Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
La remontée du chômage se poursuit. Signe d’une crise qui n’est pas que conjoncturelle, d’une fragilité face aux secousses économiques. Il frappe durement notre pays ainsi que plusieurs de ses voisins. Les plus vulnérables sont aujourd’hui les plus jeunes, les moins de vingt-cinq ans et les femmes. Il faut maintenant en reparler.
Le sujet ne va pas de soi. Dans l’intimité d’une famille, quand un des parents perd son emploi, des liens vitaux, affectifs, se trouvent fragilisés. Parfois, le cercle du silence se forme. Les relations s’estompent, dans la gêne. On ne sait plus comment communiquer, avec qui... On entre dans la spirale d’un isolement destructeur.
Car cette insécurité, personne ne peut la porter seul. On connaît certes les rationalisations, notamment chez les jeunes, qui permettent de supporter un temps la précarité. « Je préfère accumuler les expériences professionnelles différentes ». Mais il faut se méfier des masques qui cachent une solitude.
Plus profonde et structurelle, cette violence, fût-elle subie ou assumée par les individus, résonne dans la vie sociale. Combien de villes, de quartiers, meurtris par l’inactivité ? Combien d’autres pour ainsi dire protégés ?
Les insécurités urbaines, relevées dans le dossier de ce numéro, appellent aussi une politique de l’emploi.
Le retour attendu ou espéré de la croissance ne suffira sans doute pas à dynamiser le marché de l’emploi. Comment donner confiance, permettre aux entreprises, aux associations, de se risquer à l’embauche ?
Ne faut-il pas allier perspectives françaises et européennes ? Nous y reviendrons dans le prochain numéro.