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Itinéraire : Patrick Braouezec


Patrick Braouezec était maire de Saint-Denis juin 1991 à décembre 2004, ancienne ville industrielle aux portes de Paris.

Projet - Comment êtes-vous entré en politique ?

Patrick Braouezec - J’appartiens à une famille qui ne faisait pas de politique. Mais j’ai découvert très tôt la politique en m’engageant au moment de mai 68. J’étais à l’époque en 1ère, à l’école normale d’instituteurs d’Auteuil où l’on entrait sur concours après la 3ème. On y trouvait toute la palette des organisations de gauche – des groupuscules anarchistes à la Jeunesse communiste – et, pour la petite histoire, j’ai été membre pendant trois jours de la fédération des étudiants révolutionnaires : le ministre de l’Intérieur, R. Marcellin, a dissout l’association trois jours après mon adhésion ! Mon apprentissage politique s’est donc fait dans ce milieu étudiant, avec une volonté précoce d’entrer dans un projet collectif. Ma première affectation, en 1971, fut un poste d’instituteur à Saint-Denis. J’y ai retrouvé un enseignant que j’avais connu à l’école normale, et qui appartenait au PC. Ensemble, nous avons eu des débats très vifs, pendant plusieurs mois. Il a fini par me convaincre de participer avec lui, à Berlin-Est, à un symposium sur les questions scolaires. J’étais réservé sur la manière dont les communistes vivaient le rapport entre le projet collectif et le respect de l’individu... Ce que j’ai vu en RDA m’a rassuré sur le niveau de culture générale moyen des gens et surtout sur la qualité de la formation des enseignants. En outre, j’avoue que, pendant ces dix jours, je n’ai pas pu voir la réalité des libertés bafouées dans la vie quotidienne. C’est à mon retour, en mai 1972, que j’ai décidé d’adhérer au Parti communiste français, dans la section de Saint-Denis. En réalité, dans cette période, je militais surtout au Syndicat national des instituteurs (Fen) et à la Confédération nationale du logement, mais aussi avec des jeunes dans le comité de quartier. Ceci a duré jusqu’en 1977, où me furent confiées des responsabilités dans le domaine culturel à la section du PCF de Saint-Denis et la militance politique a pris le dessus. Je suis toujours très fier des initiatives que nous avons pu prendre et qui étaient difficiles à organiser, comme une rencontre entre les ouvriers de Citroën et Jean-Claude Casadesus, par exemple. En 1983, j’ai été élu conseiller municipal, bien que, au départ, mon nom n’avait pas été proposé par le parti communiste pour figurer sur sa liste. Marcelin Berthelot m’a demandé de présider le groupe communiste au sein du Conseil municipal. En cours de mandat, un maire adjoint a souhaité prendre sa retraite, et je l’ai remplacé (en 1987) avec la responsabilité des questions de logement. En 1989, l’équipe municipale a été réélue, et je suis devenu maire adjoint chargé et du logement et de la culture !

Des rapports difficiles avec le Parti

Dès 1989, le maire de Saint-Denis, Marcelin Berthelot a décidé de passer la main, et il souhaitait me voir prendre sa relève. Un tel choix ne fut pas simple à faire accepter : depuis plusieurs années, en effet, l’équipe municipale avait entamé un bras de fer avec la fédération et la direction nationale du Parti, notamment à propos des rapports avec les « Partis frères » (nous avions critiqué, en 1984, le départ du gouvernement des ministres communistes et, en 85-86, les réactions du Parti devant les événements de Roumanie, puis de RDA). Une autre candidature était jugée préférable par la place du colonel Fabien, celle du premier adjoint aussi âgé que le maire sortant... Les membres de l’équipe municipale étaient jugés quasiment comme des « socio-traîtres » et des renégats à l’intérieur de leurs propres sections. Mais les choses se sont finalement réglées dans le sens que souhaitait le maire sortant, et j’ai été élu ensuite député en 1993, sans que ma candidature ne pose de problème ; tout semblait s’être apaisé... Les choses se sont à nouveau compliquées à l’occasion des élections cantonales de 1994 : le conseiller général, Maurice Soucheyre, ne voulait pas se représenter, et j’ai proposé la candidature de Didier Paillard à la Fédération. Sans s’y opposer clairement, la Fédération a mis en avant, de son côté, le nom du premier secrétaire de section... Si celui-ci s’est assez vite retiré, jugeant superflu d’attiser un conflit, la Fédération a « ressorti » Maurice Soucheyre et il y a eu deux candidats communistes aux cantonales. Didier Paillard a été élu au 2e tour... Ce bras de fer, le plus dur que j’aie pu connaître au sein du Parti, a finalement permis que la page soit tournée.

