la lettre au cardinal Roy. Mais s’interroger en termes de priorités oblige à regarder ce qui bouge plus que ce qui perdure. Or depuis 1996, ça bouge chez les moins de 35 ans ! Et là où « ça bouge », là trouvent écho, entre autres choses, des postures souvent radicales.
Attac bien sûr, est emblématique de ces mouvements : pour la première fois depuis la rentrée dans le rang de la génération de 68, une organisation porteuse d’un projet de changement de la société rencontre un succès certain parmi les étudiants français. Emblématique oui, mais pas fédératrice. Du réseau étudiant Animafac au Mrjc en passant par les six associations de la Fédération du scoutisme français, divers lieux associatifs ou ecclésiaux investis par les moins de 35 ans développent des actions et travaillent des thématiques qui croisent celle de la nébuleuse alter-mondialiste : actions pour la paix, relations interculturelles, commerce équitable, droits de l’homme, discours anti-publicité, défense de l’environnement... Certains diront que le paradigme altermondialiste est l’auberge espagnole d’un militantisme d’arrière-garde. Il a en tout cas le mérite de permettre de re-scénariser les représentations politiques en termes de défis à relever, de combats à mener : en terme d’urgence et non d’une « gestion » politique dans laquelle seuls des professionnels qui maîtrisent la complexité peuvent agir et trouver leur compte. Pour certains parmi les jeunes générations, cet horizon de rupture joue comme une possibilité de « ré-enchantement du monde ». Comment les accompagner, leur donner des outils pour que cette impulsion s’incarne dans des engagements et dans une action ? Comment leur permettre un apprentissage d’une lecture du monde et de ses dynamiques au regard des appels évangéliques ? Comment les inviter à connecter ce travail sur le champ spécifiquement politique ? Voici quelques questions qui, parmi d’autres, méritent d’être réfléchies pour l’avenir de propositions telles que « la politique une bonne nouvelle ».
Enfin, d’un point de vue chrétien qui valorise le sujet, dans le contexte d’hyper individualisation des trajectoires sociales, éviter de s’échouer dans un « idéologisme » peu constructif à long terme pour les « adultes débutants » suppose une prise en compte de la dimension personnelle. Où et avec qui est il possible de servir ce monde, pour donner chercher, trouver et construire du sens au-delà de l’entre-soi trop étroit de certains jeunes chrétiens ? A quelles conditions ces néo-militantismes qui émergent peuvent-ils être positivement intégrateurs et socialisant ? C’est un défi : répondre aux appels à une transformation radicale des mécanismes et des mentalités contemporaines. Le faire en offrant aux plus jeunes les moyens de fonder une identité personnelle « multipolaire », pour grandir en humanité, et durer dans cette croissance.
Cet été, comme tous les deux ans depuis 1996, s’est tenue à Aix-en-Provence la cinquième édition de la session « la politique une bonne nouvelle». Comme participante à l’animation des premiers pas de cette formation, puis comme responsable de la branche aînée des Scouts de France pendant quatre ans, j’ai été amenée à agir dans le domaine d’une proposition de la foi articulée avec une proposition du politique, en direction de ceux et celles que je préfère appeler « adultes débutants» que grands adolescents, post adolescents, jeunes adultes ou autres « adulescents ». Et je voudrais réfléchir ici à une hypothèse : il émerge aujourd’hui un attrait neuf pour des propositions politiques et sociales de rupture. La parole échangée dans l’Eglise peut rejoindre cet attrait, le reconnaître et lui permettre de rencontrer la radicalité évangélique.
Des ambitions qui ont présidé à l’élaboration du programme de « la politique une bonne nouvelle », j’en retiendrai trois. La première, comme l’annonce le titre de la session, est de valoriser fermement le politique dans ce qu’il a de spécifique en posant les fondements, en particulier philosophiques et théologiques, de ce parti pris. Une deuxième ambition est de permettre à chacun d’articuler avec justesse son intelligence de la foi chrétienne et son rapport au politique. Il faut voir là une sorte de pré-requis à l’engagement nécessaire des chrétiens dans le champ de la société, et surtout dans le champ spécifiquement politique. Enfin, dernière ambition, celle de justifier et de stimuler la diversité des opinions politiques et leur confrontation éventuellement contradictoire. Ce en s’appuyant sur une éthique du débat démocratique mais aussi sur la reconnaissance par l’Eglise catholique du bien-fondé du pluralisme politique, pour ses membres et pour la société tout entière.