Projet - Etait-ce un problème d’hommes et de générations, ou le signe d’une question plus importante derrière ces querelles « de clocher » ?

Patrick Braouezec - Non, ce n’était pas un problème de générations ! Les divergences de fond étaient réelles, qui tournaient autour de trois thèmes. Tout d’abord, il fallait en finir avec les relations fusionnelles entre le Parti et le pouvoir local : la municipalité n’était pas le Parti. Le second point de divergence portait sur le schéma de pensée terriblement manichéen – et dépassé à nos yeux – qui faisait considérer le petit patronat local comme un « ennemi de classe ». Nous pensions que pour transformer la société, il importait d’y associer le plus de gens possible. Enfin, le dernier point concernait notre relation avec la population et non pas seulement avec « l’avant-garde » du Parti. Prise particulièrement à témoin des enjeux à cette occasion, la population est restée notre interlocuteur : les comités locaux de soutien ont continué de fonctionner après les élections pour poursuivre les échanges avec les élus.

Après cette dernière crise, la vie locale a repris : l’équipe municipale a été réélue en 1995 et j’ai moi-même été renouvelé dans mon mandat de député en 1997. Voilà pour le parcours politique !

Projet - Indépendamment de ce qui s’est passé à Saint-Denis, le problème ne se pose-t-il pas finalement dans bien des villes, d’une articulation plus complexe entre la légitimité des élus, la structure partisane et la base militante ?

Patrick Braouezec - Oui cette articulation se complexifie, mais cela me semble très sain ! Auparavant, ces relations relevaient du fusionnel et du mélange des genres. Je connais des villes où le secrétaire de section du parti au pouvoir (PC, PS ou RPR d’ailleurs) est l’homme le plus puissant : est-ce vraiment normal ? Il faudrait qu’une équipe municipale bénéficie toujours de regards différents, y compris venant de la société civile ; il faudrait que les militants fassent vivre les partis ; et il faudrait enfin que les structures partisanes accomplissent pleinement leur travail de construction d’idées pour dégager des pistes de réflexion à donner à la société au lieu de se réduire à n’être que des machines électorales.

Si, aujourd’hui, les appareils municipaux jouent assez bien leur rôle, il est vrai que les militants de base s’interrogent beaucoup et qu’ils manquent d’une aide à la réflexion de la part des partis. On n’a pas encore trouvé la bonne articulation entre le domaine des idées et de la production idéologique, d’une part, et le domaine électoral, de l’autre. Je crains fort que l’on entre, en ce moment, dans une période de consensus mou, de service minimum politique, où toutes les aspérités idéologiques sont gommées.

Démarches et initiatives

Projet - Revenons-en au local, en particulier aux enjeux dans les quartiers ? Est-on dans un face à face municipalité/habitants ? Quelles initiatives avez-vous lancées pour favoriser l’articulation souhaitable entre ces divers partenaires pour bien vivre ensemble ?

Patrick Braouezec - Notre souci est double : d’abord d’information et de pédagogie, ensuite d’aide à la décision. Nous avons besoin de confronter nos propositions aux réactions des citoyens qui auront, ensuite, à vivre avec les équipements que nous proposons, par exemple. Mais ceci ne passe pas simplement par un effort de communication, il faut une écoute particulière ; sinon, il n’y aurait pas besoin d’élus, des techniciens suffiraient. L’intelligence des élus est d’intégrer à un projet politique clair des modifications souhaitées par les habitants, mais sans que celui-ci perde pour autant son objectif premier. Pour prendre un exemple précis, le département de la Seine-Saint-Denis élabore un projet de désectorisation de l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard. Le meilleur terrain envisageable se trouvait dans notre ville. Lors de la présentation du projet, près de la moitié de la population s’est montrée d’abord violemment hostile, pour diverses raisons. Pourtant, il existait un réel besoin, et nous avons argumenté pour nous expliquer face à tous les opposants. Finalement, après de longues discussions, où la municipalité est restée ferme sur le principe de l’implantation, les suggestions des habitants ont permis d’apporter de nombreuses améliorations au projet : par rapport à l’environnement, à l’école primaire située juste à côté, etc. Nous avons rencontré le même genre de problème quand on nous a proposé d’ouvrir un hôpital de jour pour autistes ; une démarche longue et complexe a permis une meilleure compréhension du projet.

Projet - En quoi consistent les « démarches quartiers » qui sont mises en oeuvre à Saint-Denis ? A quoi servent-elles ? Sont-elles des initiatives des habitants ?

Patrick Braouezec - Il y a, en effet, à Saint-Denis douze « démarches quartiers » : la première fut mise en place en 1989 dans la cité des Cosmonautes pour répondre à une forte demande d’avoir un lieu de vie sociale. Cette démarche a suscité une vraie dynamique locale. Six autres ont été mises en route avant 1995 ; mais elles ne représentaient encore qu’une partie de la ville. On a pu observer que l’influence du Front national continuait de croître là où elles n’existaient pas. Le constat s’est confirmé à l’occasion des élections municipales de 1995. Nous avons donc poursuivi l’idée en découpant la ville en douze quartiers (il en faudrait quinze à l’avenir !). Certaines « démarches quartier » se réunissent tous les mois, d’autres moins souvent, certaines à l’initiative des habitants et d’autres à l’initiative de la municipalité. Ce sont des lieux ouverts à tous, sans hiérarchisation : les associations y viennent mais n’y ont pas le pouvoir. Il ne s’agit pas non plus de réunions du conseil municipal délocalisées ! On peut y régler des questions importantes touchant à la vie quotidienne (nuisances, etc.), aussi bien qu’organiser des fêtes, soutenir des propositions pour faire sortir les habitants : en septembre 2000, une démarche quartier a tout simplement organisé une visite du Louvre...

Il y a bien d’autres initiatives possibles, comme, chaque année, les rencontres « bonjour voisin » : nous allons, cette année, y mettre en débat le budget, afin que sa préparation devienne plus participative, avec l’idée même qu’une partie de ce budget soit confiée aux « démarches quartiers » et que les citoyens apprennent ainsi à gérer eux-mêmes certains de leurs problèmes. Chaque semaine, pendant les beaux jours, l’équipe municipale se rend, par ailleurs, dans un quartier. Sa visite commence, à partir de 15 heures (dans un équipement municipal quelconque), pour mieux prendre conscience des problèmes concrets, des dysfonctionnements éventuels. A 16 heures, rendez-vous avec les mères de famille (quelques pères aussi) à la sortie des écoles, etc. Tout ceci est à la fois l’occasion d’une plus large prise de parole par les habitants et d’une meilleure réactivité de la municipalité... Naturellement, il existe des rencontres thématiques, à intervalles plus ou moins réguliers, sur des points précis : le logement, les jeunes, les déplacements urbains, la sécurité, etc.

Projet - Que recherchez-vous à travers ces démarches ? S’agit-il de développer une démocratie participative ? Comment éviter que celle-ci ne se réduise pas seulement à une démocratie de plaignants ? N’est-il pas difficile de mobiliser les habitants pour soutenir des projets constructifs ?