Ces ambitions, que l’on retrouve dans le programme de « la politique, une bonne nouvelle », doivent-elles demeurer prioritaires dans une démarche de formation politique proposée à des catholiques de 20 à 35 ans ? Si je pose la question, ce n’est pas pour mieux répondre ensuite par la négative, car je trouve ces « fondamentaux » toujours très pertinents. Pour preuve la surprise de certains en découvrant la vigueur des appels lancés par Lumen Gentium ou encore la lettre au cardinal Roy. Mais s’interroger en termes de priorités oblige à regarder ce qui bouge plus que ce qui perdure. Or depuis 1996, ça bouge chez les moins de 35 ans ! Et là où « ça bouge », là trouvent écho, entre autres choses, des postures souvent radicales.
Attac bien sûr, est emblématique de ces mouvements : pour la première fois depuis la rentrée dans le rang de la génération de 68, une organisation porteuse d’un projet de changement de la société rencontre un succès certain parmi les étudiants français. Emblématique oui, mais pas fédératrice. Du réseau étudiant Animafac au Mrjc en passant par les six associations de la Fédération du scoutisme français, divers lieux associatifs ou ecclésiaux investis par les moins de 35 ans développent des actions et travaillent des thématiques qui croisent celle de la nébuleuse alter-mondialiste : actions pour la paix, relations interculturelles, commerce équitable, droits de l’homme, discours anti-publicité, défense de l’environnement... Certains diront que le paradigme altermondialiste est l’auberge espagnole d’un militantisme d’arrière-garde. Il a en tout cas le mérite de permettre de re-scénariser les représentations politiques en termes de défis à relever, de combats à mener : en terme d’urgence et non d’une « gestion » politique dans laquelle seuls des professionnels qui maîtrisent la complexité peuvent agir et trouver leur compte. Pour certains parmi les jeunes générations, cet horizon de rupture joue comme une possibilité de « ré-enchantement du monde ». Comment les accompagner, leur donner des outils pour que cette impulsion s’incarne dans des engagements et dans une action ? Comment leur permettre un apprentissage d’une lecture du monde et de ses dynamiques au regard des appels évangéliques ? Comment les inviter à connecter ce travail sur le champ spécifiquement politique ? Voici quelques questions qui, parmi d’autres, méritent d’être réfléchies pour l’avenir de propositions telles que « la politique une bonne nouvelle ».
Enfin, d’un point de vue chrétien qui valorise le sujet, dans le contexte d’hyper individualisation des trajectoires sociales, éviter de s’échouer dans un « idéologisme » peu constructif à long terme pour les « adultes débutants » suppose une prise en compte de la dimension personnelle. Où et avec qui est il possible de servir ce monde, pour donner chercher, trouver et construire du sens au-delà de l’entre-soi trop étroit de certains jeunes chrétiens ? A quelles conditions ces néo-militantismes qui émergent peuvent-ils être positivement intégrateurs et socialisant ? C’est un défi : répondre aux appels à une transformation radicale des mécanismes et des mentalités contemporaines. Le faire en offrant aux plus jeunes les moyens de fonder une identité personnelle « multipolaire », pour grandir en humanité, et durer dans cette croissance.
Cet été, comme tous les deux ans depuis 1996, s’est tenue à Aix-en-Provence la cinquième édition de la session « la politique une bonne nouvelle». Comme participante à l’animation des premiers pas de cette formation, puis comme responsable de la branche aînée des Scouts de France pendant quatre ans, j’ai été amenée à agir dans le domaine d’une proposition de la foi articulée avec une proposition du politique, en direction de ceux et celles que je préfère appeler « adultes débutants» que grands adolescents, post adolescents, jeunes adultes ou autres « adulescents ». Et je voudrais réfléchir ici à une hypothèse : il émerge aujourd’hui un attrait neuf pour des propositions politiques et sociales de rupture. La parole échangée dans l’Eglise peut rejoindre cet attrait, le reconnaître et lui permettre de rencontrer la radicalité évangélique.