Patrick Braouezec - Certes, c’est tout cela, et c’est un outil indispensable à la démocratie représentative. Comment se satisfaire, aujourd’hui, du seul rythme des élections ? La construction des projets doit être en permanence assurée en concertation avec les habitants. Les gens sont naturellement portés à la revendication et à la protestation ; leurs plaintes sont d’ailleurs canalisées par la « démarche quartier ». Mais, lorsque au dernier forum annuel des « démarches quartiers », qui s’est déroulé à La Plaine, chaque « démarche » a désigné un intervenant pour raconter les initiatives de l’année, on est allé beaucoup plus loin que la plainte... Je sais bien que nous ne sommes pas à l’abri de problèmes graves. Il faut savoir se déplacer pour les régler, comme cela s’est passé avec les squats de la cité des Francs-moisins en mai 1999. Il y a comme une sorte de jeu dialectique entre les réactions des individus (parfois viscérales) et le projet politique qui sous-tend notre action. Mais je tiens à continuer à faire vivre ces rencontres avec la population : elles représentent un lieu de ressource ! J’y apprends moi-même beaucoup. Les habitants sont étonnants par leur capacité à « bien penser » politiquement, à réfléchir ! Notre responsabilité, à nous élus, est de les mettre en situation de penser. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne crois pas beaucoup aux sondages d’opinion : on ne pense pas lorsqu’on est « sondé »...

Projet - Quelle est la place du vote dans cette démocratie participative ? Dans une ville comme Saint-Denis, une grande part de la population est étrangère et ne vote donc pas. Comment juger de la valeur des élections ?

Patrick Braouezec - Un de mes grands soucis est l’articulation entre les deux types de démocratie, participative et représentative. Premier principe : participer n’a jamais été obligatoire et cela peut se faire sous des formes très diverses. Certains ne viennent jamais à nos rencontres et sont pourtant très parties prenantes de la vie de la ville, parce qu’ils sont responsables d’une activité ou d’une association sportive, etc. D’autres sont surtout des « consommateurs » (consommateurs d’école, de fêtes, d’autre chose encore)... L’important est qu’ils perçoivent ce que font les autres et qu’ils s’y retrouvent. Il y a, enfin, des individus qui participent en beaucoup de lieux mais qui pour autant ne se déplacent pas pour voter ; c’est aussi leur liberté. Le vrai problème, dans une ville comme Saint-Denis, est que les étrangers forment au moins 30 % de la population (chiffres du recensement de 1989). On leur demande d’être des citoyens à part entière sauf en période électorale où cela ne les concerne plus ! Je voudrais voir ce problème réglé au plus vite (ce ne sera pas avant 2002, je le sais bien). Pourtant, je n’ai pas souhaité créer de conseil « parallèle » d’étrangers. Il me semble, en effet, que cela reviendrait à les mettre encore « à part », que cela renforcerait l’aspect communautaire, tout en nous donnant bonne conscience. La société compartimente déjà beaucoup, sans que nous en rajoutions... D’ailleurs, les étrangers participent assez activement aux démarches quartiers. Celles-ci restent souples ; elles n’ont pas vocation à devenir des conseils élus, qui reproduiraient les clivages politiciens, ou des institutions artificielles dans l’institution municipale. C’est la même chose pour les jeunes : ils participent à un comité consultatif, mais il n’y a pas de conseil municipal de jeunes à Saint-Denis.

Faiblesse de la réflexion politique

Projet - Dans votre ville, quel rôle joue le Parti communiste pour susciter des idées ? Est-il encore porteur d’une utopie, ou est-il le gestionnaire d’un acquis ?