Des ambitions qui ont présidé à l’élaboration du programme de « la politique une bonne nouvelle », j’en retiendrai trois. La première, comme l’annonce le titre de la session, est de valoriser fermement le politique dans ce qu’il a de spécifique en posant les fondements, en particulier philosophiques et théologiques, de ce parti pris. Une deuxième ambition est de permettre à chacun d’articuler avec justesse son intelligence de la foi chrétienne et son rapport au politique. Il faut voir là une sorte de pré-requis à l’engagement nécessaire des chrétiens dans le champ de la société, et surtout dans le champ spécifiquement politique. Enfin, dernière ambition, celle de justifier et de stimuler la diversité des opinions politiques et leur confrontation éventuellement contradictoire. Ce en s’appuyant sur une éthique du débat démocratique mais aussi sur la reconnaissance par l’Eglise catholique du bien-fondé du pluralisme politique, pour ses membres et pour la société tout entière.
Ces ambitions, que l’on retrouve dans le programme de « la politique, une bonne nouvelle », doivent-elles demeurer prioritaires dans une démarche de formation politique proposée à des catholiques de 20 à 35 ans ? Si je pose la question, ce n’est pas pour mieux répondre ensuite par la négative, car je trouve ces « fondamentaux » toujours très pertinents. Pour preuve la surprise de certains en découvrant la vigueur des appels lancés par Lumen Gentium ou encore la lettre au cardinal Roy. Mais s’interroger en termes de priorités oblige à regarder ce qui bouge plus que ce qui perdure. Or depuis 1996, ça bouge chez les moins de 35 ans ! Et là où « ça bouge », là trouvent écho, entre autres choses, des postures souvent radicales.
Attac bien sûr, est emblématique de ces mouvements : pour la première fois depuis la rentrée dans le rang de la génération de 68, une organisation porteuse d’un projet de changement de la société rencontre un succès certain parmi les étudiants français. Emblématique oui, mais pas fédératrice. Du réseau étudiant Animafac au Mrjc en passant par les six associations de la Fédération du scoutisme français, divers lieux associatifs ou ecclésiaux investis par les moins de 35 ans développent des actions et travaillent des thématiques qui croisent celle de la nébuleuse alter-mondialiste : actions pour la paix, relations interculturelles, commerce équitable, droits de l’homme, discours anti-publicité, défense de l’environnement... Certains diront que le paradigme altermondialiste est l’auberge espagnole d’un militantisme d’arrière-garde. Il a en tout cas le mérite de permettre de re-scénariser les représentations politiques en termes de défis à relever, de combats à mener : en terme d’urgence et non d’une « gestion » politique dans laquelle seuls des professionnels qui maîtrisent la complexité peuvent agir et trouver leur compte. Pour certains parmi les jeunes générations, cet horizon de rupture joue comme une possibilité de « ré-enchantement du monde ». Comment les accompagner, leur donner des outils pour que cette impulsion s’incarne dans des engagements et dans une action ? Comment leur permettre un apprentissage d’une lecture du monde et de ses dynamiques au regard des appels évangéliques ? Comment les inviter à connecter ce travail sur le champ spécifiquement politique ? Voici quelques questions qui, parmi d’autres, méritent d’être réfléchies pour l’avenir de propositions telles que « la politique une bonne nouvelle ».
Enfin, d’un point de vue chrétien qui valorise le sujet, dans le contexte d’hyper individualisation des trajectoires sociales, éviter de s’échouer dans un « idéologisme » peu constructif à long terme pour les « adultes débutants » suppose une prise en compte de la dimension personnelle. Où et avec qui est il possible de servir ce monde, pour donner chercher, trouver et construire du sens au-delà de l’entre-soi trop étroit de certains jeunes chrétiens ? A quelles conditions ces néo-militantismes qui émergent peuvent-ils être positivement intégrateurs et socialisant ? C’est un défi : répondre aux appels à une transformation radicale des mécanismes et des mentalités contemporaines. Le faire en offrant aux plus jeunes les moyens de fonder une identité personnelle « multipolaire », pour grandir en humanité, et durer dans cette croissance.