Patrick Braouezec - Il n’y a plus d’utopie ! Mais le constat n’est pas propre au Parti communiste ; je crois qu’il est commun à toutes les formations politiques : où sont les projets et les perspectives ? Mais il faut reconnaître tout d’abord que le PC n’a pas su prendre le tournant politique nécessaire au moment de ses deux entrées dans un gouvernement de gauche : il n’a pas su gérer le rapport Etat/parti, malgré une volonté légitime d’agir sur le terrain et de mettre en place un projet alternatif. D’où ce mouvement de balancier que nous connaissons entre une satisfaction affirmée face au bilan gouvernemental et des mouvements d’humeur et d’opposition porteurs d’éventuelles crises graves, comme en 1984. Il s’agit de la volonté de démontrer qu’on existe en tant que parti plutôt qu’un positionnement réel ! Un mouvement social demande des réponses politiques : les partis peuvent accompagner les revendications, mais ils doivent surtout proposer. Or le PC n’est plus porteur d’une utopie. Nous dépendons de plus en plus de ce que représente le Parti socialiste, et nous ne mobilisons plus les populations. A Saint-Denis, nous venons de vivre une période où nous avons perçu l’importance de faire des projets. Au moment de la décision d’implanter le stade de France dans notre ville, en 1993, des débats ont été organisés avec la population dans les différents quartiers. Sur le quartier Bel Air (de l’autre côté du canal par rapport au stade), alors que dans une réunion « bonjour voisin » en mai 1993, nous nous étions presque heurtés à deux cent personnes pour des problèmes que je qualifierai de mineurs (de voisinage, de crottes de chiens ou autres...), en retrouvant à peu près les mêmes personnes cinq mois plus tard à propos du stade, elles étaient sorties de leurs petits problèmes quotidiens pour s’approprier un événement : projetées dans l’espace (de l’autre côté du canal !) et dans le temps (cinq ans plus tard), elles s’interrogeaient sur les conséquences qu’allait entraîner la construction du stade en termes d’environnement et de circulation, d’emploi et de formation. Quand les questions quotidiennes s’articulent avec un projet collectif, les gens peuvent répondre présent et s’y associer. Aujourd’hui, nous sommes en panne de perspective : il n’y a plus rien vers quoi on puisse tendre, plus de grands objectifs, seulement des petites revendications partielles... L’accord de 1997 au sein de la gauche a été un accord minimal et nous sommes arrivés au bout. Il est urgent de travailler à un vrai projet politique alternatif pour 2002. En 1997, des gens sont retournés voter, qui ne l’avaient pas fait depuis longtemps ; ils portaient une grande espérance et ont été très déçus. Or le Parti communiste devrait jouer là un rôle particulier : nous sommes le seul parti à avoir à la fois l’expérience gouvernementale et une activité revendicative. L’élaboration souhaitable d’un projet alternatif n’est pas contradictoire avec une activité gouvernementale solidaire. Je ne souhaite pas que l’alternative à la gauche soit la droite extrême, et je ne souhaite pas non plus que ce soit un retour aux projets de la IIIe République. Oui, le Parti communiste a une tâche immense devant lui...

Projet - Quelles seraient les dimensions d’un projet politique alternatif ?

Patrick Braouezec - Il y aurait trois composantes incontournables à un tel projet.

La première est la question de l’argent et de son utilisation, du lien entre argent et travail : le travail devrait reprendre sa place, une place prépondérante par rapport au financier.

La seconde est la nécessité de rétablir l’ascendant du politique sur l’économique en général et le financier, en particulier. Troisième élément indispensable à un projet alternatif : la question de la démocratie. Quelle est l’articulation entre le projet collectif commun et les libertés individuelles ? Je suis très attaché à la fois au mot communiste et aux mots liberté et libéral : on doit conserver l’aspect privé du domaine privé, on doit renforcer les libertés individuelles et aller vers une plus grande responsabilisation des gens, au lieu de leur imposer des contraintes supplémentaires. Je suis assez effaré par les carcans de plus en plus étroits qui enlèvent du sens. Il faudrait ajouter une quatrième nécessité : celle de rompre radicalement les rapports actuels avec les pays du Sud pour en reconstruire d’autres. De nouvelles relations qui commencent par des choix significatifs comme l’abandon de la dette, l’aide à la construction et à la formation afin que les gens puissent rester dans leur pays en ayant de quoi y vivre...

Enfin, il importe que ce projet politique alternatif s’articule avec les « vrais gens », je veux dire avec les classes populaires, autrement dit pas seulement les salariés. Nous avons créé une véritable classe de précaires et de sans emploi. Il est de notre responsabilité idéologique de dire que les chômeurs sont des salariés sans emploi, au lieu d’en faire des gens à part... On essaie de faire croire que « ça va mal » parce que « il y a des gens qui vont mal ». Comme si les Sdf étaient responsables de leur propre situation. C’est, hélas, parce qu’ils ne font pas beau dans le paysage qu’on se soucie d’en diminuer le nombre ! En répondant à ces deux dernières conditions, comme aux trois composantes économico-politiques que j’ai relevées, nous aurions, en effet, un véritable projet alternatif.

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